Onze personnes ont été tuées au cours d'une attaque menée par des centaines de combattants du groupe islamiste nigérian Boko Haram contre la ville de Gamboru, dans le nord-est du Nigeria, à la suite du retrait des forces tchadiennes, ont indiqué des témoins. Trois habitants de Fotokol, une ville camerounaise frontalière Gamboru, ont indiqué que l'assaut des rebelles avait débuté mercredi 18 mars et que les combattants de Boko Haram avaient l'intention d'occuper à nouveau la ville. «Les hommes de Boko Haram sont revenus à Gamboru hier (mercredi) à moto et ont tué huit personnes», a affirmé un habitant de Fotokol, dans un témoignage confirmé par d'autres. Trois autres villageois ont été tués jeudi matin, a-t-il ajouté. Le Tchad avait réussi en février à chasser les insurgés islamistes de la ville après avoir massé des troupes à la frontière, entre Nigeria et Cameroun. Une offensive qui faisait partie de l'opération conjointe menée avec les forces nigérianes pour lutter contre le groupe armé, qui sévit depuis six ans dans la région. «Boko Haram est de retour à Gamboru», a déclaré un habitant de Fotokol. Les habitants de la ville ont noté que les forces nigérianes n'avaient pas été aperçues dans la région, laissant Gamboru sans protection depuis le départ de l'armée tchadienne. Environ 2 500 soldats tchadiens ont quitté le territoire nigérian la semaine dernière, pour être redéployés sur de nouveaux fronts, ont indiqué des sources militaires. Les troupes tchadiennes avaient, le mois dernier, escorté les habitants de Gamboru, réfugiés à Fotokol, jusqu'à chez eux. Un des habitants avait décrit Gamboru comme «une ville fantôme parsemée de véhicules brûlés, de bâtiments détruits et de maisons vides». Cette nouvelle attaque des islamistes vient ternir les succès dernièrement annoncés par le gouvernement nigérian dans sa lutte contre Boko Haram, juste avant les élections présidentielles et législatives du 28 mars, surtout si les islamistes se révèlent capable d'occuper de nouveau la ville. Les armées tchadiennes et nigériennes ont, d'autre part, annoncé en début de semaine avoir pris le contrôle de la ville de Damasak. Une ville dont la capture avait été annoncée, le 8 mars dernier, avant d'être démentie. En franchissant la rivière Komadougou Yobé, le 8 mars dernier, les forces tchadiennes et nigériennes ne s'attendaient pas à une résistance aussi farouche des islamistes. « Nous avons livré un premier combat puis un second » dans des localités proches avant d'arriver à Damasak, raconte le colonel Ahmat Youssouf de l'armée tchadienne pour atteindre Damasak, pourtant située à seulement 15 minutes à vol d'oiseau. « A l'entrée Est de Damasak, nous avons rencontré une petite résistance et ils ont laissé beaucoup de véhicules, de motos, calcinés, là-haut dans la brousse, là où il y a eu des combats ». Les deux armées qui tiennent la ville ont invité les habitants, qui se sont enfuis, à revenir chez eux. Mais pour les forces coalisées, il faut poursuivre l'ennemi dans ses retranchements. Les combats ont fait, selon les chiffres de l'armée nigérienne, plus de 300 morts. Les filles-kamikazes, nouvelle arme des jihadistes Les attentats-suicides perpétrées par des jeunes femmes ou des fillettes se multiplient au Nigeria. Orchestrés par la secte islamiste Boko Haram, ces attentats kamikazes sont d'un nouveau genre en Afrique de l'Ouest. Le 22 février 2015, une fillette de 7 ans se faisait exploser sur un marché de Potiskum, dans le nord est du Nigeria. Un mois auparavant, c'est une fillette de 10 ans portant une bombe qui tuait 19 personnes à Maiduguri. Leur point commun : elles sont jeunes, de sexe féminin et sont une nouvelle arme de Boko Haram. Certaines « sont données par leur famille, dans un contexte où toute la famille a rejoint Boko Haram : le père, la mère... Les enfants sont destinés à commettre des attentats, affirme Seidik Abba, journaliste et analyste de l'actualité africaine. Dans ce cas, les fillettes n'ont pas conscience de ce qu'on leur demande de faire ». D'autres "kamikazes" seraient recrutées directement dans les écoles coraniques selon le journaliste. « De fil en aiguille, Boko Haram réussit à les recruter, en leur vendant l'idée qu'elles vont aller au paradis. Et si l'on vous dit que se faire exploser est un raccourci pour rejoindre le paradis, c'est une idée qui peut être reçue par certaines personnes ». Il ajoute également que parmi ces jeunes filles qui se sont exploser, « on retrouve sûrement certaines qui ont été enlevées, dont on a perdu la trace et qui ont été mariées de force à des combattants de la secte islamiste ».