Mireille Duteil «Entre mâles dominants, cela se passe toujours mal, et Donald Trump, qui ne connaît que les rapports de force, n'a guère apprécié les critiques d'Emmanuel Macron à Paris », expliquait récemment Laurence Narda, chercheur à l'Institut international de relations internationales de Paris. Peut-être. Il est vrai que le 11 novembre, alors qu'une soixantaine de Chefs d'état et de gouvernement se retrouvaient à Paris pour fêter le centième anniversaire de la fin de la terrible première guerre mondiale responsable de 10 millions de morts, Donald Trump montra une mine aussi morose que le ciel de Paris d'où tombait une pluie drue et glacée. On était loin du 14 juillet 2017 durant lequel le président américain, hôte d'honneur du défilé militaire sur les Champs Elysées, semblait être tombé sous le charme du nouveau et jeune président français. Depuis, les relations se sont détériorées entre Donald Trump et Emmanuel Macron. Et cela ne semble pas qu'une affaire de testostérone ! Car l'un et l'autre sont politiquement aux antipodes. Macron croit en l'évidence d'une globalisation au niveau de la planète, en la nécessité de mettre des règles acceptées de tous au niveau mondial pour assurer la paix. Il croit dans le « patriotisme » mais refuse le « nationalisme » étroit. Trump a fait de « America First »son seul slogan. En son nom, il a jeté aux orties les règles de l'ordre international mis en place par les Etats-Unis en 1945. Il s'est d'abord attaqué à son environnement proche, exigeant de ses voisins canadien et mexicain qu'ils plient devant sa volonté de bâtir une nouvelle Alena (accord sur le commerce) qui avantage les Etats-Unis. Sa deuxième victime fut l'accord de Paris sur le climat puisque le chef de la Maison Blanche ne croit pas, contre toute évidence, à la détérioration climatique qui pourrait brider ses projets économiques. Sa troisième victime fut l'accord sur le nucléaire iranien signé en 2015, qui a obligé Téhéran à mettre fin à son programme nucléaire. Il a été balayé d'un revers de main par Trump qui, poussé par son ami israélien, rêve de donner une « leçon » à la république des mollahs. L'OMC (accord mondial sur le commerce) est maintenant dans la ligne de mire américaine. Pour Trump qui divise le monde comme il fracture son pays, il reste un gros morceau à avaler: l'OTAN, organisation du traité de l'Atlantique nord créée en 1949 pour contrecarrer militairement la menace soviétique. Les Etats-Unis en sont les chefs de file et les premiers financiers. Ce temps est révolu pour Trump qui veut se désengager de tous les champs de bataille éventuels sans pour autant cesser de vendre ses armes. Les Européens doivent prendre leur part du fardeau financier, estime Trump, mais entend-il s'engager, comme par le passé, à la défense automatique de ses alliés européens ? Rien n'est moins sûr. « Nous devons bâtir notre propre défense européenne », a estimé Emmanuel Macron qui estime que les divergences entre le président américain, chantre du populisme, et les vues des principales démocraties européennes, risquent de s'accroitre. Angela Merkel est, elle aussi, désormais convaincue que l'Europe doit avoir les moyens de se défendre seule. Une injure et un manque de confiance pour Trump. Il a pourtant montré que même ses meilleurs alliés ne pouvaient pas lui faire totalement confiance.