Le quatrième round des négociations de l'accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA) a réuni, du 7 au 11 avril à Bruxelles, experts marocains et européens. A travers ces négociations, les deux parties espèrent aboutir à un accord qui aurait à marquer un véritable tournant dans les relations commerciales entre l'UE et le Maroc. Pour rappel, le Maroc est le premier pays du Sud de la Méditerranée à s'être engagé dans de telles négociations qui ont été, préalablement, précédées par un certain degré de préparation du Royaume à travers certaines réformes qualifiées d'importantes dans les différents domaines couverts par ladite négociation. D'autant plus que, pour Bruxelles, cet accord traduit «l'engagement profond» de l'UE en faveur du développement de ses échanges et de ses investissements avec ses partenaires qui choisissent la voie des réformes» et s'inscrit dans le cadre de la nouvelle génération d'accords de libre-échange que l'UE envisage de conclure avec quatre pays du sud de la Méditerranée dont le Maroc. Qualifié de suite logique dans les relations commerciales avec le Maroc après la libéralisation des échanges industriels et agricoles entre les deux parties, l'ALECA vient compléter cette ouverture existante par une intégration plus poussée du Maroc dans l'économie européenne en réduisant les obstacles non tarifaires, en simplifiant les procédures douanières, en libéralisant le commerce des services, en assurant la protection de l'investissement et en harmonisant les réglementations dans plusieurs domaines de l'environnement commercial et économique, a expliqué la même source. Parallèlement à la tenue des travaux de ce quatrième round, le Conseil des ministres et la Commission européenne, l'initiative du Parlement européen, ont accepté le 7 avril d'autoriser la promotion de produits agricoles européens sur le marché intérieur unique et pas seulement dans les pays tiers. "Cet accord permettra de renforcer la promotion des produits agricoles européens dans le monde. Les nouvelles mesures aideront les agriculteurs et le secteur alimentaire de l'UE à accroître leurs ventes à l'étranger et à consolider leur situation sur le marché intérieur de l'Union". Toujours est-il que, cet accord encore au stade du provisoire jusqu'à l'écriture de ces lignes, sera débattu, lors de la dernière session plénière du Parlement à Strasbourg (14-17 avril) avant les élections européennes de mai. S'il est approuvé par le Parlement dans son semble, le texte conclu devra encore être adopté formellement par le Conseil. Du coté marocain, la réaction ne s'est pas faite attendre. Cette disposition de la nouvelle version de la PAC européenne (Politique Agricole Commune) traduite par une modification prix d'entrée fruits et légumes Maroc/ UE risque de compromettre, si ce n'est ruiner toute la filière tomate du Maroc. Lequel effondrement causerait la perte de pas moins de 35.000 emplois et quelques 156 millions d'euros représentant la contrepartie des ventes du Maroc de tomates à l'UE. Pis encore, cette nouvelle disposition, si elle est adoptée aujourd'hui, risquerait de compromettre aussi l'avenir des relations Maroc UE. Déjà, Rabat exprime ses inquiétudes et qualifie cette démarche, émanant d'un partenaire qualifié d'historique, de retour en arrière sur des négociations qui ont mobilisé pendant une longue période les responsables marocains et européens. (Cf : L'Opinion du samedi 12 er dimanche13 avril 2014). Du coup, les relations avec l'UE risquent d'être sérieusement remises en question. D'autant plus que cette décision prise de façon unilatérale remet en question la relation de confiance et de partenariat durable de deux parties liées par un Accord. Une façon de dire du coté marocain, qu'il est, pour le moins, inadmissible de négocier des années durant, des accords commerciaux et se retrouver en cours de route avec un changement des règles de jeu. Il y va de la crédibilité de tout un processus et de l'avenir de toute une destinée commune. Le même souci fut exprimé par les professionnels du secteur agricole et plusieurs représentants de la société civile marocains qui ont observé, vendredi dernier, un sit-in près du siège de la délégation de l'Union européenne (UE) à Rabat, en signe de protestation contre l'adoption finale par les instances européennes de la décision de modification du régime des prix d'accès des fruits et légumes marocains aux marchés de l'UE. A ce titre, les operateurs marocains veulent signifier clairement à l'UE qu'elle est appelée à revoir sa décision prise unilatéralement et ce, en contradiction avec les engagements de l'Union au sein de l'Organisation mondiale du Commerce et qu'en somme, le Maroc n'a rien à craindre puisqu'il peut, tout bonnement, exporter ses produits agricoles vers d'autres marchés d'Afrique, d'Amérique Latine et/ ou de pays du Golfe.