La Maison Familiale Rurale de Talsint (MFRT), association ayant son siège à Talsint (Province de Figuig) et pour objet d'activité la formation des jeunes ruraux dans les métiers de l'agriculture et la contribution au développement du territoire constituant son champ d'action (Province de Figuig), a organisé des randonnées au profit de touristes français relevant du territoire formant l'espace d'intervention de la maison familiale rurale de Barbaste (Département Lot-et-Garonne - France). Ce premier projet de son genre organisé par la MFRT au cours de la période du 23 au 28 Avril 2017, s'inscrit dans le cadre des actions mises en œuvre en application de la convention de partenariat liant les deux MFR et qui a été signée en 2015 à Talsint. Dix-neuf personnes ont participé à l'aventure : Douze touristes français dont trois responsables de la MFR de Barbaste (la Présidente Mme Paulette Labadie, la Directrice Mme Francine Lavaud et l'Assistante de direction Mme Camille Polégato), le professeur Boulif Mohammed (Ecole Nationale d'Agriculture de Meknès) et sa femme et cinq membres de la MFR de Talsint (le Président, le Directeur, deux enseignants et un membre du conseil d'administration). Ils ont eu droit à des randonnées dans quatre communes : Talsint, Beni Tadjit, Boumariame et Bouyachaouene qui relèvent toutes de la province de Figuig. Le premier circuit (Lundi 24 avril) a concerné la commune de Talsint et plus précisément le périmètre du Douar Ghazouane situé à 3 kilomètres de la commune de Talsint. Trois moments forts ont caractérisé ce circuit : le premier est relatif à l'escalade de la montagne «Tasrawilt» qui a exigé de chacun des participants un effort important. Les femmes du groupe en particulier ont fait preuve d'endurance et de persévérance jusqu'à la fin de l'escalade. Une fois au sommet, tout le monde a exprimé sa grande satisfaction et a eu droit à une vue panoramique sur l'espace qui sépare la chaine montagneuse Skendis d'un côté et la ville de Talsint et le douar Ghazouane de l'autre. La descente de la montagne n'a pas été une chose facile; une espèce d'action de solidarité s'était organisée pour faciliter la descente d'un certain nombre des membres du groupe randonneur. Le deuxième moment fort du circuit est constitué par l'accueil qui nous a été réservé par un nomade ayant choisi de vivre au pied de la montagne, dénommé Mimoune. Pour la circonstance, Mimoune a rassemblé chez lui plusieurs familles constituées par ses proches : les femmes vêtues de leurs beaux costumes ont eu le plaisir de nous recevoir par des chants et danses que les dames du groupe visiteur ont bien salués et appréciés. C'était pour nos amis français une véritable découverte sur le plan culturel. Par la suite tout le monde était invité à un petit repas sous la tente traditionnelle où nous avons goûté au Melwi (sorte de crêpe marocaine) au beurre de chèvre et au thé. D'importants et fructueux échanges ont eu lieu entre les femmes du groupe visiteur et les femmes de la grande famille de Mimoune : sur la vie des nomades, les habits, l'organisation du foyer familial, le rôle de la femme etc...Les membres du groupe visiteur ont ensuite constaté la façon traditionnelle de moudre le blé par l'une des femmes de notre hôte, opération qui se fait par le moyen d'une meule traditionnelle, de même nous avons bénéficié d'une démonstration de l'opération d'agitation du lait contenu dans une outre et qui débouche sur la séparation du beurre et du petit lait. Avant de quitter les lieux, Mimoune a tenu à nous faire visiter sa micro exploitation aménagée au sein d'un grand espace aride et qu'il irrigue par pompage. Cette dernière porte quelques oliviers, grenadiers et figuiers en plus de quelques cultures maraichères (oignon, petit pois, menthe...). L'eau qui sort du coin d'une colline qui surplombe son exploitation est de loin insuffisante pour irriguer ses cultures. Le groupe visiteur a pu constater une autre manière de vivre, d'organiser la vie, de répartir le travail entre les membres du groupe familial, la capacité de résistance de cette famille etc... dans le cadre d'un espace aride. Nous avons constaté également l'importance de la solidarité entre les membres du groupe familial. De chez Mimoune, nous avons pris la direction du douar Ghazouane où nous allons déjeuner et visiter plusieurs sites. En cours de route, les amis visiteurs français vont constater l'existence de plusieurs rivières mais où n'existe aucune goutte d'eau; l'eau n'y coule que pendant l'hiver et quand il pleut. De temps à autre on découvre quelques espèces de petits animaux composant la faune locale. Après le déjeuner au domicile du président de la MFRT (Lahcen El Ameli), le groupe a visité le douar Ghazouane, une agglomération d'habitats regroupés et collés les uns aux autres. Un douar des plus anciens de la région et existant depuis plusieurs siècles. Les touristes ont marqué un temps d'arrêt devant la grande et majestueuse porte du douar qui s'impose par sa grande dimension et son architecture. Il ne leur a pas échappé l'absence de travaux de restauration de cette porte qui est plus qu'un symbole. Les habitants du douar Ghazouane se partagent l'espace d'un périmètre irrigué de plus de 300 ha et dont l'eau d'irrigation vient de sources se trouvant au lieu-dit « Tit ntazarte » à l'amont du périmètre et sur la route menant vers la ville de Missour, sources qui ont été visitées par le groupe pendant le premier jour de son séjour dans le territoire de Talsint. La visite a concerné également la grande source dite « Atiq » qui alimente les foyers du douar en eau pour boire mais qui permet aussi d'irriguer une portion de l'espace agricole du douar. Les membres du groupe visiteur se sont fait une idée sur la petite dimension des exploitations agricoles, sur les systèmes productifs mis en œuvre et sur l'importance de la gestion de la ressource eau. A la fin de ce premier circuit les randonneurs ont escaladé une petite montagne d'où l'on peut voir complétement le douar Ghazouane : l'agglomération d'habitats, le dôme de l'ancienne mosquée et le minaret de la nouvelle, l'oliveraie du douar, la collection de peupliers qui ornementent la grande rivière de Ghazouane et celle d'autres arbres qui composent l'espace arboricole du douar. Le groupe a quitté le douar Ghazouane à 19H pour rejoindre la MFRT. Le deuxième jour du séjour du groupe (Mardi 25 Avril) a été consacré à la visite de différents sites au niveau de la ville de Talsint : le souk hebdomadaire où le groupe a pris connaissance des étalages de différentes natures de marchandises (fruits et légumes, vêtements, appareils électroménagers, outils de travail, couvertures et draps etc...). Les producteurs locaux est particulièrement les femmes y proposent différents produits : œufs, poules et coqs de ferme, huile d'olive etc... La production proposée à la vente est naturellement de faible quantité, dimension du marché oblige. La visite a porté également sur une coopérative féminine où le groupe a pu voir les femmes à l'œuvre pour produire des tapis de petites dimensions. Enfin le groupe a été reçu par les responsables de la commune de Talsint dans la grande salle des réunions de la commune. Au nom du président de la commune, nous avons été reçu par Monsieur le Premier Vice-Président de la commune et le Directeur de cette dernière qui, après les expressions de bienvenue au groupe, ont donné une présentation de la commune, sa dimension, son potentiel, ses réalisations ainsi que les contraintes au développement du territoire. Quelques échanges ont eu lieu entre les membres du groupe visiteur et les responsables de la commune qui ont apporté des réponses aux questionnements des visiteurs. Comme de coutume les invités ont eu droit à un thé après quoi nous avons regagné la MFRT pour le déjeuner. Le deuxième circuit de randonnées (mercredi 26 avril) a concerné les douars Tameslamt, Al Kaf et Astad relevant tous les trois de la commune de Boumariame. De bon matin, le bus nous dépose au douar Tameslemt et plus précisément chez un agriculteur monsieur Oumadrar chez qui nous avons pris un deuxième petit déjeuner. Le groupe a visité son exploitation (pommier, amandier et quelques cultures maraîchères essentiellement); une exploitation d'un grand potentiel disposant de ressources hydriques considérables mais qui est malheureusement mal entretenue et mal gérée. De là le groupe va visiter un moulin à eau servant à écraser le blé, un système de production ancestral qui subsiste encore de nos jours; nous avons visité également une unité traditionnelle de trituration d'olive et enfin la source d'eau qui irrigue le douar de Tamslemt. Dans un second temps le groupe va s'engager dans sa randonnée. Dans cet exercice le groupe va longer le pied de la montagne qui domine ce douar pour aller au douar Asdad se trouvant à 14km à l'ouest du premier. Après 8 km de randonnée le groupe arrive au douar Al Kaf. Après un petit moment de repos, où nous avons eu droit à un thé avec du pain et de l'huile d'olive, nous avons quitté en bus pour aller au douar Asdad pour déjeuner. Avant le déjeuner le groupe a visité l'ancien douar situé sur le pied de la montagne qui le domine. Là aussi nous avons visité la grande source où les habitants viennent chercher l'eau pour boire et qui sert par ailleurs à irriguer les micro-exploitations agricoles des habitants du douar. L'agriculture qui y est pratiquée est essentiellement vivrière bien que l'on constate une certaine modernisation du système de production, l'exigüité des exploitations est une contrainte majeure qui pèse énormément sur la production et le rendement. Le déjeuner a été servi au grand salon de la résidence de l'ancien Caïd Ahmed Oukmeni construite du temps du protectorat français et où le kaid tenait ses réunions avec les représentants des tribus qu'il gouvernait à l'époque. Nos amis français n'ont pas manqué d'observer la particularité de l'architecture la grande dimension de la résidence qui ressemble à un château ainsi que les matériaux de construction (pisé, toit en bois fort etc...) Avant de quitter le douar Asdad, quelques écoliers qui venaient de quitter leur école pour rentrer chez eux passent à côté de nous et nous ont surpris par la récitation de quelques chansons en nous souhaitant la bienvenue dans leur contrée, geste qui était fortement salué par les membres du groupe visiteur. La troisième randonnée (le jeudi 27 avril) a concerné le douar Ait Sbaa relevant de la commune Beni tadjit et se trouvant à environ 70km de Talsint. Le groupe a été accueilli par le président d'une association de développement du douar, les élèves de l'école primaire du douar et à leur tête leur professeur et un groupe d'hommes et de femmes du douar qui avait pris la peine de venir nous souhaiter la bienvenue. Après un thé sous une tente traditionnelle et d'intenses échanges entre les femmes du groupe visiteur et les femmes du douar dont certaines sont des leaders au niveau d'associations, le président de l'association a invité le président de la MFRT et la présidente de la MFR de Barbaste à planter deux arbres comme symbole de l'amorce d'une relation entre les deux MFR d'une part et le douar Ait Sbaa d'autre part, ce qui fût fait au milieu d'applaudissements de l'assistance. De là le groupe a été invité à visiter le douar, la source miraculeuse d'Ait Sbaa où s'agitent indéfiniment des hordes de poissons qui s'y reproduisent depuis plusieurs siècles, selon les dires des habitants. La particularité de cette source pleine de poisson réside dans le fait que le poisson ne peut être ni pêché ni mangé. Nous avons également visité Tijant (appellation berbère), bassin d'accumulation de l'eau venant de la source miraculeuse et qui sert à l'irrigation des micro-exploitations des habitants qui ont préféré y rester (les autres ont quitté pour s'installer ailleurs). La répartition de l'eau d'irrigation sur les exploitations est faite selon un système ancestral que tout le monde respecte et qui repose sur les droits d'eau que possède chacun des exploitants. Au niveau du bassin se trouve immergée une longue barre en bois qui sert comme instrument de mesure permettant de déterminer le temps d'irrigation qui revient à chacun; un système qui mérite d'être étudié et approché par les agronomes mais aussi par les sociologues. Sur la route du retour à Talsint on voit la montagne dite Oul Oufounass (le cœur du taureau) semblable à une pyramide que l'on voit dressée à quelques km du douar Ait Sbaa. Après la prise de photos, le groupe a quitté pour aller visiter une petite exploitation moderne à Beni Tadjit appartenant à l'un des membres du conseil d'administration de la MFRT, un ancien directeur de coopérative dite de la réforme agraire et grand technicien agricole, nommé Moughli Abderahmane. Ce dernier a présenté au groupe quelques données sur son exploitation et sur le système de production qui y est mis en œuvre. La journée s'est terminée avec un repas qui nous a été offert par monsieur Moughli sur la terrasse de sa maison. Deux invités particuliers étaient présents : deux élèves de la MFR de Talsint qui sont en stage dans l'exploitation de Mr Moughli. Le dernier circuit est celui qui nous a conduit à Ghilane (commune de Bouyechaouene, site connu par ses gravures rupestres qui témoignent du passage d'artistes dans cet espace à des époques révolues. Les gravures concernent différentes espèces d'animaux et sont cristallisées sur d'énormes pierres et roches qui sont bien agencées les unes aux autres. Sur le site de Ghilane, des hommes de la tribu Aitbouyechaouene et proches du président de la commune ont bien voulu nous servir un thé avec du melwi et du beurre de chèvre, tout le monde assis sur une longue et large natte et sous un soleil d'aplomb. En allant et en revenant du site de Guilane pour rejoindre le bus, on voit s'organiser spontanément des petits groupes qui s'arrêtent devant une plante ou un arbre particulier, d'autres sont surpris par un insecte à morphologie particulière, d'autres se contentent d'observer différents reptiles qui se faufilent à grande vitesse entre les plantes d'armoise et de l'alfa avant de disparaitre dans leurs terriers. De temps à autre, on voit non loin de nous quelques oiseaux de couleurs différentes qui animent l'espace qui n'est pas démuni de petits arbustes et de différentes petites plantes appartenant à différentes espèces . Après le site de Guilane, le groupe a été voir la source dite Nakhla à l'entrée du village d'Anoual, chef-lieu de la commune de Bouyechaouene, source qui jaillit au pied d'une haute montagne et qui sert aujourd'hui à irriguer un petit espace vert d'arbres forestiers. Avant le déjeuner, le groupe a visité la Zaouïa (La confrérie) d'Anoual et quelques commerces de produits artisanaux locaux. Le moment du déjeuner a été une séquence particulièrement importante; c'est le président de la commune lui-même, Mr Ouhliss Lhoussain qui a tenu à venir nous recevoir. Il a présenté une fiche relative à sa commune, sa dimension et son importance, les douars qui la composent, son potentiel, ses réalisations en matière de projets de développement du territoire, les contraintes et les perspectives d'avenir. Il n'a pas omis de parler du partenariat qui lie sa commune à la MFR de Talsint et a exprimé le souhait que la MFR se rapproche davantage de la commune pour plus d'échanges et d'actions en commun. A la suite de son intervention, le président de la MFRT, le Dr Lahcen EL AMELI, a tenu à saluer le partenariat liant les deux entités et à remercier le président de la commune de Bouyechaouene pour l'appui financier qu'il apporte à la MFRT et a promis d'organiser plus d'actions en faveur des jeunes et des éleveurs de cette commune. A l'issue de l'échange fructueux des membres du groupe visiteur et l'équipe de la commune de Boumariame un thé a été servi. Ainsi prend fin la dernière journée du séjour de nos amis à Talsint. Cette belle aventure - comme toutes les belles aventures - s'est vite terminée. Chacun emporte avec lui de bons souvenirs. Les échanges, les discussions, le partage de beaucoup de choses ont meublé de bons moments que nous avons vécus ensemble. Désormais, nos amis français qui ont participé à cette aventure peuvent raconter beaucoup de choses sur les territoires visités : Les sites touristiques et historiques, la beauté des paysages, la faune et la flore, les systèmes productifs traditionnels, les sources d'eau qui gratifient les habitants du douar d'eau aussi bien pour boire que pour irriguer leurs champs, la pureté de l'air, la simplicité des gens, les genres de vies, les habits et costumes, les parures des femmes, les plats à différents moments de la journée etc... Un autre type d'échange entre les membres du groupe visiteur et notre territoire est constitué par les achats effectués par nos invités dans les différents sites et douars visités : produits artisanaux locaux, cadeaux à ramener à leurs familles etc... Le partenariat entre la MFR de Barbaste et la MFR de Talsint est bien en marche...au service des deux territoires. Dr Lahcen EL AMELI
