Le ministre libanais des AE souligne les liens de fraternité unissant son pays au Maroc et réaffirme la position du Liban en faveur de la souveraineté et de l'intégrité territoriale du Royaume    Européennes. Le PPE garde la majorité malgré son échec français    Européennes. Les extrêmes droites triomphent    Tennis: Carlos Alcaraz remporte le tournoi de Roland-Garros    Al Akhawayn célèbre sa 25e promotion sous le signe de l'agilité et l'innovation    Le marocain Petrocab commande auprès du constructeur naval sud-coréen Dae Sun un second pétrolier qui sera assemblé à Casablanca    Globex de la famille El Kadiri rachète deux sociétés    Commande de 188 avions. Royal Air Maroc entame des pourparlers avec Airbus, Boeing et Embraer    Mobilité : vers un cadre réglementaire adapté aux trottinettes et triporteurs    e-Dirham : la solution de Bank Al Maghrib pour endiguer la circulation du cash    BAM-ANCFCC : Les prix immobiliers au Maroc en hausse de 0,8%    Le Roi Mohammed VI félicite les Souverains de Jordanie à l'occasion du 25e anniversaire d'accession au trône    Service militaire obligatoire au Maroc : Une histoire en évolution    Arabie Saoudite : un million d'exemplaires du Saint Coran offerts aux pèlerins    Israël : Démission de Benny Gantz, membre du cabinet de guerre    Développement de l'Ecole Suptech: La FRDISI franchit un seuil important entre 2023 et 2024 (M. Azoulay)    Maroc-Congo : Après les menaces de forfait, les Congolais en route vers le Maroc    Football : Manchester United prêt à offrir entre 15 et 20 millions d'euros pour Youssef En-Nesyri    Tour du Maroc cycliste : Le Français Axel Narbonne Zuccarelli vainqueur de la 33e édition    Ighermen : Un village au cœur de la crise de l'eau après le séisme d'Al Haouz    Bab Sebta: Mise en échec d'une tentative de trafic de 500 kg de tabac à narguilé    Maroc : 22 nouveaux cas Covid-19 et 1 décès    Public pressure reinstates Palestine at Paris Poetry Market    Manchester United eyes Youssef En-Nesyri with €20M offer    Bac 2024 : Plus de 73.000 candidats dans la région Rabat-Salé-Kénitra    Jazzablanca : Clôture en apothéose sur la scène Nouveau Souffle, mêlant rythmes gnawi et fusion    Jazzablanca 2024 : Candy Dulfer et Hind Ennaira conjuguent jazz et gnaoua au féminin    Kaleo, Zucchero, Makaya McCraven ... Une clôture eclectique pour la 17e édition du Festival Jazzablanca    Jazzablanca : Feu d'artifice musical pendant la dernière soirée    Le temps qu'il fera ce dimanche 9 juin 2024    La France et les Etats Unis affichent leur union face aux grands dossiers de l'heure    Diaspo #341 : El Mahdi El Idrissi, de star de boxe à créateur de champions en France    Euro-2024: Programme de la 1ère journée    Les températures attendues ce dimanche 9 juin 2024    France : Le Marché de la poésie revient sur sa décision en reprogrammant la Palestine pour l'édition 2025    Jazzablanca 2024 : une 2ème soirée imprégnée de magie et d'émotions    Dakhla. Le Festival international du film récompense les meilleurs    Sahara : le Brésil a rejoint la « dynamique internationale » en faveur de l'initiative d'autonomie (presse péruvienne)    Journée de l'Afrique en Bolivie : l'Initiative pour l'Atlantique illustre l'engagement infaillible du Maroc en faveur de la coopération Sud-Sud    Coupe du Monde Féminine U17 : Défaite du Maroc face à la Zambie (3-1) au 4ème tour aller    Musique : French Montana célèbre ses racines marocaines dans son dernier clip "Casino Life"    Niger: plus de 269 soldats américains sur 946 ont déjà quitté le Niger    Joe Biden entame une visite d'Etat en France    Le Maroc, un « modèle important » en matière de développement en Afrique    Chambre des Conseillers: M. Mayara s'entretient à Rabat avec le Président du Groupe d'amitié France-Maroc    Le Maroc et le Brésil décident de mettre en place un dialogue stratégique pour la consécration de leur partenariat solide de longue date    Tennis- Roland Garros / Tableau féminin : Une finale inédite cet après midi.    Aïd Al-Adha 2024 : voici la date officielle de célébration au Maroc    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Fikra #23 : Pour une réhabilitation des plantes médicinales au Maroc
Publié dans Yabiladi le 28 - 09 - 2019

Les plantes médicinales constituent une grande richesse au Maroc, insiste Jamal Bellakhdar, dans «Plantes médicinales au Maghreb et soins de bases. Précis de phytothérapie moderne», paru cette année. Un rappel utile alors que leur réputation a été ternie, ces dernières années, par des cas d'intoxications.
En 2014, le débat avait atteint le Parlement. S'exprimant au sujet de «la propagation du phénomène d'utilisation des plantes médicinales à des fins thérapeutiques dans les médias» après une question orale à la Chambre des conseillers, Houcine El Ouardi, alors ministre de la Santé, avait révélé que le Centre national antipoison et de pharmacovigilance du Maroc avait enregistré l'année précédente sept cas de décès à cause de l'usage inapproprié de produits faits à base de plantes, et près de 300 cas d'intoxications. L'engouement pour les conseils phyto-thérapeutiques de praticiens sur les radios populaires était alors pointé du doigt.
Dans ce contexte, le livre de Jamal Bellakhdar apparaît comme un recueil fiable des dernières connaissances scientifiques modernes appliquées aux plantes maghrébines et de conseils précis pour leur utilisation médicinale. Une référence pour un recours apaisé à l'automédication. Son usage, cependant, risque d'être limité, par le choix du français, aux Maghrébins francophones qui connaissent déjà le nom vernaculaire des plantes en France. Leur traduction est toutefois précisée en darija marocaine, algérienne et tunisienne, en lettres latines. La faible qualité de l'impression du dessin des plantes considérées entame également la praticité de l'ouvrage. Mieux vaut avoir déjà souvent regardé les plantes avant de s'y plonger !
Un potentiel «considérable» pour le secteur de la santé
Pour le spécialiste, cet ouvrage vient avant tout combler un vide : déterminer les usages médicaux des plantes que l'on trouve au Maghreb plutôt que de se référer à des plantes que l'on ne trouve parfois pas dans nos pays. «En effet, quel intérêt peut-on trouver à importer de la busserole qui figure dans tous les guides phytothérapiques, alors que la flore de nos pays possède en abondance l'arbousier et les bruyères aux propriétés semblables ?», interroge Jamal Bellakhdar.
D'après lui, la flore maghrébine compte plusieurs milliers d'espèces végétales. Seules environ 400 d'entre elles sont «exploitables économiquement» pour leur vertus aromatiques ou médicinales. Aujourd'hui, toutefois, nous n'en utilisons réellement qu'une centaine. Le précis de phytothérapie de Jamal Bellakhdar en présente 144 dans le détail et 34 autres de façon plus succincte. «Petit à petit, les plantes sont devenues étrangères à la jeunesse d'aujourd'hui. Est-ce vraiment une évolution positive ? Un marin tourne-t-il le dos à la mer ?», questionne-t-il également.
Pour le scientifique, les plantes médicinales, en dépit du peu d'intérêt qu'elles suscitent au Maroc en dehors des pratiques populaires, constituent un potentiel considérable pour le secteur de la santé.
«Face au déficit chronique de l'offre budgétaire des gouvernements en matière de santé publique, le recours aux pharmacopées populaires locales apparaît naturellement comme l'une des solutions envisageables pour assurer une couverture large aux besoins de base de l'ensemble de la population.»
Jamal Bellakhdar
Ce potentiel est d'autant plus manifeste que partout ailleurs dans le monde – et pas seulement dans les pays les plus riches –, l'intérêt pour les pharmacopées traditionnelles renaît et trouve une nouvelle validation scientifique moderne.
«On est arrivé à la situation paradoxale suivante : une science moderne disposant de tous les moyens d'investigation que lui procure le progrès technologique servant à la renaissance d'un savoir ancien, empirique, parfois naïf ou désuet, mais en même temps faisant souvent preuve d'un génie très pratique et d'une bonne efficacité (…) Que de temps et de moyens auraient pu être épargnés si les enquêteurs avaient su mener d'abord sur le terrain l'étude des traditions médicales régionales !»
Les grenades des marchants ambulants
Ces traditions, Jamal Bellakhdar les a évoquées dans son précédent ouvrage «Le Maghreb à travers ses plantes», paru en 2018. Il les raconte également sur Facebook dans de délicieux récits qui disent avec humour autant l'histoire populaire du Maroc que son savoir traditionnel. Mi-septembre, il a ainsi rapporté l'histoire du riche usage que la société marocaine faisait jusqu'à il y a peu de la grenade que l'on revoit, en cette fin d'été, garnir les charrettes des vendeurs ambulants.
«Ces grains sont tellement imbriqués les uns dans les autres que parvenir à les extraire tous sans les briser est une véritable épreuve de méticulosité et de patience. Aussi, les maîtresses-brodeuses de Kairouan, Alger et Tlemcen ont fait de l'épluchage de ce fruit un test d'évaluation de l'habileté des jeunes filles candidates à entrer en apprentissage dans un atelier d'ouvrage. Ma mère m'a raconté que ce test d'admissibilité à l'apprentissage de la broderie (triz), qu'elle a elle-même subi à l'âge de 13 ou 14 ans, consistait à décortiquer entièrement une grenade, grain par grain, sous le regard sévère de la m'alma et au-dessus d'une toile de coton, sans que la moindre tâche ne vienne souiller la blancheur immaculée de celle-ci», raconte Jamal Bellakhdar.
Les tanins de la grenade étaient également utilisés pour tanner et teindre les maroquins jaunes dans lesquels les artisans de Fès taillent les babouches et les sacoches traditionnelles.
«Et à l'automne, quand les surplus de la production de grenades arrivaient au souk des tanneurs, les passants étaient autrefois invités par les artisans du lieu à une dégustation gratuite, moyennant l'abandon sur place des épluchures : une invitation qui s'exprimait, avec humour et malice, dans l'interjection "kri foumek" (littéralement : "loue ta bouche", une façon imagée de dire "profite de l'aubaine tout en te rendant utile") lancée par les petits gavroches du souk, réquisitionnés pour l'occasion comme aboyeurs», conclut Jamal Bellakhdar.
L'auteur : Jamal Bellakhdar
Jamal Bellakhdar est un des grands ethnobotanistes marocains contemporains. ll est pharmacien et docteur en sciences de la vie. Il a commencé ses recherches en botaniques dans les années 80 et publié sa thèse en 1997 sur la pharmacopée marocaine dans le cadre de l'université de Metz en France. Depuis, il n'a cessé d'étudier la richesse de la flore du Maghreb et du Maroc. Ces dernières années, il s'est plus précisément penché sur l'écosystème végétal ouest-saharien.
L'éditeur : Le Fennec
Fondée en 1987 par Layla Chaouni, juriste et féministe, la maison d'édition Le Fennec publie toute sorte d'ouvrages en français et en arabe. Les premières années, elle publiait essentiellement des essais et des études sur les droits des femmes, de l'homme, sur les lois et l'islam. Si Le Fennec a depuis élargi son catalogue, la maison d'édition continue à publier des réflexions politiques et sociétales sur le Maroc contemporain.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.