L'auteur du livre-témoignage “Prisonnier de guerre des bagnes de l'Algérie et du Polisario”, M. Ali Atmane, pilote de chasse dans l'armée de l'air marocaine, a indiqué qu'il a pris la décision de faire traduire son Œuvre en espagnol en réponse au déchaînement des média espagnols contre le Maroc. “J'étais écoeuré franchement quand je voyais des médias espagnols, surtout à la suite des événements de Laâyoune, se déchaîner contre le Maroc. C'est là que j'ai décidé de traduire ce livre en espagnol”, a-t-il expliqué dans une interview au quotidien “L'Opinion”, publiée mardi. Cet ancien pilote, de 64 ans qui avait passé 26 ans détenu dans les camps de Tindouf (de 1977 à 2003), avait fait paraître en français son témoignage poignant contre les geôliers, décrivant son calvaire lors de cette détention, ballotté entre les hauts responsables militaires algériens et ceux du polisario. M. Atmane, qui rappelle avoir organisé en décembre 2010 en compagnie d'autres prisonniers du Polisario un sit-in devant l'ambassade d'Espagne à Rabat, affirme que la traduction espagnole réalisée par M. Ismail El Outmani, professeur à la faculté des lettres de Rabat, s'adresse au public espagnol pour combler un vide car “la population espagnole n'avait à sa disposition que des livres, des écrits tendancieux algériens, du Polisario, ou des pro-polisario qui pratiquent la désinformation et diabolisent le Maroc”. Le témoignage sur ses 26 ans de détention comprend des “éléments fiables”, a affirmé cet ancien prisonnier de guerre, exprimant l'espoir que cette publication “contribuera à l'amélioration de l'information sur ce qui s'est réellement passé dans les camps de Tindouf, en Algérie”. A propos des échos de la version française de son témoignage, l'auteur s'est dit satisfait des ventes et des nombreux appels téléphoniques de personnes qui ont lu le livre, y compris d'anciens militaires qui étaient impressionnés par la rigueur chronologique avec laquelle les faits ont été cités. L'écriture de cet ouvrage a été “une formidable cure psychologique” qui a laissé “un sentiment de satisfaction après un devoir accompli”, a-t-il indiqué avant de faire état d'une suite à son témoignage où il veut “mettre en exergue les souffrances des familles des détenus du Polisario et le rôle de la femme dans ces situations complexes” Extrait : Mohamed Salem Yahdith a été tué «J'ai demandé des nouvelles de mon ami et camarade d'infortune, le guide Mohamed Salem Yahdith, qui avait fait avec moi le voyage du lieu de notre capture jusqu'à Tindouf. Tous les anciens prisonniers m'ont hélas affirmé qu'il était mort. Mais lorsque j'ai demandé où, quand et de quoi, chacun y est allé de sa version. Tel prisonnier m'a raconté qu'il avait travaillé avec Mohamed Salem Yahdith à Djebilete et qu'un jour, le puissant responsable nommé Omar Ould Ali Bouya l'avait enterré vivant. Tel autre a affirmé que le vieux guide capturé le 24 août 1977 à Boujdour, était mort devant lui suite à une bastonnade qu'un gardien lui avait administrée un matin au poste Saïd. Un autre m'a rapporté que mon ami était mort dans un autre poste où les prisonniers travaillaient sous le fouet pour les faire courir, mais que Mohamed Salem était tellement épuisé qu'il n'arrivait pas à suivre le rythme des autres beaucoup plus jeunes que lui, suite à quoi les gardiens l'auraient battu à mort. Le prisonnier infirmier, nommé Allal, originaire de Taza, m'a dit pour sa part que Mohamed était mort d'épuisement dans son infirmerie. Toujours d'après Allal, le guide aurait perdu la raison pendant son séjour à l'infirmerie avant de mourir. Bien d'autres versions m'ont été données, mais la réalité était difficile à dégager. Ce qui est sûr, c'est que tous les cas de décès que les prisonniers m'ont décrits ont bien existé. Beaucoup de prisonniers marocains et mauritaniens ont été tués dans différents camps de la région de Tindouf, mais dans lequel se trouvait Mohamed Salem Yahdih lors de son décès? Je ne saurais le dire avec certitude. Dans cette prison, la fatigue, l'épuisement et la peur (la vraie peur qui est le résultat d'un état de terreur quasi permanent) saisissent tous les prisonniers lors de chaque distribution générale de coups de câble. Et lorsqu'on a peur pour soi, on ne peut pas être attentif à celui que l'ennemi tue de coups juste à côté de vous. L'effroyable douleur du câble et la panique nous empêchait d'arrêter notre regard sur un agonisant. La peur du câble rend aveugle et nous pousse à courir plus vite qu'il n'est possible à un homme épuisé, sale, mal nourri, en manque de sommeil et soumis au travail forcé du lever du jour jusqu'au crépuscule. Nos tortionnaires nous faisaient courir chargés de lourdes briques en terre sur les épaules ou tenant d'une main le bout d'une «charia» chargée de boue. Tout le monde courait, mais personne n'échappaient aux coups de câble que le gardien distribuait à l'aveuglette. Malheur au prisonnier qui tombait de fatigue ou d'un malaise quelconque. Les gardiens s'acharnaient alors sur lui avec la seule volonté de le remettre debout à coups de câble. Il est difficile d'imaginer l'enfer qu'ont vécu les prisonniers marocains et mauritaniens dans les geôles du Polisario sur le territoire algérien et avec la complicité des autorités militaires de ce pays».