A l'approche d'une saison estivale voulue comme celle de la relance d'un secteur touristique national ravagé par deux années de crise pandémique où l'Etat a dû puiser à plusieurs reprises dans ses caisses asséchées pour soutenir les hôteliers, les transporteurs et autres restaurateurs, les Marocains s'attendaient à une sorte de reconnaissance, ou du moins de solidarité et d'empathie à leur égard de la part de ces opérateurs qui doivent leur survie aux touristes locaux et à l'argent du contribuable. On constate aujourd'hui qu'il n'en est rien ! En ce funeste été 2022, le touriste marocain de la classe moyenne, luimême malmené par les effets cumulés de la crise du Covid, l'explosion de l'inflation et, par ricochet, la cherté du coût de la vie consécutive à la guerre en Ukraine, se retrouve au pied du mur. L'offre touristique proposée localement semble en effet taillée sur mesure pour les seuls touristes étrangers et paraît même, à certains égards, sciemment formulée pour l'exclure. Avant même les grandes vacances estivales, les plaintes concernant la hausse des tarifs et la détérioration de la qualité de l'accueil réservé aux nationaux, dans des villes comme Marrakech et Agadir, font florès dans les médias et les réseaux sociaux. Prix astronomiques, prestations médiocres et sentiment d'infériorité visà- vis du touriste étranger... tel est en effet le ressenti dominant qui révèle un retour aux mauvais réflexes d'antan où les indigènes étaient perçus comme quantité négligeable par les opérateurs touristiques. Le malaise est d'autant plus grand lorsque l'offre locale est comparée à celles de destinations proches comme l'Espagne et le Portugal, ou moyennement lointaines comme la Turquie qui présente l'avantage majeur d'être accessible sans visa. Abordables et plus que correctes en termes de qualité de services et d'accueil, ces destinations payées en devises sonnantes et trébuchantes par les masses marocaines des déçus de l'offre locale, plus que par les amateurs de dépaysement, reviennent en force pour truster le top five des intentions de voyage cet été. Un minimum d'efforts, saupoudrés d'une bonne dose d'estime et de gratitude, auraient pourtant suffi à les fidéliser et à les réconcilier définitivement avec l'offre locale. Siham MDIJI