Le cinéma d'auteur existe-il encore aujourd'hui? Si cette notion a jailli dans le milieu de la critique française dès les années 50, pour qualifier des films difficiles d'accès, élétiques, non commerciaux et obscures, elle est actuellement dépassée car les s'apparentant au genre n'existent pratiquement plus. Le genre auquel appartiendrait le cinéma d'auteur sous-entend une certaine maîtrise du cinéaste sur son film du point de vue artistique et dramatique. On considère en particulier qu'un film ne peut être un film d'auteur que si le réalisateur a la maîtrise du montage final (le fameux final cut). Pour plusieurs critiques, un auteur se reconnaît avant tout à son univers personnel. Sa signature est immédiate et se décèle par exemple dans le type de récit ou de personnages privilégié, le choix d'acteurs récurrents ou les options esthétiques répétées d'un film à l'autre (lumière, cadre, design sonore, raccords, mouvements de caméra etc.). Un auteur resterait ainsi fidèle à lui-même mais peut faire prendre à son œuvre des directions nouvelles. Une vision simplifiée du cinéma d'auteur tend à considérer que le réalisateur doit aussi être le scénariste, sans quoi il ne pourrait revendiquer la paternité complète de son œuvre. Selon une autre représentation restreinte, un film d'auteur devrait impérativement être un film indépendant, expérimental ou difficile d'accès, produit hors du système des studios et des œuvres de commande. Il s'opposerait en cela aux films de genre qui utilisent une structure codée et sont conformes à des normes d'exploitation commerciale. Cette conception du cinéma d'auteur peut cependant paraître paradoxale, car certains cinéastes qualifiés d'auteurs ont tourné quelques films de genre, par exemple des films de science-fiction ("Alphaville", de Jean-Luc Godard, "Fahrenheit 451", de François Truffaut) ou des films policiers ("Police", de Maurice Pialat). À noter que ces auteurs ont souvent rencontré le succès et ont été financés ou distribués par des majors à l'instar de la Gaumont pour Truffaut, Godard, Pialat et André Téchiné. Dans les médias et pour le grand public, le « cinéma d'auteur » est fréquemment opposé au « cinéma commercial », le premier étant considéré comme exigeant, intellectuel, élitiste et à budget réduit alors que le second est destiné au plus grand nombre ou se veut familial, divertissant et produit avec d'importants moyens. Pour certains critiques, la notion de « cinéma d'auteur » prend une valeur qualitative et devient un label. Inversement, pour certains spectateurs, le cinéma d'auteur évoque un type de film austère et ennuyeux. Le terme d'« auteurisme » est parfois employé, notamment par Noël Burch, pour qualifier l'ensemble de ce qu'il juge être les dérives de films d'auteur (surtout français) : poses faussement exigeantes, poncifs et tics visuels liés à un modernisme, un hermétisme et un formalisme paresseux, dédaignant ouvertement le scénario. Dans son numéro de décembre 2012, "Les Cahiers du cinéma" propose un certain nombre de mesures pour contrer les « dix tares » du cinéma d'auteur contemporain qu'il liste et définit (culte de la maîtrise, sérieux de pape, acteurs interchangeables, non lieux du montage etc.). Certains festivals sont spécialisés dans les films d'auteur. Le Festival international du film francophone de Namur (le FIFF) consacre sa sélection aux films d'auteur issus de la francophonie. Le festival international du cinéma d'auteur de Rabat cherche quant à lui à mettre en exergue les auteurs indépendants. Par ailleurs, les quatre plus grands festivals de cinéma internationaux que sont Cannes, Venise, Locarno et Berlin ne cachent pas leur intention de valoriser, à travers leurs sélections, le cinéma d'auteur, d'art, d'essai et de recherche.