Pendant longtemps, on avait reproché à Mohamed Ousfour, le fait qu'il soit autodidacte, et par conséquent, il ne pouvait réaliser des films qu'à la hauteur de son degré intellectuel. N'ayant bénéficié d'aucune formation au préalable, Ousfour avait "écrit", réalisé et interprété des films devenus pourtant légendaires et qui coïncident aujourd'hui avec l'Histoire du cinéma marocain dont il est incontestablement le pionnier. Du "Fils de la jungle" à "L'enfant maudit", loin des lumières officielles, il a cumulé diverses expériences ouvrant ainsi la voie aux générations futures en vue d'exploiter un domaine jusqu'ici inexploré par les Marocains. Il ne fut pas le seul à s'aventurer sur un tel terrain. Bien avant lui, l'Amérique comme l'Europe pullulaient de cinéastes sans formation, qui réalisaient des films en suivant leur instinct, emportés par une passion dévorante. Les chef-d'œuvres datent de l'époque du muet quand les écoles de cinéma n'existaient pas encore. Quelle formation avait reçu Charles Chaplin, Alfred Hitchcock, John Ford, Howard Hawks, Max Linder ou Jean Renoir avant de livrer leurs premiers films? Rien. Le cinéma, il l'ont appris sur le tas, en commençant tout petit, par les petits métiers, en exécutant les basses besognes du cinéma , multiples et souvent dégradants, dont certains d'entre eux, dans leurs mémoires, vont évoquer avec nostalgie, humour et amertume. Peu importe, cette situation n'est pas propre au cinéma et de grands hommes de sciences, devenus des érudits, ne doivent que très peu à l'école. Souvent, on reste perplexe de constater, à la vue d'un film de cinéma, que l'auteur de ce film accompli sur tous les plans, a frôlé l'analphabétisme, car ayant quitté les bans d'écolier très tôt pour en assimiler les grandes pensées. Pourtant, leurs films portent en eux de grands discours et renferment de grandes idées, souvent universelles, susceptibles d'éclairer et leurs générations et les générations successives car porteurs de valeurs universelles. C'était cela le paradoxe du ...cinéma des autodidactes.