Le nouveau rôle du Parlement s'intéresse en outre aux politiques que financent le budget et la répartition des ressources de l'État, en se demandant si le budget est dépensé au profit des services et biens appropriés, pour remplir les objectifs stratégiques et politiques du gouvernement, et non plus seulement si les dépenses sont conformes au budget. Assumer ces responsabilités nouvelles exige une transformation profonde, qui demande du temps, mais avec un échéancier fixé. Une transformation concluante aurait indiscutablement un impact tout aussi réformateur de la transparence budgétaire et de la responsabilité du gouvernement au Maroc. L'adoption de la LOLF constitue la principale réforme du budget par le Parlement en 2014. Harakat (2011) considère que les défaillances principales du Parlement sont institutionnelles, humaines et logistiques. Au niveau institutionnel, quatre facteurs ont contribué à la faiblesse de l'institution : un environnement politique changeant, le décalage historique entre ses pouvoirs formels et réels, le manque d'une réelle opposition parlementaire, et l' histoire des déséquilibres entre le pouvoir de l'exécutif et celui du Parlement. Ces facteurs ont empêché le complet déploiement du potentiel rôle du Parlement dans le processus budgétaire. En ce qui concerne le niveau technique ou des ressources humaines, ou encore la capacité logistique, la connaissance des questions budgétaires par les législateurs et l'équipement (par exemple un bureau de recherche spécialisé en analyse budgétaire) de la commission parlementaire des finances sont notamment insuffisants. Un échange plus régulier d' information entre les institutions de contrôle et le Parlement serait une autre opportunité de renforcer le rôle de ce dernier. Le site Internet du Parlement fournit aujourd'hui aux électeurs certaines informations en matière de transparence budgétaire. La mise en ligne de tous les documents liés au projet de budget de l'exécutif (dont le projet actuel et des rapports et analyses supplémentaires soumis au Parlement) et les projets de loi de finances ou les lois promulguées sur plusieurs années (même si ces dernières manquent pour 2013 et 2014). Cette information pourrait être élargie de manière fructueuse, par exemple en diffusant les minutes des débats parlementaires, les contrôles et autres rapports reçus par le Parlement. La nouvelle LOLF (2014) précise l'investissement et le rôle accrus du Parlement dans le processus budgétaire à partir de 2015, au travers d'une information plus fournie transmise par le Gouvernement, de la révision des procédures de vote de la Loi annuelle de finances et de la clarification du droit d'amendement. Dans ce contexte, le projet propose que le Parlement soit impliqué dès les premières étapes de la préparation du budget et que lui soient transmises des données précises et de qualité pour lui permettre d'assumer son rôle de surveillance des politiques publiques et des conditions de leur mise en oeuvre. Il propose aussi de simplifier la pratique du processus d'amendement de la Loi par le Parlement. Concrètement, le MinFi devra soumettre aux deux comités des finances du Parlement, avant la fin juillet de chaque année, les éléments généraux en vue de la préparation de la Loi de finances, c'est-à-dire. la situation économique l'exécution du budget en cours avant la fin juin les données sur la politique économique et budgétaire la programmation globale du budget au cours des trois prochaines années (à partir de 2018). Ce cadre général sera soumis à la discussion, mais sans vote. Dans de nombreux pays, une procédure comparable d'approbation du budget en deux étapes existe, le processus semestriel européen par exemple. Mais l ‘absence de vote peut affaiblir le rôle du législatif dans ce processus. Le MinFi, sous l'autorité du Chef du Gouvernement, est responsable de la préparation des projets de Lois de finances, conformément aux lignes directrices discutées en Conseil des ministres, comme le prévoit l' article 49 de la Constitution. Le projet doit être soumis à la Chambre des représentants au plus tard au 20 octobre. Les deux Chambres du Parlement ont alors à peine deux mois pour l'examiner, le modifier et l'approuver, avant la fin de l'année. Cet échéancier est contraignant en regard des pays étrangers, qui tendent à octroyer au moins 3 mois pour cet examen, ce qui modifie le temps alloué à l' analyse de la documentation annexée. Dans les termes de l'article 48, le projet de Loi de finances de l'année est déposé sur le bureau de la Chambre des Représentants, au plus tard le 20 octobre de l'année budgétaire en cours. Il est accompagné des documents suivants : - note de présentation de la loi de finances comportant les données concernant les investissements du budget général ainsi que les impacts financiers et économiques des dispositions fiscales et douanières proposées - le rapport économique et financier - un rapport sur le secteur des établissements et entreprises publics - un rapport sur les services de l ‘État gérés de manière autonome - un rapport sur les comptes spéciaux du Trésor - un rapport sur les dépenses fiscales - un rapport sur la dette publique - un rapport sur le budget axé sur les résultats tenant compte de l' aspect genre - un rapport sur les ressources humaines - un rapport sur la compensation - une note sur les dépenses relatives aux charges communes - un rapport sur le foncier public mobilisé pour l' investissement - une note sur la répartition régionale de l'investissement. Le projet peut aussi être assorti d'un rapport sur les comptes consolidés du secteur public. [J doit être communiqué au comité des finances pour examen.