A l'occasion de chaque mois de Ramadan, les chaines de télévision nationales, car toutes le sont devenues, après le ralliement de la chaîne "Médi 1 TV" au pôle public ou presque, le public marocain avait droit à une dose de cinéma national. Habituellement, ces chaines inséraient dans le programme conçu spécialement pour ce mois sacré, quatre longs métrages de récente production ou coproduction marocaine. Les films choisis généralement sont ceux qui ont déjà bénéficié de sorties commerciales dans les salles ou timidement ou nullement diffusés. C'est une heureuse initiative de donner l'occasion au large public, celui de la télévision, l'opportunité de côtoyer la production nationale et de porter un jugement apprécié. Or, pour ce ramadan 2015, rien ne semble aller comme avant. Si la chaîne "Al Aoula" continue de perdurer la tradition, avec la programmation de quatre films de cinéma, ayant déjà bénéficié de leurs sorties commerciales, avec des succès plus ou moins notables, la chaîne "2M" faillit cette année à sa vocation initiale, celle de s'ériger en "chaîne du cinéma". La déception est de taille d'autant plus que la chaîne de Ain Sbaa continue de diffuser son ancienne émission "Cinéstars" qui, jusqu'à une date récente, privilégiait le cinéma national dans toute sa diversité. Après avoir épuisé jusqu'à l'os les productions "naciriennes", des "Almohades" à "Sara", proximité publique oblige, la chaîne ne trouve mieux à programmer que de se replier sur la production "farkousienne" dans son volet télévision avec ses qualités thématiques, techniques et artistiques, voire professionnelles contestées. En d'autres termes, cela revient à puiser dans le même lot de médiocrité au grand dam du public en jeune, et qui mérite assurément un meilleur sort en de pareilles circonstances. On regrette amèrement un tel abandon qui nuit considérablement au cinéma marocain, à son nombreux public et à la chaîne elle-même. Regret d'autant plus touchant quand on sait que des films marocains, ayant bénéficié de la fameuse avance sur recettes, mais qui, hélas, n'ont jamais été vus par le large public, celui essentiellement de la télévision. N'est-ce pas là l'occasion de les soumettre au jugement du public en même temps soulager leurs auteurs de leur inévitables complexes. Aujourd'hui, une chaîne dite nationale, doit assumer pleinement son rôle à promouvoir le produit local, et non pas à se contenter d'insignifiantes bandes annonces passées au même titre que la confiture et les couches pour bébés, plutôt arrêter une vraie politique de promotion en faveur du cinéma qui, en fin de compte, nourrit régulièrement et amplement ces chaines. Au lieu de se servir du cinéma, ces chaines doivent servir le cinéma.