L'exposition rétrospective "Lahbabi ou l'Architecture Poétique" qui donne à voir les oeuvres réalisées par l'artiste polyvalent Abdelilah Lahbabi de 1965 à 2016, sera présentée du 16 au 26 février à la Galerie La Palette de l'Art à Casablanca. Une rétrospective d'Abdelilah Lahbabi est seule "en mesure de révéler le cheminement suivi et réfléchi et donner à voir et à contempler des oeuvres admirables d'un artiste polyvalent qui, dans la diversité maîtrise bien son art", lit-on dans un document de présentation de cette exposition. "Lahbabi ou l'Architecture Poétique", ce titre est évocateur de ce que cet artiste peut donner à voir. Architecte, il l'est de par ses études et de par sa fonction de designer et homme de communication, relève le document, ajoutant que les portraits de Lahbabi, un constructeur qui maitrise tant la technique du dessin que l'harmonie, sont dès les années 60 d'une finesse ponctuelle parfois caricaturale. Alors que ses premières peintures allient, avec grande aisance, géométrie, forme, geste et couleur, l'évolution de ses recherches à travers le temps a amené Lahbabi à une palette plus libre, aux formes diverses et aux couleurs pures et complémentaires et parfois foisonnantes pour "chanter les saisons dans leur symphonie lyrique". "Voilà que la poésie se manifeste dans ses oeuvres pour toucher non seulement l'esprit mais aussi le coeur et l'âme du regardant", poursuit la même source, relevant que plus tard encore, tout en gardant l'esprit scientifique, Lahbabi s'est lancé dans une abstraction structurée allant jusqu'à parcelliser son oeuvre en pixellisant la représentation où lignes et couleurs s'interpénètrent dans une ambiance captivante. L'artiste-peintre Lahbib M'Seffer précise que Lahbabi, dessinateur, calligraphe, designer, peintre et communicateur, combine tout son savoir-faire, dans une harmonie captivante, alliant force et délicatesse, sensibilité et maitrise technique, couleurs et gestes, bonheur et joie créative, dans une "abstraction clairvoyante presque transparente". "Le trait se fond avec les couleurs en émotion qui vient des entrailles de l'artiste en un instant de liberté pour se fixer sur le support. Cette émotion, puissante colère ou plaisir, tristesse ou élévation spirituelle, nous entraine dans son monde, nous submerge par sa beauté ou nous provoque par sa violence", ajoute M'Seffer, commentant le style pictural d'Abdelilah Lahbabi. "Et, tel un chef d'orchestre, le maestro mène la partition en entonnant des chants calmes des fois et vibrants d'autres fois", poursuit-il. De son côté, Abdelilah Lahbabi confie qu'"aujourd'hui, après un demi siècle d'expression plastique et graphique, je doute et m'interroge sur le devenir de l'oeuvre. Suis-je en mesure d'aller encore vers l'avant?". "Quand je peins, je ne pense qu'à la peinture. Tout autre jugement m'importe peu. Je plonge, de toutes mes forces, dans ce monde mystérieux et passionnant, un monde spécifiquement personnel où la liberté est totale et le plaisir et la souffrance sont complices", souligne l'artiste, ajoutant que "depuis mon jeune âge, j'ai développé en moi le sens du détail et du global à la fois". Faisant part de son amour pour la couleur et sa "fraîcheur", ainsi que pour la forme dans sa simplicité et sa complexité, il relève qu'"avant de se concrétiser, tout doit être pensé au fond de moi-même". "Le geste n'est que le résultat d'une profonde réflexion et l'acte prend naissance avant même de germer", poursuit-il. Né le 23 avril 1946 à Fès, Abdelilah Lahbabi a suivi des études en Belgique et en France à Paris puis à Marseille à l'Ecole d'Art et d'Architecture de Marseille-Luminy. Sa première exposition officielle a eu lieu en Belgique en 1965. En 1970, à Meknès, il a inauguré avec Jilali Gharbaoui, Mohammed Kacimi et Miloud Labied, le premier Musée de Peinture au Maroc.