La commission d'enquête parlementaire sur les événements de Laâyoune n'en finit pas de défrayer la chronique. Tous ses débats ainsi que le contenu de ses auditions se retrouvent dans la presse. Dans les démocraties avancées, les commissions d'enquête parlementaires sont régies par la règle de la confidentialité, leur rapport final devant être consensuel. Pour preuve, le parlement français a refusé de livrer à la justice les documents concernant les auditions de la commission d'enquête sur l'attentat de Karachi, au nom du respect de cette règle de confidentialité. Nous parlons des juges et a fortiori de la presse. Chez nous, une commission d'enquête, dont l'opportunité est discutable, se comporte autrement. On a avancé l'idée qu'une telle commission renforçait l'institution législative et son rôle. Or on aboutit exactement à l'inverse. Chaque représentant de parti défend son agenda à l'intérieur de la commission d'enquête, ou par voie de presse. L'image qui en ressort n'est pas celle de la sagesse des représentants de la nation qui veulent découvrir la vérité et la mettre entre les mains de l'opinion publique, mais celle d'un énième combat de coqs sans substance. Or il s'agit d'une question fondamentale pour le peuple marocain, à savoir celle de l'intégrité territoriale, qui fait l'objet d'un véritable consensus national. On est en droit d'attendre des partis politiques qu'ils dépassent les enjeux mesquins, électoralistes, et qu'ils assument leur responsabilité en oubliant les égoïsmes. Maintenant l'on sait que le camp, son installation et le pourrissement de la situation doivent beaucoup à l'incurie des responsables locaux, qu'ils soient élus ou faisant partie de l'administration territoriale. La commission d'enquête doit faire preuve d'une hauteur de vue et déterminer les responsabilités, non pas dans le cadre d'une opération de règlements de comptes partisans, ni de chasse à l'homme. Au contraire, l'utilité de l'exercice est de pointer les dysfonctionnements et mettre en lumière l'impact de ces dysfonctionnements sur l'issue malheureuse de ce qui n'était qu'une manifestation sociale. Ces dérapages sont trop coutumiers pour ne pas interpeller la classe politique. Celle-ci doit savoir qu'elle est l'acteur principal du renforcement des institutions et que cela passe par sa propre réhabilitation. Bien évidement les dérapages actuels vont plutôt dans le sens de la décrédibilisation générale qui ne peut que renforcer la défiance, fragiliser la participation et aboutir à l'abstention massive. La construction démocratique est inconcevable sans partis au niveau des engagements qui sont les leurs.