Peur, affolements et panique. C'est l'état émotionnel qui s'empare de tout un quartier dès que les sirènes d'une ambulance retentissent sur les lieux pour évacuer un cas suspect du nouveau coronavirus Covid-19 aux urgences sanitaires. Les supputations vont bon train et le pauvre est immédiatement diabolisé par les voisins et les autres habitants du quartier. On dirait que cette personne aurait choisi volontairement cette maudite contamination, pourtant non encore confirmée, avec l'intention et la préméditation de nuire aux autres, en les contaminants. C'est du moins ce que les regards accusateurs lui signifiaient sévèrement, aggravant du coup son état psychique. On dirait qu'il s'agit d'un terroriste qui préparait des attentats pour faire sauter tout le quartier. Sur les réseaux sociaux, les commentaires sont amplement amplifiés, influençant la population locale qui condamne sans appel le pauvre qui n'est à ce stade qu'un cas suspect du coronavirus, non encore confirmé par le test de dépistage. Ces scènes hallucinantes et désolantes ont eu lieu dans un quartier populaire de Casablanca où des membres d'une famille ont été évacués dans une structure sanitaire de la ville pour isolement sanitaire en attendant les résultats des tests de dépistage suite à l'apparition des symptômes de l'épidémie qui se caractérise, selon les experts en la matière, par des signes bénins parmi lesquels «un mal de gorge, de la toux, et de la fièvre». Par ces réactions méprisantes et racistes, des individus pourraient être poussés à supporter le mal intérieurement et le dissimuler à leurs risques et périls jusqu'à l'effondrement et la mort de peur d'être exclus de la société. Ce qui est encore grave et ravageur pour l'ensemble de cette même société. Ce comportement qui pourrait être provoqué par la peur d'être méprisé voire exclu du groupe en matière d'expression a été d'ailleurs démontré par la théorie de la «spirale du silence» formulée par la sociologue allemande Elisabeth Noelle-Neumann en 1974. Autant dire que ces attitudes de diabolisation et de dénigrement devraient céder la place à l'élan de solidarité, au sens de la responsabilité et aux valeurs de civisme, d'empathie et de sympathie, ainsi qu'à la sensibilisation sur le strict respect des mesures prises dans le cadre de l'état d'urgence sanitaire et de confinement général et les dangers que présente cette épidémie qui continue de charrier des vies humaines dans plusieurs contrées du monde. C'est la seule formule pour vaincre le mal et limiter ses dégâts. Agissons dans ce sens.