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Maroc : Une double disparition dans les mêmes circonstances d'un festival inquiète les familles
Publié dans Yabiladi le 15 - 02 - 2024

Sur les réseaux sociaux, le hashtag #justice_for_anas est diffusé pour appeler à faire la lumière sur la disparition de deux jeunes dans des circonstances troubles. Les traces des deux disparus, âgés de la vingtaine et portant le même prénom, ont été perdues lors de deux éditions successives du festival de musique Tribal Dynamo, qui se tient dans le désert.
Ces derniers jours, deux affaires de disparition ont rappelé à certains internautes l'affaire Thami Bennani. Cette fois-ci, il s'agit de deux jeunes hommes âgés de la vingtaine, qui ont disparu successivement à un an d'intervalle, mais dans les mêmes conditions. Tous deux prénommés Anas, leurs traces ont été perdues lors de leur participation au festival de tekno parties Tribal Dynamo.
La première disparition concerne Anas Auje, en date du 31 décembre 2022. A 22 ans, il était étudiant en deuxième année de formation professionnelle d'administration des entreprises. La dernière fois que sa famille l'a vu est le jour où il a quitté son domicile dans la ville de Marrakech, aux premières heures de la matinée, en direction de Guelmim. Sa sœur, Fatima Auje, confie à Yabiladi que tout l'entourage familial avait eu initialement des réserves concernant ce voyage. Du fait d'une longue convalescence de six mois, à la suite d'un accident de la route qui a paralysé Anas de l'une de ses mains, les proches ont finalement cédé à la décision de leur fils, estimant que ce dernier avait besoin de changer d'air.
Des interrogations sur le sort d'Anas Auje
Jusqu'à son arrivé à Guelmim, Anas est resté en contact permanent avec sa famille. Il l'a notamment informée que le festival avait été déplacé dans la région de Tafraout. Pour cause, les autorités ont empêché les organisateurs de tenir l'événement à l'endroit prévu au départ. Mais jusque-là, ni Anas, ni sa famille n'auraient imaginé que les choses vireraient au drame. «Le 1er janvier, plus précisément dans la soirée, nous avons reçu un appel d'Anas. Il criait d'effroi. Il a dit à mon père d'écrire les noms de deux de ses amis et que s'il lui arrivait malheur, ce serait à cause d'eux», nous dit la sœur du disparu. Ce dernier «a ensuite été entendu en train de répéter la chahada, puis la ligne a été coupée».
Les cris d'Anas résonnent encore dans les esprits de ses proches. Fatima Auje raconte la suite, auprès de notre rédaction : «Nous avions essayé de le recontacter à plusieurs reprises. Son téléphone sonnait, mais sans réponse.» Après quoi, le contact a été rétabli, mais c'est l'un de ses deux amis précités qui a été au bout du fil. Le jeune homme a confié qu'Anas aurait consommé du LSD, qu'il aurait eu des hallucinations et que ses proches ne pourraient pas lui parler. «A chaque appel, on nous disait qu'il n'avait pas encore repris conscience. Finalement, on nous a dit qu'Anas serait parti seul et que ses amis ne savaient pas où il était, mais qu'ils avaient son téléphone et ses bagages», déplore la sœur.
C'est alors que le père d'Anas est arrivé sur les lieux et a demandé aux deux amis désignés par son fils de le rejoindre pour partir à la recherche du disparu. Mais à sa grande surprise, le père de famille a été approché par un inconnu disant avoir été envoyé par les deux jeunes, pour remettre les affaires de la victime.
«Mon père s'est rendu à la Gendarmerie royale pour signaler les faits. Il a également sillonné les hôpitaux de la région en espérant retrouver Anas, mais en vain. Au retour de notre père à Marrakech, nous avons porté plainte contre les deux amis. Ils ont été convoqués et leurs déclarations ont été contradictoires. Ils ont dit à la police qu'au moment de l'incident, ils étaient sous l'effet de drogues et ils ne se souvenaient de rien. Ils ont ensuite été relâchés, sans expertise technique sur leurs téléphones. Jusqu'à présent, nous ne savons toujours rien des suites, d'autant que l'enquête n'a pas été approfondie.»
Fatima Auje
Une disparition similaire à un an d'intervalle
La famille d'Anas Abekhane a vécu le même drame, mais un an plus tard. Le jeune homme de 25 ans a en effet disparu lors de l'édition 2023 du même festival. Originaire de Casablanca, il n'a pas prévu initialement d'y assister, puisqu'il s'est rendu début décembre à Mirleft, près de Sidi Ifni, avec l'idée de lancer un petit projet. «Nous l'avons aidé à louer un domicile là-bas, dans le but de le transformer en maison d'hôtes pour l'accueil des touristes», nous a déclaré Amina, mère d'Anas.
Jusqu'à un mois avant la disparition, les choses se passent comme prévu. «Nous communiquions avec lui quotidiennement, jusqu'à ce qu'il décide de voyager pour assister au festival, organisé cette fois-ci dans le village de Tarmigt, près d'Ouarzazate», raconte encore la mère. Arrivé là-bas, le jeune homme a contacté son père via le téléphone d'un ami, car son appareil à lui aurait été endommagé. «Il nous a dit qu'il avait été volé et nous a demandé de le rappeler au même numéro au bout d'une heure et demie, le temps de résoudre le problème», se rappelle-t-elle.
A 1h30 du matin, le père a essayé de joindre le même numéro, mais en vain, ce qui a inquiété la famille. Amina ajoute : «Nous avons continué à appeler toute la nuit, jusqu'à 16h le lendemain. Son ami qui possédait le téléphone a fini par nous répondre. Il nous a dit qu'Anas avait été dans un état hystérique et qu'après cela, ils s'étaient tous endormis. A leur réveil, ils auraient découvert qu'Anas avait pris ses affaires et quitté les lieux, sans qu'ils ne sachent où. C'est la version qu'ils nous ont racontée au début, mais plus tard, ils nous ont dit qu'il avait laissé son sac et qu'il n'avait rien pris avec lui.» La famille d'Anas et ses proches restent confus.
Tout en faisant le tour des hôpitaux, la famille d'Anas a averti les gendarmes. La mère du disparu a déclaré : «Au début, nous avons alerté les autorités parce que c'était un cas de disparition. Mais dès notre retour à Casablanca et vu les ambiguïtés dans l'affaire, nous avons décidé de porter plainte contre les amis qui accompagnaient Anas. Vendredi dernier, le procureur du roi a ordonné l'ouverture d'une enquête dont nous attendons les résultats.»
«Deux semaines après la disparition, nous avons reçu un appel sur notre numéro du domicile. On nous a dit que c'était de la part de l'ambassade espagnole au Maroc, qu'Anas avait émigré en Espagne, qu'il se trouvait dans un commissariat à Madrid et qu'il avait besoin de couvertures et de nourriture. Même si cela signifiait qu'il serait détenu, nous avons accueilli la nouvelle positivement, car cela nous a rassurés au moins sur sa localisation. Nous avons même envoyé nos proches à l'étranger là-bas, mais il s'est avéré que c'était une arnaque.»
Amina, mère d'Anas Abekhane
Après les révélations sur ces deux affaires, la hashtag #justice_for_anas s'est propagé sur les réseaux sociaux. Le festival Tribal Dynamo a été pointé par certains internautes. Dans ses déclarations à Yabiladi, la direction de l'événement a exprimé ses regrets à la suite du double drame. «La disparition des deux jeunes nous a beaucoup affectés et nous avons à notre tour essayé de les retrouver en cherchant dans plusieurs lieux, tout en publiant sur nos réseaux sociaux les informations les concernant, notamment des photos. Nous regrettons ces deux incidents qui échappent à notre contrôle. Il est vrai que ces deux cas ont quelque peu terni l'image du festival, que la direction est déterminée à préserver. Nous espérons que ces disparitions n'ont pas été préméditées par de tierces personnes», a déclaré la même source.
Un festival dans le désert
En 2015, la première édition de ce festival a été organisée sur trois jours, bénéficiant rapidement d'une forte renommée. La direction a souligné auprès de Yabiladi avoir fait le choix de tenir l'événement dans le désert, afin de promouvoir le secteur touristique dans cette région par le biais d'un rendez-vous musical. «Le fait de choisir le mois de décembre n'est pas un hasard. Cette période coïncide avec les fêtes de fin d'année, ce qui attire les visiteurs étrangers qui viennent passer leurs vacances dans la région», ajoute la même source.
Concernant une éventuelle consommation de drogues durant le festival, la direction a affirmé auprès de notre rédaction ne pas tolérer ce genre de comportements. «Mais en même temps, nous croyons aux libertés individuelles et nous ne pouvons pas surveiller les participants», a-t-elle souligné.
Par ailleurs, la même source n'a pas démenti les informations sur la tenue du festival sans autorisation. Elle a plutôt insisté sur ses nombreuses tentatives restées infructueuses auprès des autorités régionales compétentes, lesquelles n'ont jamais donné leur feu vert. Selon nos interlocuteurs, les autorités «reçoivent des doléances de plusieurs associations, qui considèrent l'art présenté par ce festival comme 'une hérésie' et une œuvre des 'adorateurs de Satan', ce que nous rejettons catégoriquement».
«Notre objectif est noble. Nous affirmons que nous voulons faire progresser le secteur du tourisme. L'ambiance du festival est celle de la chaleur humaine, de l'amour et de la paix entre les nations. Ce rendez-vous est également marqué par la présence de familles parmi les festivaliers, y compris des enfants, contrairement à ce que certains prétendent, surtout après les révélations sur ces disparitions», affirme-t-on encore.
Article modifié le 15/02/2024 à 21h50


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