De nouveaux affrontements entre partisans du Fatah et du Hamas palestiniens ont fait dix morts dans la bande de Gaza, et un groupe armé émanant du Fatah a dit avoir enlevé 24 membres du mouvement islamiste, qui célébrait le premier anniversaire de son triomphe électoral. C'est le bilan le plus lourd signalé au cours de violences entre Palestiniens depuis la victoire électorale du Hamas il y a exactement un an. Les Brigades des martyrs d'Al Aksa ont annoncé avoir capturé ces partisans du Hamas dans la bande de Gaza et en Cisjordanie et ont promis une "réponse sévère" si le Hamas s'en prenait à un influent activiste du Fatah encerclé à Gaza. Selon des habitants, des coups de feu ont retenti dans Gaza vendredi soir et des membres armés du Fatah et du Hamas se sont déployés dans les rues. Deux grenades RPG ont été tirées en outre sur le QG de la sûreté préventive du Fatah à Gaza-ville. Ces heurts ont entraîné le report de négociations sur la formation d'un gouvernement d'union nationale, qui pourrait être suivie d'une levée de l'embargo financier imposé par les puissances occidentales depuis la victoire du Hamas. "Le dialogue dans son ensemble pourrait voler en éclats", a averti Taoufik Abou Khoussa, porte-parole du Fatah, rejetant la responsabilité des affrontements sur le parti fondamentaliste. "Comment le dialogue peut-il se poursuivre avec une bombe sous la table ?", a-t-il ajouté. Les discussions prévues dans la journée ont été remises à dimanche. LE HAMAS JURE DE SE VENGER Huit partisans du Hamas, dont un chef local, un activiste des Brigades des martyrs d'Al Aksa, un autre activiste d'appartenance indéterminée et deux badauds ont été tués dans ces violences qui ont débuté jeudi par un attentat à la bombe. Le Hamas a juré de venger l'assassinat de ses membres et du chef local Zouhaïr al Mansi, qu'un porte-parole a qualifié de "crime grave". Il a ajouté que ses meurtriers ne feraient l'objet d'aucune clémence. "Il ne peut y avoir de dialogue avec les tueurs. Nous ne resterons pas les mains liées, et nous n'aurons aucune pitié", a déclaré un porte-parole du Hamas, Faouzi Barhoum. Les affrontements ont coïncidé avec un rassemblement où plusieurs milliers de partisans du Hamas ont marqué le premier anniversaire de sa victoire électorale sur le Fatah. A Djabalya, dans le nord de la bande de Gaza, des membres armés du Hamas ont assiégé la maison d'un activiste de haut rang du Fatah, Mansour Chalayel, qu'ils accusent d'avoir tiré quelques heures plus tôt sur un sympathisant du mouvement islamiste. A Naplouse, en Cisjordanie, des activistes des Brigades des martyrs d'Al Aksa ont exhibé plusieurs jeunes qu'ils ont capturés en menaçant d'exercer de sévères représailles si quelque chose arrivait à Chalayel. L'un de ces jeunes a lu un communiqué: "Nous, les fils du Hamas à Naplouse, demandons à la Force exécutive (du Hamas) à Gaza de se retirer des rues de Gaza et de ne pas tuer de membres du Fatah à Gaza, parce que nos vies sont menacées." Mais une source proche des services de sécurité du Hamas a affirmé que ses forces ne quitteraient pas la maison de Chalayel. QUARANTAINE DE MORTS A Toulkarem, toujours en Cisjordanie, des inconnus armés ont grièvement blessé par balles un responsable du Hamas qui sortait de la mosquée. Une quarantaine de Palestiniens ont été tués dans des combats entre groupes rivaux depuis que le président du Fatah, Mahmoud Abbas, a réclamé le mois dernier de nouvelles élections présidentielle et législatives, à la suite de l'échec d'un précédent effort de conciliation. Le Hamas a assimilé ce geste à un coup d'Etat. Abbas et Khaled Méchaal, chef de file du Hamas qui vit en exil à Damas, se sont engagés dimanche à mettre un terme à l'effusion de sang. Aux affaires depuis mars, le mouvement islamiste fait face à un embargo financier imposé par les puissances occidentales qui le somment de reconnaître le droit à l'existence de l'Etat juif et les accords israélo-palestiniens conclus jusqu'ici, ainsi que de renoncer à la violence. "Je peux vous assurer que les parties qui ont imposé le siège durant l'année écoulée n'ont pas atteint leur objectif", a dit le Premier ministre Ismaïl Haniyeh, membre du Hamas, après la grande prière à Gaza. "Le peuple palestinien a fait preuve de patience et de constance et son gouvernement n'a fait aucune concession malgré l'affront de ce siège injuste", a-t-il ajouté. Abbas, qui assiste au Forum économique mondial de Davos, en Suisse, a quant à lui estimé que trois semaines seraient suffisantes pour parvenir à un accord sur la formation d'un gouvernement d'union.