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Mme Amina Msafer, Présidente de l'association Hadaf : : L'insertion professionnelle, grande problématique des personnes en situation d'handicap mental
Publié dans L'opinion le 19 - 04 - 2014

Alors qu'elle était présidente de l'association des parents des enfants du centre Amal à Hay Ryad à Rabat, un centre mutualiste vieux d'une quarantaine d'années, Mme Msafer assistait, d'année en année, bras branlants et cœur brisé au déchirement et aux départs douloureux des enfants en situation de handicap de l'institution. La CNOPS ne prend pas en charge les jeunes qui ont atteint l'âge de 21 ans, sachant qu'un handicap, c'est pour toute une vie, ce n'est pas une maladie qu'on traite avec des médicaments. Ces enfants avaient grandi, évolué, appris des choses et progressé dans ce centre, ils avaient été rééduqués, s'étaient créés des repères et avaient pu forger des amitiés. A l'âge de 21 ans, on leur ferme la porte, les jeunes filles restaient à la maison et faisaient le ménage et les garçons, ayant pris l'habitude de sortir dans la rue, étaient susceptibles d'être abusés, utilisés et exploités.
Une régression de tous les acquis s'ils restent sans accompagnement adéquat, faute d'institution ou de structure étatique prenant en charge les handicapés de plus de 21 ans. D'où l'initiative des parents et amis des enfants en situation d'handicap mental, qui, après réflexion, et soucieux de l'avenir de leurs enfants qui n'ont plus de place où aller, ont pensé à l'association Hadaf, un centre de formation professionnelle et d'insertion. L'association Hadaf est arrivée à point nommé, Mme Msafer, présidente fondatrice, a quitté le centre Amal pour créer Hadaf. Elle fut responsable de la commission des familles au Spécial olympic marocain pendant 4 ans, puis Globaly family leader du Moyen Orient et d'Afrique de Nord, tout un parcours, 30 ans de combat.
Constitution de Hadaf
Hadaf est la première association à avoir pensé à la formation professionnelle au Maroc et elle comporte actuellement 75 jeunes en situation de handicap mental moyen léger. Sans local au tout début, les parents se réunissaient chez les uns et les autres, soutenus par amis et familles.
Le premier travail était l'organisation de séances d'écoute des parents, au niveau d'associations de plusieurs villes œuvrant dans le domaine de l'handicap mental, une façon de discuter les attentes des parents pour un avenir en ce temps estimé noir. A travers ces rencontres a été décidé l'objectif principal de Hadaf, à savoir, l'insertion sociale et professionnelle. En partant du fait que tous ces jeunes à besoin spécifique peuvent apprendre avec de l'accompagnement et le suivi. Avec le temps, beaucoup de travail et de la persévérance, l'association a pu obtenir un terrain au dirham symbolique. Puis avec l'aide d'architectes qui ont travaillé gracieusement dans ce projet, du matériel généreusement acquis de certaines entreprises, des bénévoles, un don de solidarité de Sa Majesté Mohammed VI de la campagne de solidarité, le local fut bâti avec le cœur. La première pierre a été posée sous la Présidence de Feue Lalla Amina.
A propos de l'handicap mental
L'association prend en charge l'insertion socio-professionnelle de l'handicap moyen et léger. Cela peut être la trisomie 21 qu'on appelait vulgairement mongolien ou autres...Ce sont des enfants qui ont des difficultés à marcher, à parler..., des acquisitions qui arrivent en retard et qui ont besoin d'un accompagnement. Ils apprennent mais à leur rythme. Ils peuvent prendre des décisions mais devraient être accompagnés. Selon la loi, ils deviennent à 18 ans majeurs sous tutelle. Les personnes à handicap moyen ou léger sont inoffensifs, ils peuvent avoir des amis, communiquer, exceller dans le sport, faire des activités artistiques, apprendre à lire et à écrire et devenir plus ou moins autonomes.
Les activités
Parmi les activités professionnelle, il y a : atelier menuiserie, atelier bijoux (perlage), atelier couture, jardinage (on y apprend à faire des boutures) peinture sur verre et peinture sur tissu, cuisine et travaux manuels. En parallèle, il y a des activités éducatives: soutien scolaire adapté, soutien psychologique, soutien sportif et activité artistique. Les jeunes ont besoin de ces activités pour s'épanouir. Toutes ces activités sont guidées par des éducatrices. Ils apprennent à prendre un bus, à lire la carte d'identité nationale, une pancarte dans la rue et tout ce qui peut les aider au quotidien : faire le marché, acheter, payer...Certains excellent dans les activités sportives, les jeunes de Hadaf ont gagné des médailles, dans le cadre du spécial olympique marocain, à Shanghai, à Abu Dhabi et aux Etats Unis.
Le travail se fait également avec les familles : l'accueil, l'orientation, la sensibilisation, la formation, le dialogue, les discussions avec des intervenants de l'extérieur sur des sujets qui intéressent et interpellent les parents, tels que : « l'handicapé devant la justice », « les textes législatifs et juridiques qui ont trait à l'handicap mental », « l'héritage », « le sida »...
Les critères d'insertion
L'association accueille de jeunes garçons et jeunes filles dont l'âge varie entre 17 et 21 ans, qu'ils aient été dans un institut médico-pédagogique, qu'ils soient sortis des classes intégrées dans un établissement scolaire public, de jeunes gens en cas d'échecs scolaires répétés ou des personnes qui n'ont fréquenté aucun établissement. A leur entrée, ils sont en observation pendant un mois, ils passent dans les différents ateliers, afin d'estimer leur évolution et savoir si l'association peut leur apporter quelque chose. Et puisqu'il n'y pas d'alternatives, quelques jeunes, bien qu'ayant un âge avancé (36 ans) restent encore dans l'institution.
Le coût d'un handicapé
dans une institution
Abstraction faite des médicaments et de la rééducation s'il y a, la prise en charge d'une personne en situation de handicap mental coûte à l'association 2500 dh. En subventionnant Hadaf, l'Agence de Développement Social, le dénier public, a exigé une priorité aux indigents (plus de 50 %). L'association exige 1600 dh par mois que seulement 6 Personnes sur 75 ont la possibilité de payer. L'handicap étant le plus souvent lié à la pauvreté. Très souvent, quand nait un enfant handicapé dans une maison et que le couple travaille, pour s'en occuper, l'un des parents reste à la maison et le budget est ainsi divisé en deux. En plus, il a besoin de médicaments, l'enfant handicapé est souvent épileptique. L'association est payée en fonction du revenu et de la situation des parents. Certains payent 1000dh, d'autres 400dh, d'autres 5dh symbolique par mois (une famille a trois enfants ayant un handicap mental. Les autres parents sont obligés de payer pour ces gens.
Les services rendus par l'association sont le suivi psychologique, les différentes activités, les éducateurs spécialisés, les éducateurs techniques qui font beaucoup de travail. En plus, Hadaf a un réseau de médecins ressources bénévoles où l'association fait suivre le jeune malade : ophtalmologue, opticien, dentiste, orthopédiste... Si moyen il y a, l'association aurait pu faire venir l'orthophoniste pour ceux qui ont des difficultés de langage, l'ergothérapeute, le psychomotricien...
Problématique de l'intégration en milieu professionnel
Hadaf constitue une passerelle vers le milieu ordinaire à chaque fois que c'est possible, une insertion qui doit se faire en partenariat avec les parents. Les enfants dont l'handicap n'est pas visible sur le visage ont plus de chance d'être insérés. Il y a toujours la stigmatisation des handicapés, ce regard, il faut changer la perception de l'handicapé. Pour la société, l'handicap mental est toujours une maladie mentale.
Certains jeunes ont été intégrés en milieu ordinaire, dans des fonctions chez un tailleur, une boulangerie, une épicerie. Rien de bien sérieux puisque la loi ne les protège pas et l'employeur a peur que les autorités parlent de l'exploitation d'un handicapé. Ils sont payés au bon vouloir de l'employeur, une somme symbolique.
Cette année, Hadaf a procédé à la formation-insertion de quatre jeunes handicapés aptes à être insérés dans le centre. Ces jeunes en ont bénéficié dans différents ateliers selon des projets, l'association leur donne un prix mensuel d'encouragement.
Les subventions
Pour le financement, il y a les bénévoles, les parents, les subventions de l'ADS, de l'entraide nationale, du ministère des habous et des affaires islamiques. Cette année, Mme Bassima Hakkaoui, ministre de la solidarité, de la femme, de la famille et du développement social, octroie des bourses pour la scolarisation de ces jeunes, sur présentation d'un dossier, d'une valeur de 900dh par mois sur 11 mois, pour 32 personnes cette année. C'est insuffisant puisque les autres qui payent 200 dh sont aussi pauvres mais n'ont pas d'attestation d'indigence.
D'autres ressources viennent des manifestations de collecte de fonds organisées chaque année (des soirées de galas, des expositions et vente de produits des jeunes, les tournois au profit de Hadaf). L'association a également crée des Activités Génératrices de Revenus au sein de Hadaf, à travers la salle de conférence et Dar Diaf louées à cet effet.
La CNOPS refuse la prise en charge dans un établissement spécialisé. La société civile fait beaucoup d'activités pour ces jeunes, elle leur offre un lieu de vie, un travail mais la mutuelle refuse la prise en charge dans un établissement spécialisé au-delà de 21 ans. Alors que la mutuelle des FAR accepte de payer pour ses jeunes handicapés et que les allocations familiales et la prise en charge médicale des enfants mutualistes est à vie.
Les statistiques sont à actualiser
Les statistiques qui existent sont ceux de 2004, élaborés par le Secrétariat d'Etat chargé de la Famille, de l'enfance et des personnes handicapées. On y parle de 1 530 000 handicapés tout handicap confondu. Le handicap mental représente 22,7 %. En ce temps, l'OMS parlait de 10%, maintenant elle parle de 15% d'handicapés dans le monde alors que nous on parle encore de 5%.
L'Enquête nationale sur le handicap, réalisée en 2004 par le secrétariat d'Etat chargé de la Famille, de l'Enfance et des Personnes Handicapées, a révélé que :
5,12% du total de la population vit avec un handicap, soit 1 530 000 personnes (22,7% représente l'handicap mental. 55,7% de ces personnes sont âgées de 15 à 59 ans, soit 855 000 personnes ;
un ménage sur quatre compte parmi ses membres une ou plusieurs personnes en situation de handicap, soit plus de 1 300 000 ménages ; le taux des personnes en situation de handicap est plus élevé en milieu rural (5,62%) qu'en milieu urbain (4,81%).
Le projet de loi 62-09 qui tarde à refaire surface
Le projet de loi62-09 sur les personnes en situation de handicap pour la protection et la reconnaissance des personnes en situation de handicap tarde à prendre racine, depuis trois mandats gouvernementaux. Alors que le Maroc a ratifié la convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées et son protocole facultatif. Même la constitution de 2011, dans son article 34, a tranché sur la question en prônant la dignité et la prise en compte dans sa globalité de l'handicapé. Depuis une année, le ministère s'active avec la société civile sur les politiques publiques pour la promotion des droits des personnes en situation de handicap selon une approche droit. Ce sont des citoyens à part entière qui ont le droit de choisir, d'avoir des soins, d'être scolarisés...
Capitalisation des acquis
La société civile travaille depuis de longues années sur le handicap, elle est présente dans tout acte réalisé et dans toute décision prise, c'est pour cela qu'il faut reconnaitre son expertise dans le domaine. En plus, il faut capitaliser tout ce qui a été fait dans ce domaine. La société civile a travaillé avec le Haut commissariat aux handicapés, avec le secrétariat d'Etat chargé de la famille, de l'enfance et des personnes handicapées, avec les différents ministères. A chaque nouveau gouvernement, on retravaille sur les mêmes choses, on reprend tout de zéro et tous les antécédents sont effacés, alors qu'on devrait faire la continuité de ce qui a été réalisé et poursuivre les actions entamées pour évoluer.
Revendications
La carte de l'handicapé ou plutôt, comme convenu dernièrement, une attestation ou en quelque sorte une forme de reconnaissance qui donne droit au transport, à la priorité en milieu public...
La compensation du handicap, une allocation ou des moyens qui lui permettent de vivre normalement sa vie. On donne 200 dh d'allocation familiale pour l'enfant handicapé, comme les autres enfants, alors qu'il devrait y avoir une allocation de compensation. En France, ces jeunes reçoivent plus de la moitié du Smig.
Côté prévention
La prévention est un créneau important à promouvoir. Il y a beaucoup d'handicaps qui peuvent être évités, ne serait-ce qu'au moment de l'accouchement. Pendant la grossesse, si l'on faisait faire à la future maman tous les analyses nécessaires : la rubéole, la toxoplasmose..., certains handicaps, que le bébé attrape dans le ventre de la maman, pourraient être évitées. A l'accouchement aussi, il y a des erreurs qui se font. Ce sont des gestes très simples qui peuvent prévenir ces handicaps. Et quand le bébé nait, il est important de savoir annoncer le diagnostic aux parents. Ce sont des modules à insérer dans le cursus universitaire, au niveau des établissements scolaires, faire des séances de formation pour futures médecins, infirmiers, assistantes sociales...
La prévention, c'est aussi la prise en charge ou plutôt l'éducation précoce de l'handicapé, avec son père et sa mère.
A propos de Hadaf
Constituée en décembre 1997 à l'initiative de parents et amis des enfants en situation du handicap mental, soucieux de l'avenir de leurs enfants qui, une fois qu'ils atteignent 21 ans, devenus grands, toutes les portes leur sont fermées, ils n'ont plus de place où aller.


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