Soutenir financièrement les associations de la société civile est une bonne chose, mais à condition que les contribuables sachent comment est dépensé leur argent. Or, à en croire l'argentier du Royaume, 97% des associations marocaines qui bénéficient de fonds publics ne présentent pas leurs rapports financiers. Lundi dernier, dans une intervention faite devant la Commission parlementaire de contrôle des finances publiques, le ministre des finances a indiqué que 20% des associations marocaines qui reçoivent des subventions publiques s'accaparent 80% des fonds destinés à cet effet. La question du contrôle de l'usage des fonds publics accordés aux associations de la société civile devient d'autant plus insistante que leur nombre est passé de 664 en 2013 à 683 l'année écoulée. Et que le montant des subventions qui leur sont versées a aussi augmenté, passant de 1,33 à 1,44 milliard de dhs. En terme d'avantages fiscaux accordés aux associations jouissant du statut d'utilité publique, 51 leur ont été octroyés en 2011 et 52 en 2012. Parmi les parlementaires, la nécessité de légiférer au sujet de la bonne gouvernance des associations jouissant de subventions publiques est largement admise. La première des choses à laquelle ces associations devraient être astreintes est l'obligation de présenter leurs rapports financiers. Les associations s'activant dans le domaine social étant majoritaires, qui sont au nombre de 578, soit 84,6% de l'ensemble de ces associations subventionnées, elles reçoivent 1,12 milliard de dhs sur les 1,44 milliard octroyés, soit 84,7%. Viennent ensuite les associations à caractère économique, qui sont au nombre de 46, soit 6,7% du total, et perçoivent 181 millions de dhs, représentant 12,5% des fonds publics alloués. Un peu plus nombreuses, les associations opérant dans les activités administratives, qui sont 59, c'est à dire 8,6% du total, sont moins bien loties, car ne recevant que 183,7 millions de dhs, un peu moins de 10% des subventions publiques versées. De 2009 à 2014, les associations qui bénéficient des subventions accordées dans le cadre des comptes spéciaux du Trésor, plus précisément du Fonds spécial du produit des loteries, ont perçu un cumul de 163,4 millions de dhs. Les établissements publics participent également au soutien financier des associations marocaines, à hauteur de 929 millions de dhs au titre des années 2012 et 2013. Leur nombre a également progressé, au cours de la période précitée, passant de 2077 à 2297 associations bénéficiaires. L'association marocaine de soutien à la scolarisation a perçu pour sa part 700 millions de dhs du fonds de solidarité sociale, dans le cadre du financement du programme «Tayssir» et de l'opération «1 million de cartables». Pour l'argentier du Royaume, qui a énuméré devant les députés membre de la Commission parlementaire de contrôle des finances publiques les manquements dont souffrent les associations marocaines bénéficiaires de subventions publiques, à savoir «l'absence d'un système comptable simplifié dédié aux associations, le manque d'une base de données sur les associations et le non respect du principe de transparence et de reddition des comptes», la solution passerait par l'actualisation du cadre réglementaire et la mise en place d'un système informatique spécial. Il s'agit d'obliger lesdites associations à présenter régulièrement leurs rapports financiers, afin de faciliter le contrôle des dépenses des fonds publics qui leur sont alloués.