Il avait 13 ans lorsqu'il a rencontré pour la première fois la petite Annabel, sa cadette de quatre mois. Après sa mort, M. Humbert Humbert, Parisien, quadragénaire et ex-professeur d'anglais, ne supporte plus le choc provoqué par la perte de sa dulcinée. Il ne cesse de feuilleter ses souvenirs, de continuer à analyser ses secrets, comme si tout commença par Annabel, et sa position et son idylle. Il rédige donc ses confessions dans un journal dédiés aux concupiscences ressenties envers les nymphettes ; ces petites pucelles dont la nature n'est pas humaine mais démoniaque. Pour être certain de ne pas se démasquer, il épouse Valeria. Les mois qui suivent ne sont que dégoût et rage; il découvrit que sa femme lui fait cocu, il cherche à mettre fin à sa vie (valait-elle vraiment la peine qu'on lui brûle la cervelle, qu'on l'étrangle ou qu'on la noie ?), et passe une longue procédure de divorce qui retarda son voyage. Mais au bout de quelques mois d'hiver - atteint les Etats-Unis, les caresses des poitrails juvéniles, les baisers sur les abdomens commence à lui manquer un peu, beaucoup... La visite fortuite de la maison de M. Haze réussie à monter sa soif pour le fruit vert. Des supplices. Mais comment son sourire pourrait-il livrer autre chose que l'amour de la mère de la petite Lo.? Il rêve d'avoir Lolita à lui seul dans un coin romantique et isolé, d'envelopper sa doucette dans ses bras et sentir son parfum de musc, de commettre un péché d'une imposture diabolique. Et ainsi fût fait, "malheureusement " le hasard écarta Charlotte Haze devenue Mme Humbert (après un mariage à la mairie), écrasée par une voiture au beau milieu de la route. H.H. se veut désormais « veuf indépendant » et entreprend d'avoir une expérience érotique juvénile, inceste, qui lui permettra de se relâcher mentalement – tel qu'il est vraiment. M. Humbert Humbert ne ressemble pas aux précédents héros de Vladimir Nabokov, des isolés qui cherchent à atteindre leurs rêves, mêmes les plus déments. Vivian Darkbloom, qui écrit une biographie « My Cue », Sebastien Knight de « La vrai vie de Sebastien Knight ». M. Humbert quant à lui veut que Lolita (de son vrai nom Dolores Haze) soit à lui « Oh, Lolita, si seulement tu m'avais aimé ainsi ! ». Introduction du roman Lolita, ou La confession d'un veuf de race blanche, depuis sa parution en 1955, est devenue une sorte de classique de la littérature mondiale sans que sa dimension scandaleuse d'étiole. Rappelons d'abord les circonstances dans lesquelles avait paru ce roman. Après avoir écrit entre 1926 et 1939, neuf romans en langue russe, Nabokov décida de d'écrire un 1er roman en langue anglaise. Pourtant le contexte conservateur de l'époque, Nabokov se voit refuser le manuscrit de Lolita présenté à 4 éditeurs américains, craignant, de se retrouver en prison. L'Observateur littéraire du 14 mai 1959 reconnaît que « Lolita choque et scandalise ». Même si la question de la pédophilie était évoquée à l'époque par de nombreux critiques, le public choisit plus au moins de l'ignorer. Alfred Appel, l'un des critiques avisés de Nabokov, disait à propos de ses étudiants : « Ils ne croyaient pas qu'il y avait des choses pareilles. Il me fallait sans cesse leur rappeler que Humbert était un criminel. Il y a encore dix ou douze ans, on ne parlait pas de pédophilie. Maintenant tout le monde ne parle pas que de cela». Traduit de l'Américain et préfacé par Maurice Couturier, Gallimard, Paris, 2005 532 pages, 10,60 euros. Hind Meziani (Journaliste stagiaire)