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Livre/Essai : «Espagne-Maroc : plaies non cicatrisées» (Partie 25)
Publié dans Albayane le 12 - 09 - 2012

«España - Marruecos : Heridas sin cicatrizar» (Espagne-Maroc : plaies non cicatrisées) est le titre d'un essai sociologique qui vient de paraître en espagnol à Madrid. Ecrit par le journaliste-sociologue marocain, Mohamed Boundi, l'ouvrage décortique le discours des médias espagnols sur le traitement de la question marocaine et explique les causes qui motivent la persistance dans le temps et dans l'imaginaire collectif espagnol d'un ensemble de préjugées, stéréotypes et images déformées de la société marocaine.
Chapitre III : un voisinage conflictuel
(Pages 205-209)
3.1.- Moments d'incetitude, moments de crise
Dans notre analyse, nous avons recompilé sans ségrégation les titres des informations et unités communicatives de tous les genres journalistiques. En général, les journaux, objet de l'étude, reproduisent dans leurs titres des segments d'informations qu'ils jugent importantes dans certaines périodes déterminées des relations bilatérales. Nous nous limitons ainsi à grouper les titres des nouvelles selon le Genre et la Section. Dans l'évaluation du contenu, nous nous sommes appuyé sur l'identification du ton (positif, négatif ou neutre) attribué aux éléments constitutifs des significatives : migratoire, diplomatique et territoriale.
3.1.1.- Las patéras de la discorde
En été 2001, une crise a surgi dans les relations bilatérales à cause, entre autres, d'une interview du roi Mohamed VI au quotidien français le Figaro, publiée el 4 septembre. Il a particulièrement expliqué : « au Maroc, nous n'avons jamais occulté le problème de l'émigration. C'est un problème réel. Ce que nous n'acceptons pas, c'est que Madrid dise que toutes les difficultés de l'Espagne viennent du Maroc ». Pour le souverain, les embarcations utilisées dans le transport des immigrés clandestins entre les deux rives du Détroit de Gibraltar, sont acquises en Espagne par des réseaux mafieux: « qu'il y ait des mafias au Maroc qui vivent de l'émigration clandestine et du trafic de drogues, c'est vrai. Mais en Espagne, il y aussi des mafias et elles sont plus riches qu'au Maroc. Les bateaux qui embarquent les clandestins viennent d'Espagne. Ils coûtent très cher et ils sont équipés de moteurs hyper-puissants qui rendent ces bateaux bien plus rapides que les vedettes de notre marine ». De même, les trafiquants de drogue qui opèrent dans la zone ont la double nationalité : « quant aux trafiquants de drogue marocains, ils ont des passeports espagnols et des comptes bancaires en Espagne. Ce n'est pas nous qui leur avons accordé la double nationalité ». En matière migratoire, le souverain a admis que « la responsabilité est partagée » tout en reconnaissant que « du côté du Maroc, c'est beaucoup par manque de moyens ».
Le ministre espagnol des Affaires Extérieures, Jose Piqué, devait assumer la mission de répondre, trois jours plus tard, au roi du Maroc en déclarant dans un entretien au journal El Mundo du 6 septembre, que la connivence de la police marocaine avec les mafias de l'immigration constitue « une évidence très claire que personne ne peut nier ». Piqué a insinué que dans les plages de Tanger et lieux parfaitement connus, s'agglomèrent des milliers de personnes « prêtes à partir sur leur ordre » vers les cotes espagnoles « mettant en danger des vies humaines ». Il a accusé les autorités marocaines de « ne pas intervenir avec suffisamment d'énergie contre les mafias ». Selon le chef de la diplomatie espagnole, « les virements des émigrés, qui sont le principal produit d'exportation, sont supérieurs aux recettes du tourisme et des exportations de phosphates ». Cette déclaration a rendu encore plus tendue la crise entre les deux Etats et provoqué le report sine die de la Réunion de Haut Niveau prévue à la fin de 2001.
L'échange de déclarations entre hauts responsables marocains et espagnols est intervenu quelques semaines seulement après la conclusion d'un accord sur la régulation de « manière ordonnée et coordonnée » des flux de la main d'œuvre entre les deux pays. Il a été signé le 26 juillet à Madrid par le vice-président premier du gouvernement et ministre espagnol de l'Intérieur, Mariano Rajoy, et le ministre marocain de l'emploi, de la Formation Professionnelle et de la Solidarisé, Abbés El Fassi, deux personnalités qui vont, quelques années plus tard, assumer la présidence des gouvernements de leurs deux pays respectifs.
En 2001, les corps de sécurité espagnols ont intercepté un total de 19.243 clandestins dont 15.149 au large des cotes d'Andalousie (sud) et 4.090 autres dans les îles Canaries, selon un bilan du ministère espagnol de l'Intérieur diffusé en décembre de la même année.
3.1.2.- Des manieres, griefs et rupture
Le gouvernement de Rabat a rappelé pour consultation sine die son ambassadeur à Madrid, Abdeslam Baraka, le 27 octobre 2001. Pour justifier sa décision, Rabat a mentionné « une série d'attitudes de l'Espagne hostiles à l'égard du Maroc ». Madrid s'est déclarée surprise d'une telle mesure. Sans recourir à l'habituelle rhétorique diplomatique, le président du gouvernement espagnol, José Maria Aznar, a averti que « si le gouvernement du Maroc veut expliquer un quelconque motif, il sera de sa responsabilité de le faire parce que le gouvernement espagnol n'a rien à dire ». Il a toutefois signalé que les relations entre les deux pays étaient fluides tout en niant toute sorte de crise diplomatique.
Le 31 octobre, le ministre marocain des affaires étrangères et de la coopération, Mohamed Benaissa, a lu devant le Parlement un mémorandum de griefs qui justifient le rappel pour consultation de l'ambassadeur Baraka citant particulièrement des « causes et affaires sensibles et d'extrême importance pour notre pays», telles les critiques à l'égard de l'institution monarchique ou la question du Sahara. Benaissa a attribué ces causes à l'échec, en avril 2001, des négociations en matière de pêche entre le Maroc et l'UE et les menaces de représailles manifestées par Madrid. « Nous nous sommes rendus compte d'un gel de la coopération économique et financière de la part du gouvernement espagnol », a révélé Benaissa. Il a accusé l'Espagne d'avoir sollicité le report de la Réunion de Haut Niveau et de vouloir attribuer au Maroc toute la responsabilité concernant les flux migratoires irréguliers. Il a de même reproché à Madrid d'adopter une étrange attitude à l'égard de la question du Sahara qui « ne concorde pas avec celles des autres pays de l'UE au moment où la communauté internationale s'efforce à trouver une solution à ce conflit artificiel ». Il s'est déclaré surpris devant « l'étranger silence du gouvernement de Madrid face à la campagne tendancieuse menée par les médias espagnols contre le Maroc et ses institutions ».
3.1.3.- Le maudit caillou
Le 11 juillet 2001, un détachement de gendarmes marocains a débarqué à Toura/Laila (Persil pour les espagnols), un minuscule îlot situé à 200 mètres de la cote marocaine et à quatre kilomètres au large de Sebta. A partir de ce moment, les événements se sont succédé à une vitesse vertigineuse à tel point que les deux Etats se sont trouvés au bord d'un conflit armé aux conséquences imprévisibles. La crise pour ce faux contentieux territorial s'est vite convertie en la question centrale au débat sur l'état de la nation au Congrès des Députés espagnols (15 juillet). A l'unanimité, les groupes parlementaires, y compris le socialiste, ont exprimé leur soutien à toute action que comptera entreprendre le gouvernement pour rétablir le statu quo d'avant le débarquement des militaires marocains. Le 17 juillet, à 06 :17, les forces armées espagnoles ont pris le rocher à la suite de la mobilisation coordonnée des armées de terre, de mer et de l'air. L'opération, qui n'a rencontré aucune résistance militaire, s'est achevée sur la reddition des six gendarmes marocains surpris dans l'îlot. Comme il était prévu dans de telles circonstances, les déclarations se sont multipliées des deux côtés. A Madrid, la ministre des Affaires Extérieures, Ana de Palacio, nouvelle nommée, a réclamé le rétablissement du statu quo d'avant le 11 juillet et accusé le Maroc d'agir de « manière hostile » à l'égard de son pays. Son homologue Mohamed Benaissa, a rétorqué en affirmant que l'Espagne devait « immédiatement évacuer » l'îlot et signalé en même temps que Sebta, Melilla et les Iles Jaâfarines sont une question en suspens à résoudre par les deux Etats. Grâce à la médiation des Etats-Unis, Rabat et Madrid ont abouti le 21 juillet, à un accord reconduisant le statu quo antérieur au conflit autour de l'îlot. Les espagnols ont ainsi repris leur drapeau, planté au sommet d'une roche, avant d'abandonner l'îlot. C'est l'incident le plus significatif entre les deux Etats depuis l'opération militaire franco-espagnole, « Ecouvillon » contre l'Armée de libération du Sud marocain (ALSM) qui s'est achevée sur la signature d'un accord entre Madrid et Rabat sur la rétrocession de la province de Tarfaya, le 1er avril 1958.


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