L'Institut royal de la culture amazighe (IRCAM) a dévoilé sa conception pour la mise en place d'une politique linguistique et culturelle “équilibrée”, fondée sur l'égalité et l'équité dans le traitement des langues arabe et amazighe en vue d'en assurer la protection et le développement. Un mémorandum de l'IRCAM remis à la présidence du gouvernement comporte des propositions se rapportant à l'élaboration des projets de lois organiques relatifs aux mesures d'officialisation de la langue amazighe et au futur Conseil national des langue et de la culture marocaine. Le document met l'accent sur l'institutionnalisation de l'amazigh, en conformité avec la Constitution qui l'a érigée en langue officielle à côté de l'arabe, à travers sa promotion dans les aspects prioritaires de la vie publique. L'IRCAM définit trois secteurs prioritaires: enseignement, médias et culture. Il évoque aussi la gestion des affaires locales, les droits culturels et linguistiques, la Justice, le développement humain et l'administration territoriale. Pour le domaine de l'éducation, le mémorandum propose l'élaboration d'un plan stratégique spécial pour l'enseignement de la langue et la culture amazigh, en coordination avec le ministère de tutelle. Les principaux axes du plan doivent être la généralisation de l'enseignement de l'amazigh standard, la promotion de la dimension amazigh dans l'éducation à la citoyenneté, des valeurs de l'unité et du respect de la diversité des expressions culturelles dans les manuels, en plus de la création de branches de langue et de culture amazigh dans les établissements d'enseignement supérieur et l'introduction de “la culture régionale” en tant que matière dans les programmes d'éducation et de formation. Au niveau de l'information et la communication, l'IRCAM plaide pour l'intégration de l'amazigh dans le paysage médiatique national, l'obligation de respect des cahiers des charges par les chaînes publiques et l'amélioration des productions en langue amazigh, avec la perspective d'une approche médiatique intégrée au niveau de la régionalisation avancée à même de faciliter la communication et le rapprochement culturel entre les régions et consacrer le principe de droit à l'information et l'équilibre entre les langues dans le service public. Dans le domaine culturel, l'Institut recommande la préservation du patrimoine culturel et la promotion des expressions littéraires modernes, la valorisation des spécificités culturelles des régions dans le cadre de l'unité et la diversité ainsi que l'élaboration de décrets portant sur la mise en œuvre des programmes culturels et d'autres relatifs à la protection du patrimoine culturel marocain, notamment le patrimoine matériel comme les sites archéologiques et les monuments historiques amazigh. L'IRCAM suggère, d'autre part, l'introduction progressive, par décret, de la langue amazigh dans la justice, la santé et les correspondances administratives et l'obligation pour les officiers de l'état civil de se conformer à la Constitution pour ce qui est des prénoms amazigh. Concernant sa vision des contributions du Conseil national des langues et de la culture marocaine, le mémorandum souligne que cette institution doit se charger de l'élaboration d'une politique linguistique et culturelle cohérente et du suivi de l'institutionnalisation de l'amazigh, notamment en capitalisant les acquis de l'Institut en matière de standardisation de l'amazigh et de codification graphique du tifinagh.