Poète et Artiste dans ses moments de loisirs (on ne peut qu'évoquer dans ces circonstances tristes, quelques lignes de ses longues élégies pleines de charme qu'il importe d'évoquer aujourd'hui pour ne pas rester dans l'oubli, pleurant et se lamentant sur la fin des époques révolues où il semble s'exprimer ainsi: Je voudrais contraindre la paupière de mon œil à verser un torrent de larmes, mais elle s'y refusa et y substitua un torrent de flammes! Notre poète disparu, Miloud Salmi, commença ainsi sa élégie: L'éloge de l'humilité Pour nous autres les mortels, la vie, à mon sens se résume, ainsi: Hier, aujourd'hui et demain Soit le passé, le présent et l'avenir, itinéraire commun Que la mort, hélas! viendra, à tout instant pour y mettre fin. Le passé, ne peut pas être aussi simple, j'en suis témoin, Puisqu'il s'agit du mien, depuis le jour de ma naissance, à la fois proche et lointain A vouloir philosopher sur le présent on risque fort bien de perdre la raison. Car, comme disait l'autre avec émoi, le moment où je parle est déjà loin de moi De la logique cartésienne prônée par Descartes, A cause de mes pensées, sans cesse Disparates, je m'écarte Mon esprit vagabond, n'obéit dans ses pérégrinations imaginaires à aucune logique notoire Réfractaire, libertaire, je le suis devenu au gré des déboires. L'avenir, ne m'appartient point puisque insaisissable, aléatoire. Bien malin, celui que m'en fera un quelconque présage le devin cet éternel mythomane, drôle de personnage, Qu'on prend pour un sage. Par ses spéculations fantaisistes, change sans cesse et d'opinion et de visage. la force divinatoire qu'il prétend détenir, n'est qu'illusion, donc un mirage. O homme! tu n'es point maître de ton fatum « un jonc qui tremble au vent« être combien frêle en somme, nid d'âme, recueilli à ta naissance, des entrailles de ta mère, en pleurant tu seras fêté, en grandes pompes par les tiens, heureux événement Tu traverseras la vie, à l'instar de tes semblables Connaissant au gré du temps, des joies éphémères, mais aussi, des douleurs innombrables Tu t'attacheras à l'existence, subissant soit le son de JOB et en pauvre hère tu vivoteras. Ou celui de Crésus, riche et respectable, tu deviendras. En générateur, à ton tour, tu enfanteras, donnant naissance soit à des braves ou à des ratés que tu regretteras Si tu n'es pas prématurément fauché par la mort le soir de la vie, tu connaîtras Vieillard, sénile, invivable, laissé pour compte, dont personne ne voudra. L'infortuné artiste Quinquagénaire, septuagénaire, voire octogénaire Sur son âge, on ne se fixera guère Muni d'un luth, que le temps a marqué de son indélébile tampon L'artiste à la voie monocorde et l'instrument ayant perdu, la plupart de ses cordes De concert, on fait que plus sur aucun air, ne s'accordent Délaissé par son auditoire, il s'est aligné parmi tant de, gueux à même le trottoir: Contraint par la misère d'un sort amer Il opta pour la quête d'une autre manière D'une voix chevrotante à peine audible Espérant en la charité d'hypothétiques âmes sensibles Artiste tu ne l'es plus. Mendiant tu l'es devenu Alors, ménage-toi un coin, très, très loin Adieu l'art, bienvenue à la vie d'un nouveau clochard!