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Ayoub Qanir « Le réalisateur est un coach de l'imaginaire »
Publié dans L'observateur du Maroc le 25 - 12 - 2014

Venu débattre autour de « l'imagination comme moyen de survie » lors de la 14e édition du Festival du Film International de Marrakech, le brillant réalisateur maroco-américain Ayoub Qanir a présenté pour la 1e fois au Maroc son nouveau court métrage : « Artificio Conceal ». Un thriller cérébral, original et psycho-analytique qui pose des questions existentielles, et qui traite du pouvoir de la mémoire et du choix de vie. Véritable prouesse technique, le film qui réunit des acteurs de renom comme David Bailie des «Pirates des Caraïbes» et Simon Amstrong de «Game of Thrones» a déjà fait un tabac à l'international, avant de séduire les cinéphiles et critiques du cinéma à Marrakech. « Pour moi, le cinéma est une gymnastique mentale pour le public, et le réalisateur est un ingénieur voire un coach de l'imaginaire qui a la charge d'entraîner l'audience pour l'aider à mieux assimiler l'histoire d'un film, aussi complexe soit-elle », nous confie le jeune réalisateur épris de profondeur et de science. A 31 ans, celui qu'on compare désormais à Christopher Nolan vient de signer avec une des plus grandes agences des Etats-Unis, pour l'adaptation d'«Artificio Conceal» en long métrage.
L'Observateur du Maroc : C'est la 1ère fois que vous animez un débat à Marrakech. Ça vous fait quoi ?
AYOUB QANIR : C'est un grand honneur, une immense appréciation. Ça fait plaisir qu'après tant d'années passées à l'étranger, je puisse revenir, à un moment stratégique pour le cinéma marocain qui converge avec le cinéma international. C'est une opportunité pour moi, surtout que je viens de terminer mon court métrage il y a 4 mois. Je remercie énormément les organisateurs qui m'ont invité et m'ont très bien accueilli. C'est une expérience qui me rend très humble.
Vous nous parlez de l'imagination comme moyen de survie. De quoi s'agit-il ?
C'est un sujet théorique, un peu philosophique et psycho-analytique. Assimilé à un ordinateur, le cerveau humain est comme un disc dur qui enregistre l'information. Ensuite, il va chercher de manière cyclique, des relations entre l'information qu'il stocke et entre des variables qui se ressemblent. Le film et l'information en général sont très similaires. L'histoire, c'est une relation, une connexion entre les personnages, entre les événements et les meilleures histoires, ce sont celles qui ouvrent des cercles et qui les referment parfaitement. Chaque événement qui prend place se connecte avec un personnage, qui se reconnecte avec l'histoire. Un très bon film a des connexions, mais dans ces connexions, il y a de l'info nouvelle. L'être humain toujours à la recherche d'info nouvelle, la cherche sous forme de connexions, mais comme il dispose d'espace réduit, il doit la compresser, et aujourd'hui, c'est le défi de la technologie qui a évolué au même titre que l'être humain. Finalement, l'histoire que le cerveau va mémoriser se résume aux points essentiels, un résumé entre le subconscient et le conscient. Et c'est la perception et l'expérience personnelle qui cherche la relation avec l'expérience externe, et c'est là où l'imagination opère. L'être humain a évolué de telle sorte qu'il perçoit et prévoit le futur. Dans son voyage vers le futur, il crée des scénarios, et a la possibilité de prendre la meilleure décision. On crée ces scénarios dans le futur et on en choisit un, ce qui nous convient le plus, parce qu'on va survivre le mieux.
Pourquoi ce sujet vous passionne t-il ?
Le concept que je propose dans « Artificio Conceal » stipule que le sens, en tant que librairie externe, a été crée par nous, et que l'être humain a toujours créé des histoires pour mieux comprendre l'univers et le système dans lequel il évolue. Avant, on croyait que la terre était plate et non ronde. Pour que l'audience comprenne, il faut partager sous forme d'histoire.
On vous qualifie souvent de réalisateur cérébral.
C'est un qualificatif qui me va parfaitement. Aujourd'hui, les films commerciaux (effets spéciaux, explosions, ...) sont souvent dépourvus de sens et l'histoire n'existe pas. L'objectif, c'est qu'avec la technologie, on peut faire des films intéressants avec moins de budget, et qu'on peut sortir sur itunes, apple tv, on n'est pas obligé de sortir le film au cinéma. Mon objectif, c'est de proposer de nouvelles idées. D'ailleurs, j'adore les réalisateurs qui ne suivent pas les standards internationaux. Le film « 21 grammes » est une pure merveille, car l'histoire est très émotionnelle et la manière dont elle a été traitée est magistrale. D'où la nécessité de l'imaginaire comme moyen de survivre et l'importance des films intéressants et compliqués. Le cinéma est une gymnastique mentale pour le public, et le réalisateur est un ingénieur voire un coach de l'imaginaire qui a la charge d'entraîner l'audience pour l'aider à mieux assimiler l'histoire d'un film, aussi complexe soit-elle.
N'est ce pas là un peu prétentieux de votre part ?
Non, d'ailleurs c'est très délicat pour un réalisateur de ne pas tomber dans le piège d'Hollywood, de ne pas se laisser broyer par cette immense usine qui ne produit que de grands films commerciaux vides. Les meilleurs films sont les films à message, même si au début, on ne les aime pas, avec le temps, on se rend compte que ce sont des classiques. Ce n'est pas grave si on ne comprend pas un film la 1ère fois, et ça c'est le défi d'un réalisateur. Le film « A Space Odyssey » de Stanley Kubrick a été une faillite à sa sortie, aujourd'hui, c'est devenu une référence en matière de films de sciences fiction, il a d'ailleurs inspiré les réalisateurs d'Aliens, Interstellar,... Artificio Conceal n'est pas une oeuvre élitiste, c'est un film qui attire par sa musique, ses personnages sont à la fois charmants et profonds, les voitures sont sexy et cools, l'architecture et la fashion aussi. Je ne suis pas quelqu'un qui va faire du noir et blanc, je joue entre les 2 mondes. C'est techniquement attirant, et en même temps le sujet n'est pas banal, j'essaie d'être un réalisateur qui sera respecté avec le temps. C'est important pour un réalisateur de perfectionner le fond de son art. C'est facile de sortir des films bidon, commerciaux, qui séduisent les producteurs. Je fais attention à mon patrimoine que je vais léguer. J'aimerais avoir une vie profonde et philosophique, et que les gens puissent découvrir mon style petit à petit. Je tiens à avoir une touche spéciale et unique, c'est important pour un réalisateur qu'il ait une voie.
Est-ce que c'était facile de convaincre des acteurs connus de tourner dans votre film ?
Quand un projet impressionne, ce sont les producteurs et les acteurs qui te cherchent. Je voulais travailler avec des acteurs de théâtre capables de crever l'écran, des acteurs qui ont du feu, qui savent bouger et faire des grimaces, qui font passer plus d'émotions. L'acteur du théâtre se fond complètement dans le personnage parce qu'il a une facilité méthodiste de le faire contrairement à Hollywood, où la plupart des acteurs étaient des mannequins (Brad Pitt, Orlondo Bloom,...). C'est pour cela que mes personnages sont très profonds. David Baily nous a contacté, pour jouer le rôle du vieux, je ne m'attendais pas à un tel succès, les gens ont adoré l'originalité du concept, surtout à Londres. Quand Baily a rejoint l'équipe du film, ça m'a donné confiance en moi pour aller chercher de plus grands acteurs, j'ai contacté Amstrong, il a adoré le scénario, puis on a tourné.
Pourquoi avoir tourné à Londres ?
Londres a les plus grandes productions de films américains, les meilleurs acteurs et il y a un grand charme intellectuel, architectural ainsi que de grands techniciens.
D'où vous est venue cette passion pour le cinéma ?
Quand j'avais 7 ans, j'étais un mordu du dessin. L'être humain se distingue du reste des espèces par son imagination, parce qu'il est doté d'une imagination débordante et il peut se créer des mondes. L'info vient de partout et l'être humain la transmet, par un dessin, un film, une peinture,...On a tous des visions mais on n'a pas tous le courage de l'exécuter, parce que c'est un risque de se faire critiquer. À 12 ans, je faisais des films avec la caméra de mes parents, j'invitais mes amis à la maison, on créait une histoire, on la tournait, sans nous préoccuper de l'argent. Je veux être une source d'inspiration pour les jeunes et la nouvelle génération.
Ça vous fait quoi d'être plus connu aux USA qu'au Maroc ?
Je ne me considère pas comme quelqu'un de connu. J'ai toujours les mêmes copains, ce que je veux, c'est faire plus de films, et pouvoir le faire. C'est très important de rester soi même. Si je tourne un jour avec Brad Pitt, je ne vais jamais snober mon concierge. Quand je suis au Maroc, je vais dans les souks, je m'imprègne de la culture locale, je me rattrape au niveau créatif et émotionnel. Le Maroc est un pays très inspirant et je pense que ça vient de la pression de survie.
Un acteur avec qui vous aimeriez tourner ?
Viggo Mortensen est mon acteur préféré. Je rêve qu'il incarne le rôle du tracer dans la version longue de mon court métrage. Il a un visage qui a du vécu, il a l'attitude, le look. Ma recherche n'est jamais basée sur l'acteur mais sur la personne. Il faut que les personnages soient crédibles. J'aimerais bien tourner avec l'acteur francomarocain Roschdy Zem, parce qu'il a une personnalité et un jeu d'acteur intense, il joue avec ses trippes.
Quels sont les réalisateurs qui vous ont influencé ?
Ingmar Bergman et Michael Mann. Je suis un mélange des deux. Le 1er est très profond, philosophique et réel, et l'autre est très réaliste, fort et intense. , il y a aussi ceux qui m'ont touché comme Darren Aronofsky,...
Vous avez dit que le cinéma marocain s'autolimite. Avez-vous des lignes rouges ?
Oui, l'homosexualité, trop de nudité, la vulgarité, le sang, le gore. J'adore la sensualité, le romanticisme de l'érotisme, une voiture peut être sexy.
Il n'y aucune femme dans votre film ?
Il n'y a ni femme ni flingues d'ailleurs. Ce film montre qui je suis en tant que réalisateur, quelqu'un de sérieux par rapport à son histoire, et qui ne cherche pas à plaire à n'importe quel prix ! Je ne vois aucun intérêt à mettre une femme gratuitement. Dans la plupart des films, la femme est réduite au sexe, à l'émotion, l'erreur,...
Comment trouvez-vous le cinéma marocain ?
Il a beaucoup de potentiel, il y a des films très intéressants quand il y a des productions internationales, comme « Ali Zaoua » ou « Fièvres » de Hicham Ayouch.
Vos projets ?
Je suis en train d'écrire avec George Thomas un nouveau scénario qui s'intitule « Le monde dont on rêve n'existe pas ». Il sera tourné à Londres et au Maroc (ouarzazate, Tanger). C'est un long métrage avec un budget entre 200 000 et 300 000 $, c'est une histoire complexe, un peu à l'image de « 21 grammes ». En fait, le monde paraît normal, mais il ne l'est pas, j'adore le bizarroïde, l'original. La réalité finalement n'est qu'un consensus


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