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L'odeur du cinéma !
Humeur
Publié dans Albayane le 08 - 12 - 2013


Humeur
Me voici devant le Cinéma Rialto où je ne vais plus depuis longtemps. Je viens assister à la cérémonie d'ouverture de la 10e édition du Festival Cinéma et Emigration de la ville d'Agadir... Gigantesque houle humaine devant la salle magnifiquement parée, ornée, décorée, maquillée pour accueillir cette manifestation artistique et cinématographique de grande envergure...
Photographes, journalistes, artistes, réalisateurs, actrices, acteurs, spectateurs...Banderoles, tapis, affiches, portraits géants, lumières, musique, chants: Ambiance festive impressionnante et envoûtante... Belle fête du cinéma!... En attendant l'arrivée des Officiels pour la cérémonie d'ouverture, les citoyens de le ville du soleil et de la mer profitent de l'aubaine pour prendre des photos-souvenirs avec leurs idoles nationales venues assister au festival. Nos acteurs et actrices se laissent fièrement prendre au jeu, salués par les uns, embrassés et étreints par les autres, arborant leur plus rayonnant sourire. Apparemment, ils ressentent plus de plaisir et de réjouissances que leurs fans!... J'ai la joyeuse surprise de croiser l'acteur comique français d'origine marocaine Khalid Belkacem. Je le salue chaleureusement. Je le félicite vivement pour sa belle prestation dans le film comique "Beur sur la ville". Je lui précise que je l'ai vu uniquement sur mon petit écran car dans notre grande ville, il n'y a pas de salles de grand écran. Il m'exprime son regret et sa compassion pour cette réalité affligeante et désolante avec une grimace d'apitoiement... Je ne lui demande pas de prendre une photo avec moi comme le font presque tous les gens venus à cette cérémonie d'ouverture. Je n'ai pas d'appareil-photos et mon portable moyenâgeux n'en est pas doté , hélas!... On dirait que tous ces gens ne sont venus que pour se prendre en photo avec les stars de notre cinéma national! Moi, je n'ose pas leur adresser la parole. Timidité? Humilité? Que sais-je? J'évite surtout de parler avec les actrices qui se pavanent, l'air altier, se prenant pour des stars Hollywoodiennes posant devant des nuées de photographes sur le tapis rouge de Cannes!...
J'attends patiemment que ce portail vitré s'ouvre et je fais un superbe flash-back dans ma tête: Je me revois, âgé de huit ans, mon ticket à la main, faisant la queue devant le Cinéma Salam de notre quartier populaire ( cette salle est à présent fermée depuis belle lurette, bien avant le Cinéma Rialto) . Féru de cinéma depuis ma prime enfance, j'allais au Cinéma Salam si souvent qu'il était devenu un deuxième chez moi. Quels sublimes souvenirs! Quelle délicieuse nostalgie!... Mon invitation à la main, j'attends sagement, comme je le faisais quand j'étais enfant, avec la ferme intention d'enter malgré la foule qui commence à m'embarrasser sérieusement: On me bouscule, la houle m'entraîne... Je résiste à mon tempérament farouche et à ma subite décision de tout laisser tomber, de rebrousser chemin et de renter chez moi. Je résiste pour l'amour du cinéma; Quel sacrifice! Je fais l'impossible pour éviter de me coller à une dame juste en face de moi de peur qu'elle prenne mon contact physique pour un harcèlement sexuel!..Je me sers de mon cartable comme bouclier ou armure contre toute éventuelle collision indépendante de ma volonté!...Ouf! Le portail s'ouvre enfin après cette longue attente asphyxiante. Brandissant mon invitation à qui veut la prendre, poussé par des personnes que je ne connais ni d'Adam ni d'Ève, je me retrouve à l'intérieur tout en sueur. Quelle aventure! Je foule le sol du Cinéma Rialto avec une vive émotion comme un exilé qui rentre au pays natal après de longues années! J'ai même envie de me baisser et embrasser le sol mais je crains qu'on me prenne pour un malade mental!... Cela fait très longtemps que je ne suis pas entré à ce lieu magique de divertissement, moi qui le fréquentais si souvent. Comment voulez-vous, bonnes gens, que nos retrouvailles ne soient pas émouvantes?
Je reste un long moment admirant les affiches des films programmés au festival. Je me rappelle ces interminables soirées passées au Cinéma Rialto avec les copains, regardant les affiches des films, les discutant, donnant nos impressions et nos points de vue sur les films, les réalisateurs et les acteurs. Nous frimions, la cigarette collée à la commissure droite, mâchant notre chewing-gum, jouant aux cinéphiles chevronnés et aux critiques cinématographiques érudits, imitant les animateurs du Ciné-Club de l'époque!.. .La belle époque!...Soudainement, je me rappelle ma place favorite en orchestre; Cette place où j'avais l'habitude de m'asseoir chaque fois que j'entrais au Rialto pour un moment de rêve et d'évasion. Je dégringole l'escalier avec une ardeur et une fougue juvéniles croyant naïvement avoir encore vingt ans! ... Mirage? Miracle? Je trouve ma place d'antan libre. Est-ce qu'elle m'attend? Est-elle aussi heureuse de me revoir, de me recevoir, après toutes ces années de solitude, de silence et de vide? Je me laisse savoureusement choir dégustant cet instant d'euphorie extrême. Comme ce fauteuil est doux, spongieux et moelleux! Comme il m'a manqué tant d'années! Je me mets à l'aise. Je regarde autour de moi un bon moment: Rien n'a changé. On dirait que cette salle n'a jamais fermé ses portes et qu'elle avait même projeté un film en séance d'après-midi! Pourtant, la réalité est autre: Voilà quatre ans, quatre longues années qu'elle est fermée, condamnée au silence lugubre de son grand écran, à l'obscurité effroyable de ses murs, à l'absurdité tragi-comique de ses gradins vides et froids, à l'usure et à la corrosion de sa cabine de projection couverte de poussière et de souvenirs! Voilà quatre ans que les Gadiris sont privés de ce loisir inimitable et ineffable: Aller au cinéma! Comment peut-on imaginer, au début de ce troisième millénaire, une métropole cosmopolite comme Agadir, de renommée universelle, sans salles de cinéma? Même pas une? C'est une aberration, tout simplement! Comment peut-on priver les habitants et les visiteurs de cette ville touristique de ce merveilleux plaisir, de ce fantastique moyen de divertissement, de loisir et de culture? C'est scandaleux et révoltant, tout simplement!... Je fais un effort considérable pour chasser ces idées noires de mon esprit de peur qu'elles ne me gâchent pas la soirée et le plaisir présent. Profitons d'abord de cette joie! Nous aurons tout le temps pour la colère et l'indignation, la révolte et l'irritation! ...
Alors, je ferme les yeux et je donne libre cours à ma sensation olfactive. J'inspire l'air, remplissant totalement mes poumons et l'expire tout doucement. Je sens, je flaire, je hume, je savoure cette odeur spécifique aux salles obscures...Et elle est là, cette odeur; Présente, indélébile, fidèle au poste! On dirait qu'elle sourd des murs! Je retrouve et reconnais l'odeur de cette salle de projection, qui m'était si familière auparavant. J'avais peur de l'avoir oubliée. Le nez n'oublie pas cette odeur fade et chaude que l'on ne sent nulle part ailleurs. Quel bonheur!.. .J'essaie d'oublier pour un instant, un instant seulement, que le Rialto a ouvert ses portes de manière exclusive, uniquement pour accueillir la 10ème édition du Festival d'Agadir. Et juste après cette noce cinématographique, il refermera ses portes et retournera à sa léthargie, à sa torpeur, à son hibernation de toutes les saisons, à son silence morbide, à sa solitude macabre à son destin sinistre...Voilà la triste réalité, hélas!... J'ai envie d'oublier cette triste réalité et me laisser entraîner par la magie et la féerie du grand écran. J'ai hâte que la cérémonie d'ouverture prenne fin. Allez, faites vos salamalecs pompeux, dites vos discours oiseux et ennuyeux et que les lumières s'éteignent et que le rêve commence!
Comme ce plaisir me manque terriblement! Cela fait très longtemps que je n'ai pas vu un film sur grand écran. Moi qui ai passé mon enfance, mon adolescence et ma jeunesse dans les salles obscures d'Agadir, en quête de rêve et d'évasion, je me demande comment j'ai pu supporter l'ennui et la monotonie de la vie sans cinéma!... Merci au Festival du cinéma d'Agadir de me permettre de retrouver cette euphorie, cette extase, aussi éphémères soient-elles!... Viendrai-je l'année prochaine, à l'occasion de la 11e édition, retrouver mon fauteuil préféré, humer l'odeur fade et chaude de la salle et rêver devant le grand écran, dans la pénombre de l'imaginaire? Je répondrai à cette question l'année prochaine... En attendant, je fais un autre rêve, un rêve fantasmagorique: Je rêve d'aller voir des films au Complexe cinématographique qui sera prochainement érigé, à croire la rumeur publique et le téléphone arabe, dans ma belle ville, tout près du Grand Stade de football...Candide, naïf et crédule, j'aime croire en ce rêve et rêver de le voir réalisé et concrétisé un jour, pour le grand bonheur des cinéphiles d'Agadir ...
A bon entendeur...
Agadir, le 30/11/2013


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