La scène artistique égyptienne et arabe en général vient de perdre une figure de proue en la personne de Hassan Mustapha, décédé le mardi 19 mai à l'aube à l'age de 81 ans. Comédien de grande valeur, au parcours long et dense, cet acteur hors du commun a marqué les mémoires par ses innombrables contributions sur la scène théâtrale, au petit et au grand écran. Le public marocain, à l'instar du public arabe, de l'Atlantique au Golf, s'est familiarisé, depuis des décennies déjà, à ce visage angélique et lunetté, à cette physionomie ronde, à ce personnage jovial mais constamment en colère qu'est celui de Hassan Mustapha. Car c'est dans les rôles secondaires que sa carrière s'est surtout développée incarnant des rôles complémentaires aux grandes stars de ce cinéma égyptien qui n'existe que par son passé. Donnant la réplique à ses compatriotes Ismail Yassine, Abdehalim Hafez, Ahmed Ramzi, Adil Imam ou Fouad Mouhandis, cet acteur va exceller à créer autour des vedettes une ambiance détendue et gaie au détriment même de son propre personnage, souvent passé pour débile et écervelé. Au fil des années, il est devenu l'incontournable bouffon par le biais duquel la star excelle et se surpasse. Dans ce contexte franchement lyrique, parfois grossier, Hassan Mustapha a joué un rôle déterminant. Né le 26 juin 1933, il rejoint l'Institut Supérieur d'Art Dramatique (I.S.A.D.) dont il sort lauréat en 1957. Depuis, il va fréquenter assidûment les scènes côtoyant les grands noms tel Ismail Yassine dont la célébrité a largement dépassé les frontières du pays. Le passage par la troupe des "Artistes unifiés" (Farquat Fananine Moutahidine) n'est qu'un plus pour enrichir sa carrière. Que l'on se souvienne de son rôle dans la pièce désormais légendaire "L'école des cancres" (Madrassat Mouchaghibine), dans le rôle d'un professeur débordé par les excès de ses élèves interprétés par Adil Imam, Ahmed Zaki, Younes Chalabi et Said Saleh et dont cette fameuse pièce, éternellement reprise et constamment plagiée, va constituer un tournant décisif dans leurs carrières. Des pièces telles "Al Ouad Al Jin", "Saidati Jamila", Haouae Sa3a 12", en plus de la pièce célébrissime "L'école des cancres" ont toutes enregistré du succès grâce à la singulière participation de Hassan Mustapha. Acteur de comédie par excellence, on lui doit l'introduction des variétés comiques à la télévision égyptienne sous forme de "Fawazir" que les chaines arabes vont plagier avec plus ou moins de succès. Il fut aidé par la comédienne Mimi Jamal qu'il épouse en 1966 et qui sera sa partenaire dans de nombreuses pièces, films et feuilletons qui passent régulièrement sur les chaines arabes. Admis à l'hôpital depuis deux semaines suite à une hémorragie, Hassan Mustapha décède à l'age de 81 ans laissant derrière lui des milliers d'admirateurs mais également une épouse et une fille comédiennes.