Le nouveau gouvernement français a été dévoilé hier mercredi en fin de matinée, à l'issue d'intenses tractations marquées par le refus des écologistes d'y participer. Outre Ségolène Royal, qui hérite d'un grand ministère de l'Ecologie, du Développement durable et de l'Energie, François Rebsamen, un proche de François Hollande, nommé au Travail pour se charger de la bataille contre le chômage, est l'autre nouvelle tête de cet exécutif. Le secrétaire général de l'Elysée, Pierre-René Lemas, a levé le suspense à 11H20 (GMT+2) sur le perron de l'Elysée en égrenant les noms des huit hommes et huit femmes de ce gouvernement que le chef de l'Etat voulait "soudé, resserré". François Hollande a, lui, quitté l'Elysée juste avant l'annonce pour se rendre à Bruxelles où il participera à une réunion sur la Centrafrique. Le premier Conseil des ministres se tiendra vendredi. Des secrétaires d'Etat seront cependant nommés la semaine prochaine pour compléter ce "gouvernement de combat" décidé par François Hollande après la gifle des élections municipales. Le gouvernement de Manuel Valls compte peu de nouveaux entrants. Il regroupe "des ministres avec une surface politique, une expérience, qui leur permettra de porter avec force leurs dossiers", a expliqué l'entourage du président. Comme annoncé depuis plusieurs jours, Ségolène Royal, candidate PS en 2007 à la présidentielle, mère des quatre enfants du chef de l'Etat, fait son entrée. Avec son ministère de l'Écologie, fonction qu'elle avait déjà occupée entre 1992 et 1993, elle est numéro 3 de l'équipe gouvernementale derrière Laurent Fabius, qui reste chef de la diplomatie avec le Développement international. Ségolène Royal devra compenser le refus des écologistes de participer au gouvernement, ce qui a constitué un premier écueil pour le nouveau Premier ministre. Christiane Taubira, donnée partante de la Chancellerie du fait de ses rapports difficiles avec M. Valls et de sa gestion chaotique des écoutes de Nicolas Sarkozy, reste finalement garde des Sceaux. Aurélie Filippetti demeure aussi à son ministère de la rue de Valois, en charge de la Culture et de la Communication. Marisol Touraine est maintenue aux Affaires sociales, conservant la tutelle sur la Santé selon son entourage. Jean-Yves Le Drian, un fidèle de M. Hollande donné tour à tour à Matignon puis Place Beauvau, reste lui aussi à son poste de ministre de la Défense, alors que l'armée française s'est engagée sur deux terrains depuis deux ans, le Mali et la Centrafrique. Marilyse Lebranchu, proche de Martine Aubry, garde pour sa part la main sur la Décentralisation, la Fonction publique et la Réforme de l'Etat. Hamon promu, Moscovici et Peillon évincés Les autres nominations ont donné lieu à un jeu de chaises musicales. A Bercy, une machine à couacs depuis 2012 avec sept ministres qui ne s'entendaient pas toujours, l'équipe est là aussi resserrée. Pierre Moscovici perd le portefeuille de l'Economie, que reprend Arnaud Montebourg, chargé aussi du Redressement productif et le Numérique. Michel Sapin, déjà à Bercy sous Pierre Bérégovoy dans les années 90, sera lui ministre des Finances et des Comptes publics. Il aura la lourde charge de trouver les 50 milliards d'économies d'ici 2017 nécessaires au respect de l'engagement de réduction des déficits et au financement du futur Pacte de responsabilité. Benoît Hamon, qui a pesé pour la nomination de M. Valls, bénéficie lui d'une belle promotion avec l'Education nationale, la Recherche et l'Enseignement supérieur. Vincent Peillon, candidat aux élections européennes et en difficulté avec la réforme des rythmes scolaires, est évincé. Le ministère de l'Intérieur, qui a donné lieu à un bras de fer entre MM. Hollande et Valls qui voulaient chacun y imposer leur fidèle, M. Rebsamen et Jean-Jacques Urvoas, échoit finalement à un troisième homme, Bernard Cazeneuve, jusqu'ici chargé du Budget. Najat Vallaud-Belkacem prend elle aussi du galon avec, outre son maroquin du Droit des femmes, ceux de la Ville, de la Jeunesse et des Sports. Elle cède par contre le porte-parolat du gouvernement à un fidèle parmi les fidèles du président de la République, Stéphane Le Foll, qui conserve aussi l'Agriculture. La radicale de gauche Sylvia Pinel quitte Bercy où elle s'occupait de l'Artisanat et du Tourisme mais reste au gouvernement avec le portefeuille sensible du Logement et de l'Egalité des territoires que détenait Cécile Duflot. Enfin, George Pau-Langevin hérite du maroquin de l'Outremer, en lieu et place de Victorin Lurel. A la tête de cette nouvelle équipe, Manuel Valls prononcera son discours de politique générale mardi prochain à l'Assemblée nationale. Le premier problème pour le nouveau Premier ministre sera de convaincre les écologistes de voter la confiance au gouvernement sur le pacte de responsabilité, alors que plusieurs dirigeants écologistes l'ont déclaré "invotable". Le chef des sénateurs EELV, Jean-Vincent Placé, a d'ores et déjà réservé sa réponse. Même si les écologistes ne votaient pas la confiance, le gouvernement ne serait cependant pas en péril, les socialistes ayant la majorité absolue à l'Assemblée nationale. Autre souci pour l'ex-ministre de l'Intérieur: parvenir à amener à lui la gauche du PS, très critique à son endroit. La promotion de M. Hamon, chef de file d'un de ces courants, "un Monde d'avance", est peut-être de nature à calmer leurs ardeurs.