Confronté à l'afflux de plus d'un million de réfugiés, le Liban a presque fermé sa frontière. Le HCR a appelé la communauté internationale à aider le Liban. Avec un réfugié pour chaque trois habitants, le Liban compte la plus forte densité de réfugiés au monde. Les Syriens constituent le tiers des habitants, s'est inquiété le ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, et c'est beaucoup plus qu'il ne peut supporter. La densité de la population a atteint 540 habitants au kilomètre carré, un taux qualifié de « très dangereux », par le ministre des Affaires sociales Rachid Derbas. La forte présence des réfugiés a eu des répercussions négatives sur l'économie, surtout que de nombreux pays n'ont pas honoré leurs engagements financiers. Les écoles publiques accueillent plus de 100 mille élèves syriens, qui sont admis gratuitement, au même titre que les écoliers libanais. Mais la sécurité reste le défi qui inquiète le plus les autorités. L'armée libanaise procède régulièrement à des perquisitions dans les campements de réfugiés, soupçonnés d'abriter des partisans du groupe Etat islamique et d'al-Qaïda. Des drapeaux de ces deux organisations et du matériel de propagande sont souvent saisis, et des centaines de suspects ont été arrêtés ces dernières semaines. Les réfugiés syriens accusés de peser sur l'économie libanaise Une étude publiée par la Banque mondiale indique que les réfugiés syriens « coûtent » au Liban « un milliard de dollars par an directement », et « 4 milliards et demi indirectement ». Cela représente environ 12% du produit intérieur brut (PIB) du pays. Le président de la Banque mondiale a déclaré que le conflit en Syrie avait coûté au Liban plus de 7,5 milliards de dollars jusqu'à l'été dernier. Selon les estimations de l'organisation internationale, le PIB a chuté de 2,9% par an entre 2012 et 2014. Pendant cette même période, 170 000 Libanais sont tombés dans la pauvreté et le taux de chômage a doublé pour passer au-dessus de la barre des 20%. Les Libanais reprochent aux réfugiés syriens de leur faire de la concurrence déloyale dans les secteurs de la construction et de l'agriculture, où ils acceptent des salaires plus bas que la moyenne nationale. Ils sont également accusés d'être en grande partie responsables de l'explosion des prix des loyers à Beyrouth et dans ses banlieues. Plusieurs familles syriennes vivent en colocation, ce qui leur permet de partager le loyer, et les Libanais ont désormais du mal à trouver des logements dans les quartiers populaires. « La grande majorité garde l'espoir de retourner en Syrie » Trois millions : c'est le nombre de réfugiés syriens qui ont fui leur pays à cause de la guerre civile qui touche la Syrie depuis mars 2011, selon les Nations unies. Quel est l'état d'esprit de ces réfugiés ? « Malgré tous les traumatismes qu'ils ont subis et les difficultés qu'ils traversent en raison de leur absence de possessions et de leur manque d'argent, la grande majorité des réfugiés syriens au Liban garde l'espoir et le rêve de retourner un jour dans leur pays, pour y reconstruire leurs maisons et leurs vies », rapporte le directeur de l'antenne libanaise de l'ONG Care Gareth Richards, qui les rencontre tous les jours. « L'urgence est de leur fournir autant de besoins de base que possible, poursuit l'humanitaire. Parce que dans beaucoup de cas, ces Syriens qui sont au Liban depuis un moment ont épuisé toutes leurs finances, ils n'ont plus d'économie et ne peuvent plus accéder à des crédits. Ils redeviennent sans-abris pour la deuxième ou la troisième fois. » Un accès aux soins quasi impossible Au Liban, de nombreux réfugiés syriens ne peuvent pas se soigner correctement. C'est le bilan d'une mission de recherche d'Amnesty International. Ils sont plus d'un million à avoir trouvé refuge dans le pays, pour fuir la guerre civile. Mais les soins de santé y coûtent très cher. Ceux qui ont les moyens d'aller dans les hôpitaux privés libanais sont très peu nombreux. Et les Nations unies n'ont pas assez d'argent pour venir en aide à tous les réfugiés. Selon Amnesty International, l'accès au soin des réfugiés au Liban est tellement problématique que certains malades ou blessés retournent en Syrie pour se faire hospitaliser. Il y a bien un programme d'aide mis en place par l'Agence des Nations unies pour les réfugiés. Mais comme ses finances sont dans le rouge, seulement 17% des fonds sollicités pour le Liban ont été versés, et le programme ne peut pas prendre en charge les soins de tous. Critères drastiques Du coup, l'agence a établi une liste de critères drastiques : elle évalue les besoins de chacun au cas par cas et décide ensuite qui sera hospitalisé ou non. Ce qui prime, c'est l'urgence. Quand le patient satisfait les critères, il est emmené dans un hôpital de catégorie C : celle réservée aux plus démunis. Mais il doit quand même payer de sa poche près du quart des soins de santé. S'il se voit refuser les subventions des Nations unies, le réfugié ne peut s'en remettre qu'aux associations caritatives. Ou regagner l'enfer syrien.