Les mercenaires du Polisario auraient de nouveau frappé en Mauritanie, selon une information publiée dernièrement par le journal mauritanien d'information continue «Alakhbar». Depuis que le pays voisin du sud avait rétrocédé la région de Oued Eddahab, en 1979, récupérée par le Maroc suite à la «beîa» des tribus de ladite région à feu Hassan II, il s'était cru à l'abri des attaques des polisariens, dont il avait même reconnu la république fantomatique. Et voilà qu'un site de prospection minière au nord de la ville mauritanienne de Zouerate est pris d'assaut par les mercenaires à la solde d'Alger, où ils empêchent, armes braqués sur eux, les ouvriers mauritaniens de travailler et vont même jusqu'à les chasser. Le site, dont l'exploration a été dûment autorisée par les autorités mauritaniennes, a été revendiqué par les polisariens comme faisant partie de leur «territoire». Il faut croire que faute d'avoir pu envahir les provinces du sud du Royaume, efficacement défendues par les Forces Armées Royales depuis près de quatre décennies, les polisariens doivent commencer à lorgner du côté des territoires du nord de la Mauritanie pour les grignoter. Les temps sont durs dans les camps de séquestration de Tindouf, où quelques 700 jeunes polisariens sont allés se battre dans les rangs des jihadistes au nord du Mali pour un salaire de 200 à 600 euros, selon le même journal mauritanien «Alakhbar», réputé bien informé sur les événements dans la région du Sahara et du Sahel. Alger, qui ne voit pas d'un bon œil la présence des troupes françaises de l'Opération Serval sur ses frontières sud et encore moins le classement du mouvement jihadiste malien «Ensar Eddine», avec lequel elle entretient des relations officielles, sur la liste étasunienne des organisations terroristes, sent bien que l'époque où elle jouait à l'apprenti sorcier dans la région est entrain de prendre fin. Prise en tenaille entre la Libye post-kaddhafiste, dont les dirigeants ne sont pas prêts d'oublier le soutien algérien au dictateur déchu, le Maroc, qu'elle a elle-même érigé en adversaire stratégique régional, et le nord du Mali, où les jihadistes algériens d'AQMI et leurs alliés du Sahel se font pourchasser par les armées française et africaines, humiliée sur son propre territoire par ces mêmes jihadistes qui prennent pour cibles ses installations les mieux gardés par l'ANP, l'Algérie est passée d'une posture offensive à la défensive. Une solution au conflit du nord Mali basée sur l'autonomie, option soutenue par Rabat qui préconise la même chose pour ses provinces du sud, est encore moins du goût des dinosaures qui gouvernent toujours à l'est du Oued Isly. Ces derniers craignent un effet de contagion sur les populations touaregs du sud de L'Algérie, laissées pour compte d'un système qui tire une bonne partie de ses recettes en devises des richesses en hydrocarbures sorties du sous-sol de leur région. Outre les revendications similaires d'autonomie, déjà exprimées par les Kabyles, qui se verraient ainsi renforcés dans leur choix. Quelles explications a, donc, bien pu fournir le chef d'état-major de l'ANP à son homologue mauritanien concernant l'agression perpétrée par les protégés d'Alger contre la Mauritanie, au cours de sa visite hier à Nouakchott ? Et quelle crédibilité pourrait encore avoir la coopération anti-terroriste entre l'Algérie, la Mauritanie, le Mali et le Niger, de toute manière inefficace depuis la signature d'un mémorandum entre ces pays à ce sujet, en 2009 ? Connaissant l'expérience et le savoir-faire algériens en matière de pêche maritime et d'hydraulique, on se demande bien quelle aide peut apporter le voisin de l'est au voisin du sud en vertu des accords signés récemment entre les deux pays en ces domaines. Mais pour Nouakchott, il est important de garder un certain équilibre dans ses relations avec ses deux voisins du nord, en affichant une position de «neutralité positive». Les relations maroco-mauritaniennes se sont beaucoup renforcées après avoir connu quelques moments de tiédeur et la visite du secrétaire général du Parti de l'Istiqlal, Hamid Chabat, en Mauritanie, où il a été longuement reçu par le président mauritanien, M. Mohamed Ould Abdelaziz, le 11 du mois courant, a laissé grande impression à Nouakchott. Le même jour, les ministres des affaires étrangères marocain et mauritanien ont signé un mémorandum d'entente pour instaurer un dialogue politique régulier et préparer la tenue de la 7éme session de la haute commission mixte, qui doit se dérouler le mois prochain à Nouakchott. Outre la coopération économique entre le Maroc et la Mauritanie, croissante depuis une décennie, les deux pays auraient besoin de coordonner leurs actions sécuritaires face à la déferlante terroriste issue d'Algérie qui a contaminé toute la région du Sahara et du Sahel. En 1976, les mercenaires polisariens avaient lancé un raid contre la capitale mauritanienne, et en 1977, il avait fallu que des bombardiers français «Jaguar» stoppent les attaques récurrentes des mêmes polisariens contre le train minier Zouerate- Nouadhibou, avant que 6.000 soldats marocains n'aillent assurer la sécurité de son trajet.