En Afrique du Sud, les arrestations d'étrangers ne connaissent pas de répit. D'après les derniers chiffres du gouvernement, près de 4 000 étrangers ont été arrêtés en trois semaines dans le cadre de l'opération Fiela. Initialement, il s'agissait d'une opération anticriminalité déclenchée juste après les attaques xénophobes du mois dernier. Mais celle-ci s'est peu à peu transformée en une opération contre les étrangers en situation irrégulière, décriée par les organisations des droits de l'homme. Dans les bureaux de l'African Diaspora Forum, c'est l'effervescence. Chaque jour, l'association d'aide aux migrants reçoit plusieurs dizaines d'appels de personnes victimes de violences xénophobes, déplacées ou qui demandent conseil. Salomon est Camerounais. Le mois dernier, il a été attaqué en pleine nuit à son domicile par un groupe de jeunes. Il a réussi à fuir et s'est réfugié auprès de la police. Aujourd'hui, il n'a ni domicile, ni emploi et vit chez des amis. « J'ai peur de rentrer là-bas, raconte-t-il. Entretemps, j'ai essayé d'appeler des gens qui habitaient dans la même concession que moi. J'ai constaté qu'un Kényan et sa famille étaient partis, il y avait aussi un Malawien qui est parti. Tout le monde est parti de là parce que c'est un endroit où il y a beaucoup de Sud-Africains donc les gens ont un peu peur. » Pour Marc Gbaffou de l'African Diaspora Forum, la violence s'est certes calmée depuis le mois dernier, mais les gens sont toujours traumatisés. « Lors des attaques, on a vu des centaines de personnes venir chaque jour, rappelle-t-il. Ils viennent ici pour la protection, ils viennent demander s'ils doivent quitter l'endroit où ils habitent parce qu'ils vont être attaqués... Quel conseil on leur donne : est-ce qu'ils doivent s'arranger pour rentrer dans leur pays ? Y en a qui ont perdu des choses. La violence s'est relativement calmée, maintenant c'est le gouvernement lui-même qui attaque les migrants », avance-t-il. A ce jour, près de 4 000 étrangers ont été arrêtés par le gouvernement, certains sans titres de séjour, d'autres pour différents crimes. L'ONG tente en vain de leur apporter une assistance légale et dénonce la réponse du gouvernement sud-africain qui selon eux légitime la xénophobie.