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Patrimoine archéologique et architectural
Entretien avec Abdelaziz Idrissi, conservateur du musée de la Casbah de Tanger Pour un musée bien intégré dans son biotope
Publié dans L'opinion le 21 - 10 - 2011

La réhabilitation du patrimoine est à l'ordre du jour. Le musée de la Casbah de Tanger est un exemple à méditer. Il avait été réhabilité en 2006 en se lançant dans une conception nouvelle d'ouverture sur son environnement. Etendu sur une superficie de 6 mille mètres carrés, c'est le deuxième au niveau national pour le nombre de visiteurs. L'important séminaire organisé le 3 et 4 octobre par le musée en partenariat avec l'ONG italienne COSPE, intervient suite la restauration d'une salle polyvalente à l'intérieur du musée. Rencontre avec le conservateur du musée Abdelaziz El idrissi archéologue.
L'Opinion: Dans quelle perspective s'inscrit le séminaire « Tanger, patrimoine et mise en valeur » ?
Abdelaziz Idrissi: L'organisation du séminaire s'est inscrite dans le sens de l'inauguration d'une salle polyvalente qui vient d'être restaurée au Musée dans le cadre de partenariat entre la direction du patrimoine, le Musée et l'ONG italienne COSPE. Les fonds proviennent du ministère des Affaires étrangères italien ce qui nous avait permis de restaurer une partie de la muraille interne du Riad Soltane, le jardin intérieur et le réaménagement de la salle polyvalente. Pour l'événement de l'inauguration de la salle nous avons opté pour l'organisation d'un séminaire et de regrouper un certain nombre d'académiciens et de spécialistes autour d'une table scientifique pour discuter de la question du patrimoine comme un travail de sauvegarde avec un certain nombre d'intervenants ce qui nous permet de présenter les derniers résultats de recherches archéologiques et architecturales tout en évoquant en même temps les autres expériences réalisées que ce soit dans d'autres villes qui ont une situation plus ou moins similaire que celle de Tanger ou des villes classées patrimoine mondiale de l'humanité comme c'est le cas de Fès ou Tétouan. Sans oublier les petites villes qui ont un patrimoine très fragile comme c'est le cas de Figuig où l'on travaille dans le cadre de la restauration de ce patrimoine fragilisé et là c'est l'occasion de connaitre les techniques mises en œuvre et comment on peut travailler sur le patrimoine pour en faire un élément de développement local.
Nous avons fait appel aussi à d'autres intervenants du pourtour de la Méditerranée, notamment l'exemple de mise en valeur du sanctuaire d'Hercule vainqueur de Tivoli, un exemple de restauration de monument en le rendant fonctionnel.
D'autre part, comme on l'a constaté depuis quelque temps, la ville de Tanger connait un certain nombre de changements, de transformations au niveau urbanistique et il y a énormément d'interventions qui se font autour de la ville ce qui fait que le patrimoine tangérois est de plus en plus menacé par ce genre d'interventions c'est là aussi un aspect qui a été développé pour une perspective de sensibilisation sur la protection du patrimoine.
L'Opinion: En quoi consiste le partenariat Musée/COSPE ?
Abdelaziz Idrissi: A l'origine il s'agissait d'un partenariat qui existait auparavant entre deux ONG une italienne, COSPE, et une autre marocaine. Ce partenariat était intervenu au début dans le cadre d'un travail de restauration de la maison de Sidi Abdallah Guennoun. En réalité ces deux ONG ont plutôt contribué seulement dans cette action car d'autres intervenants étaient concernés dans la restauration de cette maison qui va devenir probablement par la suite un centre culturel au cœur de la médina. Nous, en tant que Musée de la Casbah, nous sommes intervenus à la fin du programme pour poursuivre le travail déjà lancé. Il s'agissait, comme j'ai déjà dit, de restaurer la muraille de Riad Soltane ainsi que de réaménager la salle polyvalente du musée destinée à accueillir les différentes animations culturelles de l'institution.
Parallèlement il y a eu d'autres activités dans le cadre d'un projet de partenariat entre le musée et COSPE pour la formation et la sensibilisation en travaillant avec enfants et jeunes pour leur apprendre les métiers traditionnels de construction comme le travail du zellij. L'idée est de transmettre un savoir en voie de disparition et d'inventorier ces techniques de construction en des cours à la fois théoriques et pratiques en partant du fait que la meilleure façon de sauvegarder c'est de passer par la diffusion et l'apprentissage car on ne peut conserver que ce qu'on connait.
L'Opinion: Pouvez-vous donner une description du bâtiment du musée ?
Abdelaziz Idrissi: C'est un monument historique, un ancien palais qui remonte au 17ème siècle, construit après la libération de la ville de Tanger qui était occupée par les Anglais. Les Anglais, avant d'évacuer la ville, avaient démoli la partie du môle de Tanger et ils ont rasé la partie la plus occupée de la ville. La libération de la ville est intervenue sous le règne de Moulay Ismaïl. C'est de cette époque que provient le nom du cimetière des Moujahidine de Tanger. La Casbah, la grande mosquée, Dar Chraa (le tribunal), Dar Tqaf (la prison), la trésorerie furent construits à l'époque en même temps que ce palais Dar Makhzen. Cet espace va fonctionner comme palais depuis la construction en 1684 jusqu'à 1920. A partir de 1920 il va être restauré pour devenir le noyau d'un musée ethnographique. Le mérite revient à Michaux-Bellaire archéologue français, d'avoir pensé à mettre en place un musée en le dotant de sa collection archéologique personnelle. Après vont commencer à se développer jusqu'aux années 50 des recherches archéologiques ce qui va permettre d'intégrer des collections archéologiques nouvelles issues des recherches dans la région de Tanger. Cela va continuer à fonctionner ainsi jusqu'aux années 2000. Le musée sera fermé pour un temps et sera restauré pour rouvrir en 2006.
L'Opinion: Quels changements intervenus après 2006 ?
Abdelaziz Idrissi: La réouverture du musée s'est effectuée avec une nouvelle conception visant à l'intégrer dans son biotope, soit un musée où la population locale puisse s'identifier. Du coup on a organisé une exposition liée à l'histoire de Tanger. Nous avons voulu apporter l'histoire de la région qui était occupée par des populations depuis un million d'années d'une manière continue. Donc on s'est évertué à ce que le musée évoque la péninsule tingitane à travers sa particularité comme espace attractif, la proximité avec la péninsule ibérique, son rôle de passage et de tremplin permettant à la civilisation marocaine de traverser le détroit, le rôle de la péninsule en matière de communication entre l'Afrique et le Nord. Tout cela a été montré de manière simple lisible, didactique, insistant sur les spécificités de la zone.
Dans une deuxième exposition il s'agissait de faire ressortir le rôle qu'a joué le péninsule tingitane en matière de communication une exposition thématique qui s'appelle la Méditerranée, le rôle que la péninsule a joué dans la genèse des civilisation méditerranéennes pour dire en clair que cet espace de passage n'a pas seulement véhiculé la civilisation nordique méditerranéenne vers l'Afrique mais qu'il a joué le même rôle dans le sens inverse en véhiculant des influences sahariennes, maghrébines. Des exemples concrets ont été donnés de manière à battre en brèche des idées préconçues colportées sur le Maroc de la part d'historiens de l'époque coloniale comme espace uniquement réceptif. Nous avons prouvé que cela n'a pas été toujours vrai. En effet, on retrouve actuellement au Nord de la Méditerranée, dans des sites péninsulaires au Portugal et en Espagne , des traces purement africaines qui ont traversé le Maroc pour investir la péninsule ibérique. Il y a donc bien eu en un une époque immémoriale une circulation de la civilisation du Sud au Nord.
Après cela ce fut une exposition dédiée à la religion et rites funéraires. A Tanger la ville romaine existe cachée sous la ville moderne. La ville n'a pas encore révélé tous ses secrets. La documentation dont on dispose actuellement provient de l'espace extra muros et à l'extérieur de la ville il y a essentiellement les lieux de culte et donc notre histoire est lue pour l'instant à travers les nécropoles, c'est la raison pour laquelle on se retrouve à Tanger avec beaucoup de vestiges de nécropoles. De ce fait nous avons proposé, vu la richesse de ce mobilier, de faire une exposition liée à cette période ce qui a donné lieu à une exposition permanente.
L'Opinion: Où se positionne le musée par rapport à son environnement ?
Abdelaziz Idrissi: Il doit être un centre de recherche d'abord, ensuite un espace de conservation et de diffusion. Recherche c'est-à-dire on reçoit énormément de spécialistes qui viennent travailler dans les environs de Tanger qui travaillent sur les collections. On reçoit également des universitaires, des étudiants, des stagiaires qui viennent pour faire leurs stages au musée, ce qui nous permet de gagner une main-d'œuvre qualifiée qui travaille sur les collections et l'inventaire et permet à ces étudiants d'avoir un contact direct avec le mobilier archéologique et donc un profit pour les deux parties. Deuxièmement par le biais d'organisations de rencontres on reste en contact avec la recherche et la restauration. Le musée essaie d'organiser des ateliers de restauration des collections dont nous disposons. Quant à la diffusion c'est par la participation à des séminaires qu'organise le ministère que ça soit au Maroc ou à l'étranger et par des expositions que nous organisons.
L'Opinion: Si l'on effectue une visite guidée du musée, quelles sont les différentes étapes ?
Abdelaziz Idrissi: Il y a d'abord Beit el mal (trésorerie) avec trois éléments : texte suspendu sur l'historique du bâtiment, un monument d'architecture extraordinaire qui est la coupole décagonale en bois de cèdre d'une grande beauté, ensuite un coffre fort particulier qui nécessite au moins deux témoins parce qu'il faut connaître un code pour pouvoir l'ouvrir, il date du 19ème siècle.
Après on traverse le couloir du méchoire où l'on voit quelques éléments qui donnent une idée sur le type de mobilier qu'on a à l'intérieur de ce palais. Ensuite l'inscription libyque, l'écriture c'est le summum de la civilisation, on a commencé par l'inscription de la zone de Tanger qui montre qu'avant la venue des Romains, avant toute autre civilisation, les Marocains avaient leur civilisation propre à eux. Après on a une autre inscription qui remonte à l'époque antique qui a été réemployés au Moyen Âge. Après on a deux portes traditionnelles, une polychrome et l'autre monochrome la première datant du 18è et la deuxième du 19è pour donner une idée sur le type de collection qu'on va rencontrer à la fois archéologique et ethnographique. Le patio central du palais avec 8 salles qui s'organisent par étapes préhistoire, époque préromaine, époque romaine, époque islamique. Les cuisines du palais abritent une exposition sur la Méditerranée et à l'étage il y a l'exposition permanente sur la religion et les rites funéraires. Après on accède au jardin Riad Soltane où sont exposés des objets divers vasques semelles de colonnes, pièces d'armement et tout au fond du jardin il y a la salle polyvalente.
L'Opinion: Quels sont les visiteurs qui affluent vers le musée ?
Abdelaziz Idrissi: Je vous dis tout de suite que les visiteurs du musée sont influencés en bien ou en mal selon ce qu'on leur propose. Quand nous organisons des activités nous constatons que le nombre de visiteurs augmente sensiblement. Par contre, quand rien n'est fait, c'est une stagnation du nombre de visites, voire un recul. Nous avons remarqué que les Marocains commencent s'intéresser aux musées, je parle des Marocains qui se déplacent et paient le ticket d'entrée qui est 10 Dh. Si ce visiteur fait l'effort de se déplacer et de payer un ticket, l'institution devrait prendre en compte ses exigences les plus élémentaires : c'est-à-dire quand il pénètre au musée le visiteur doit trouver des prospectus d'explications, des dépliants, tout ce dont il a besoin pour s'informer.
Le musée de la Casbah à Tanger est en deuxième position au niveau national pour le nombre de visiteurs juste après celui de Marrakech qui a de la chance, lui, d'être à proximité de Jamaa Lfna ! Je ne sous-estime pas l'effort consenti par nos collègues de Marrakech bien au contraire. Mais c'est pour dire que nous n'avons pas la foule, nous pâtissons d'une situation géographique difficile, car pour venir au musée de la Casbah il faut un taxi ou alors quand on est à pied il faut prendre son courage à deux mains pour escalader la colline afin d'arriver au sommet. Malgré cela nous avons des visiteurs entre 30 à 35 mille par an.
L'Opinion: Dont une bonne partie de touristes étrangers, non?
Abdelaziz Idrissi: Il y a des touristes comme il y a aussi beaucoup de nationaux. De plus il y a beaucoup d'élèves entre 4 à 5 mille par an. C'est pour nous un grand gain quand on voit les enfants scolarisés en visites groupées dans le musée en train de lire des écriteaux au fur et à mesure sur l'histoire au total 13 panneaux suspendus c'est comme si ces élèves lisent un autre programme parallèlement au programme officiel de l'école. Un partenariat avec la délégation de l'Education nationale est pour beaucoup dans ces mutations de diversification de nos visiteurs.
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