La culture de cinéma existe-elle de nos jours? Si elle existe encore, sous quelle forme se développe-t-elle? Jadis, ce fut les revues et les pages "spécial" cinéma qui pouvaient inculquer aux cinéphiles une culture cinématographique. Les revues spécialisées ont presque disparu de nos kiosques, seuls quelques journaux, par nostalgie ou par tradition, maintiennent encore leurs pages spécialisées à l'adresse de fidèles lecteurs. En plus, il fallait voir le plus grand nombre de films, de tout genre et de tous les horizons, pour être au diapason avec ce qui se fait partout dans le monde. On se souvient du cinéaste égyptien Salah Abou Seif, lors des ateliers qu'il animait à Rabat ou lors de débats à Tétouan, conseillait à ses élèves de voir 365 films durant l'année, c'est-à-dire à raison d'un film par jour. Et encore, nous étions à une époque où le spectacle privilégié est celui des salles. La vidéo permettait de visionner des films bien sur, mais ne pouvait se substituer à la salle. La réflexion de FrançoisTruffaut, critique et cinéaste français de renom, citée en promotion au début des DVD, allait dans ce sens: "La vidéo permet de voir un film et le revoir plusieurs fois, ce que ne peut permettre une projection dans une salle. En tant que cinéphile, je suis un fanatique de la vidéo". Claude Berry, producteur de films, revenait sans cesse à cette citation. La même époque voyait une floraison de publications en livres et en revues qui trouvaient un fidèle lectorat partout dans le monde. Les cinéphiles d'aujourd'hui, ici et ailleurs, jadis des "fanatiques" assidus des ciné-clubs, ont pu ériger, au fil du temps, de véritables bibliothèques de cinéma. Mais souvent, leur culture en matière de cinéma, reste très en deçà de leur richesse bibliothécaire. Néanmoins, les cinéphiles des temps actuels sont privilégiés. Ils n'ont pas à se plaindre des dispositions des films. Les DVD constituent une solution salutaire pour tous ceux qui se "nourrissent" en permanence de films. Tout est devenu disponible grâce au procédé informatique de téléchargement permettant d'alimenter généreusement le marché du piratage, resté malgré toutes les mesures répressives, un secteur incontrôlé et fluorescent. De ce fait, le nombre des cinéphiles est multiplié entraînant une large une culture par le film. Ce qui était du ressort de quelques érudits passionnés du cinéma, relève aujourd'hui de la culture générale acquise d'une manière plus ou moins légale.