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Rétro-verso : Sebta, de la Maurétanie tingitane à nos jours
Publié dans L'opinion le 29 - 03 - 2023

Si l'ouverture de la douane de Sebta est le grand débat du moment, il convient de rappeler que cette ville cosmopolite est riche d'un passé intrinsèquement lié à celui du Maroc, aux plans sécuritaire et militaire notamment, que les écrits de la presse ibérique ne peuvent pas contester. Flashback.
Abyla, l'ancienne Sebta, était une ville au carrefour des intérêts phéniciens, carthaginois et byzantins, et de son rôle de porte vers l'Europe. Elle constituait avec Tamuda (à 6 kilomètres de Tétouan aujourd'hui), près du fleuve Martil, l'une des deux cités influentes qui ont eu à connaître plusieurs pages brillantes de pouvoirs puissants. Abyla, qui signifie « la haute montagne » chez les puniques était donc une véritable force commerciale et militaire dans cette région ouverte dans l'Antiquité.

Fondée par les Phéniciens sur les rives de la Méditerranée, en 814 avant J.-C., selon la thèse la plus répandue, Abyla a peu à peu pris l'ascendant sur les pouvoirs phéniciens de la Méditerranée occidentale, avant de gagner en notoriété dans la péninsule ibérique, de par son important site stratégique et sa lutte acharnée contre les pirates venus de part et d'autre. Cette ville est cependant moins bien connue que celle de la Rome antique, en raison de sa destruction par l'armée romaine, comme l'on peut lire dans des sources gréco-romaines largement relayées dans l'historiographie.
Abyla était tellement connue que le Grec Appien écrivait que « par sa force, elle rappelait vaguement la Grèce et que par sa richesse, elle égalait les Perses ».

Les récits historiques faisant allusion à cette époque, demeurent, hélas, subjectifs car toute littérature phénicienne, carthaginoise ou byzantine a été travestie au gré des intérêts hégémoniques de la péninsule ibérique. Seules sont sorties de ce triste lot les fouilles archéologiques menées par les doctes du domaine, par les archéologues et historiens de la dynastie alaouite depuis le Moyen-Age, jusqu'à l'ère post-Gutenberg. Des fouilles qui font état de diverses traces de l'incontestable passé amazigh de la cité.

De plus, ce qui est tout aussi sûr et que nul ne peut réfuter, c'est que les Marocains de la Maurétanie tingitane ont, tour à tour, repris Abyla des mains des Phéniciens, des Carthaginois, puis des Byzantins, car les limites géographiques de cette ville en disent long sur son appartenance indiscutable au Maroc.

Jbel Ibnou Noussaïr

Nous sommes toujours au Moyen-Age et plus précisément au Vème siècle. Abyla devint Septa en référence aux « Septem fratres », soit les 7 frères qui lorgnaient la ville aux multiples atouts. Deux siècles plus tard, c'est le général omeyyade Moussa Ibnou Noussaïr qui a fini par y élire domicile et consacrer son rôle de place forte marocaine et relais important dans l'entreprise d'extension de l'islam en terre ibérique. C'est à son honneur d'ailleurs que pendant longtemps, son nom a été associé à « Jbel Moussa ». Par la suite, le nom de Septa a été remplacé par Sebta en référence aux sept collines entourant la ville, mais aussi en référence au samedi qui, en sus d'être synonyme de productivité commerciale dans ce préside, était le septième jour de la semaine à cette époque, car le dimanche était considéré comme le premier jour de la semaine, avant l'ère du Protectorat français. D'ailleurs, le dimanche est toujours le premier jour du calendrier hebdomadaire dans la quasi-totalité des pays arabes.

Au lendemain de la chute des Byzantins au XVème siècle par le fait des Ottomans et la fin de la présence islamique en Andalousie, Sebta a été repeuplée par les Musulmans d'Espagne alors qu'elle était déjà majoritairement musulmane et arabo-amazighe. Aujourd'hui, son architecture, sa gastronomie, sa musique et ses traditions plaident mieux que tout discours biaisé de sa Marocanité et du métissage arabo-andalou devenu indissociable de son identité, s'inscrivant à la croisée des chemins de toutes les cultures méditerranéennes.

Aujourd'hui, le préside du Nord est plus que jamais en phase avec sa vocation historique de ville de convergences et confluences, en se positionnant, au plan sécuritaire dans la lutte active contre des fléaux dévastateurs de l'acabit du terrorisme, de l'immigration clandestine et de la délinquance, même si le revers est l'instauration de lois contraignantes voire coercitives qu'exige le contrôle aux portes de l'Europe. Dans ce cadre, le Maroc est amené à gérer avec beaucoup de vigilance ces problématiques qui rejaillissent sur Sebta, en menant notamment une guerre sans merci contre le blanchiment d'argent et autres fléaux.

Houda BELABD

Invasion : L'histoire de la colonisation de Sebta et Mellilia
«Nous sommes les fils d'une Histoire commune qui nous oblige à porter son fardeau, mais que nous ne devons pas répéter d'une manière dramatique, car les intérêts qui nous unissent sont bien plus importants que les problèmes qui nous séparent », disait, non sans sagacité, Feu Hassan II en faisant allusion aux relations maroco-espagnoles, dans l'absolu, et à la marocanité de Sebta et Mellilia, en particulier.
L'occupation ibérique de ces deux villes a eu lieu au lendemain de l'affaiblissement de la dynastie Nasride au Xème siècle. Dès 1415, les Portugais prennent possession de Sebta, puis Mellilia tombe, prise d'assaut par les Castillans en 1497 dans l'optique d'y installer des services militaires, appelés "Los puestos fronterizos de seguridad", c'est-à-dire "Les postes sécuritaires des frontières", destinés à protéger les côtes andalouses des invasions des corsaires, toutes provenances comprises.
Les Nasrides succombent en 1492, lorsque l'émir Abû Abdil-lah livre Grenade à Ferdinand II d'Aragon et à Isabelle de Castille. L'Espagne cesse d'être musulmane. En 1580, au moment où l'on s'y attendait le moins, Sebta tomba dans le giron des Castillans, mais très vite la quasi-totalité des frontières fut récupérée au cours du XVIIe siècle par les sultans marocains, en particulier par le sultan Moulay Ismaïl.

La création de ports francs dans les villes marocaines occupées a été accompagnée par la venue d'une communauté de juifs séfarades expulsés d'Espagne en 1492, soucieux de profiter des avantages de ces villes.

Au début du XXe siècle, l'Espagne, amputée de ses dernières colonies, souhaite redorer son blason d'ancienne puissance et se tourne vers le Maroc, encore indépendant mais fragilisé. Sebta et Mellilia constituent évidemment les têtes de pont de cette entreprise d'intrusion espagnole.

La Conférence d'Algésiras réunit en 1906 les puissances européennes pour assister le Royaume sous couvert de modernisation. Ce fut une véritable curatelle qui se mit en place, matérialisée en 1912 par l'instauration du protectorat franco-espagnol.

Des troupes coloniales, les Regulares, sont constituées en 1920 pour asseoir la position des Espagnols dans le protectorat. Elles prennent part à la guerre du Rif contre le camp nationaliste jusqu'en 1925.
Histoire : L'indéniable marocanité des deux présides
Au milieu des années 1950, soit au lendemain de l'indépendance du Royaume, les deux présides du Nord sont tombées,de nouveau, dans le giron espagnol. Le duel sur l'origine des deux villes a repris de plus belle. Selon la version du pays ibérique, ce retour est dû à leur ancienne appartenance à l'Espagne. Selon les preuves marocaines, le passé de Sebta et Mellilia est maroco-marocain. D'ailleurs, sûr et certain de ses revendications et bien ancré dans sa politique nationaliste irrédentiste, le Royaume n'a pas tardé à récupérer deux anciens territoires occupés par l'Espagne. C'était le cas de Tarfaya en 1958 et de Sidi Ifni en 1969.
De plus, déjà en 1961, avec l'appui d'un bon nombre de pays arabes et même de l'URSS, le Maroc a bel et bien présenté ses revendications à l'ONU au sujet des deux présides du Nord, comme en ce qui concerne les provinces sahariennes.

Toutefois, en 1966, c'est Feu Hassan II lui-même qui a défendu la revendication de l'Espagne sur Gibraltar. Un an plus tard, les habitants de Gibraltar votèrent par référendum contre l'annexion du territoire à l'Espagne et, depuis le début des années 2000, ils revendiquent également le droit à l'autodétermination contre tout accord éventuel entre Londres et Madrid sur la souveraineté de Gibraltar, affirmant, en même temps, qu'en cas de décolonisation du territoire britannique, Sebta et Mellilia devraient être restituées au Maroc.

Dès 1975, le Maroc remet sur la table sa revendication des deux villes occupées et soutient son projet de solution pour la question du Sahara marocain. Après avoir obtenu le soutien de Washington et de Paris, le Sahara est définitivement intégré au territoire marocain, via les accords de Madrid. Les tensions ont resurgi à nouveau entre les deux pays en juillet 2002, lors de la crise bilatérale la plus marquante depuis longtemps, lorsque le Maroc a décidé de prendre pied dans l'îlot Layla.
Rappelons que cet épisode a heureusement bénéficié de l'intervention de la diplomatie américaine pour trouver une solution rapide à cette mésentente. Les diplomates américains ont attiré l'attention de l'Espagne quant aux aléas de la colonisation et ont affirmé que le Maroc est libre de faire valoir ses convictions nationalistes.
Il s'agit d'un différend de longue date, mais les deux pays sont convenus de le traiter dans un esprit d'entente.

D'ailleurs, le récent rapprochement entre le Maroc et l'Espagne intervient après que le gouvernement socialiste de Pedro Sánchez a accepté la proposition d'autonomie du Maroc sur son Sahara, en mars dernier, dans l'espoir de favoriser le climat pour règlement à l'amiable du différend territorial qui empoisonne les relations depuis des années.
Zoom : Le passé romain de Sebta
Les Phéniciens ont trouvé une petite colonie berbère à Abyla. S'ils ont réussi à l'attaquer, c'est parce que l'isthme extrêmement étroit qui relie la péninsule d'Almina au continent africain rend le site très facile à atteindre. De ce fait, ils l'ont très vite fait leur. Abyla était l'une des nombreuses colonies de la région - dont Tinga (Tanger), Kart (San Roque) et Gadir (Cadix) - qui ont aidé les Phéniciens et les Carthaginois à contrôler le commerce maritime entre l'Atlantique et la Méditerranée. Toutefois, rien n'égalait le facteur stratégique inhérent à la ville limitrophe du détroit de Gibraltar, condition sine qua none de son immunité militaire et sécuritaire

Pour sa part, Rome guettait tout cela à distance dans le but de tout contrôler dans la région. Elle exerçait ce même pouvoir, sur place, grâce à l'intermédiation de ses commerçants et de conseillers présents à Abyla, puis par l'incorporation d'un nombre grandissant de villes et de régions dans des provinces qu'elle administrait directement. Mais la colonisation romaine de Sebta a réellement débuté quand Caligula assassina le roi de Maurétanie, Ptolémée, en 40 après J.-C. et s'empara, ainsi, du Nord du Royaume. Rome organisa de nouveaux territoires en 42, plaçant Septa dans la province de Maurétania Tingitane, car administrée depuis Tingis, soit Tanger aujourd'hui. Aussi, elle l'a élevée au rang de colonie, ce qui conférait ipso facto la citoyenneté romaine à ses résidents. Les ploutocrates Romains pouvaient s'approprier les terrains et les maisons en un claquement de doigts.


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