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Déracinons la maltraitance des séniors
Publié dans Albayane le 18 - 06 - 2020

Journée mondiale de sensibilisation à la maltraitance des personnes âgées
Ouardirhi Abdelaziz
Pour beaucoup de nos concitoyens, la journée du 15 juin est un moment comme les autres. Cependant, dans d'autres cieux, cette journée trouve un sens plus large. Elle revêt une signification particulière empreinte de respect, de reconnaissance, d'amour et d'humanisme à l'endroit des personnes âgées. C'est la Journée mondiale de sensibilisation contre la maltraitance des personnes du troisième âge. Une occasion s'il en fallait, pour reconnaître les effets des mauvais traitements sur les aînés et de sensibiliser la population en ce sens. Quid du Maroc?
Discrimination et isolement
La Journée mondiale de sensibilisation à la maltraitance des personnes âgées, qui est célébrée chaque année le 15 Juin par toute la communauté internationale, est un événement important dans l'histoire de l'humanité.
C'est une journée officielle désignée par les Nations Unies qui marque un accent sur la maltraitance des aînés. C'est une question de santé publique des individus.
Depuis 2006, de nombreux pays à travers le monde, marquent ce jour afin d'accroître la visibilité de ce problème, de partager des informations sur la maltraitance et la négligence, et de promouvoir les ressources et services qui peuvent améliorer la sécurité et le bien-être des personnes aînées.
Pour de nombreux pays d'Europe, d'Asie ou d'Amérique, où le nombre des personnes âgées est important, le vieillissement et qualité de vie sont intimement liés. Dans ces endroits, cette journée mondiale de sensibilisation à la maltraitance des personnes âgées, est destinée à maintenir vivace auprès des jeunes l'importance du respect, et de la dignité humaine de chaque personne âgée.
Force est de constater cependant que ce n'est souvent pas le cas dans nombre de nations. Des comportements indignes y sont encore d'actualité. Les aînés sont souvent victimes de discrimination, d'isolement, mais aussi de violences physiques et morales. Sans oublier la négligence, l'exploitation financière, fréquemment perpétrées par des proches, ou personnes de confiance.
Individualisme aveugle
Cette année, le thème retenu par les organisateurs de la Journée mondiale de sensibilisation à la maltraitance des personnes âgées est : «Déracinons la maltraitance. Plantons les graines du changement».
La maltraitance et la violence dont sont parfois victimes les personnes âgées, sont des actes inhumains, inacceptables, des comportements et agissements que la raison ne peut en aucun cas accepter.
Ce sont des situations révoltantes, qui malheureusement ont tendance à devenir fréquentes, particulièrement dans les grands centres urbains, où l'urbanisation galopante, le rythme trépident de la vie moderne, impose à chacun des règles ou prédomine l'individualisme. Dans ce contexte, les plus faibles, les âgées sans moyens n'ont très souvent pas de place. A Paris, Londres, Madrid, Rome, New York, pour ne citer que ces capitales de pays pourtant riches, on est sidéré par le nombre de personnes âgées qui vivent dans la rue. Des sans domiciles fixes (SDF), ceux qui dorment sur des cartons, qui vont fouiller les poubelles, et qui le jour font la mendicité.
Il est vrai que ce n'est pas une règle générale, que la grande majorité des personnes âgées (65 ans et plus), ont souvent de bonnes pensions et choisissent de vivre dans des maisons de retraite au lieu de rester isolées. Ils préfèrent vivre dans des institutions pour personnes du 3ème âge, moyennant des mensualités conséquentes. Ce qui permet à ces personnes âgées d'être nourries, logées, blanchies, et d'être prises en charge par des auxiliaires, qui les aident, les soutiennent, les confortent. Cela permet à ces personnes de troisième âge de passer le restant de leur vie dans un cadre plus ou moins agréable, loin du bruit, du stress jusqu'au jour où elles décèdent.
L'enfer de l'exclusion
Au Maroc, ce genre d'établissements n'existent pas, et les quelques maisons pour personnes âgées que l'on trouve ici et là (Ain Chock –Tit Méllil – Ain Atik…), sont des lieux sordides, repoussants et parfois même inhumains. On y trouve des personnes âgées sans famille. Des ainés abandonnés par leurs enfants, des personnes usées par le temps et par la misère, des êtres humains exclus qui vivent un véritable enfer.
Ces personnes survivent dans ces refuges grâce en partie aux actions d'associations et de bienfaiteurs.
Nos vieux, les plus chanceux restent au sein de leur famille, jusqu'au dernier jour de leur existence, cette solidarité familiale bien particulière, réchauffe le cœur, mais nous constatons malheureusement un relâchement de ses liens, de l'attachement aux valeurs nobles qui ont toujours prévalu au sein des familles marocaines.
Aujourd'hui, c'est chacun pour soi, c'est l'individualisme aveugle, et les premières victimes sont les ainés qui sont sacrifiés au moment où ils sont vulnérables. Certains sont même maltraités et violentés par leurs propres enfants, ou proches. Une réalité choquante, traumatisante, et c'est souvent des personnes qui se retrouvent dans la rue, rejetés de tous, vivant dans la précarité, dans la misère.
Mettre fin aux abus envers les personnes âgées
On a souvent tendance à croire que la maltraitance et les violations des personnes âgées sont essentiellement l'exclusivité d'autres pays. C'est une erreur que de penser ainsi dans la mesure où notre pays n'échappe pas à cette réalité au quotidien.
L'exemple s'il en fallait un , pour schématiser cette question de maltraitance des personnes âgées au Maroc c'est celui des chiffres très parlants qui avaient été présentés lors d'une journée d'études organisée par le Ministère de la Famille, de la Solidarité, de l'Egalité et du Développement social, les mardi 16 et 17 juillet 2019 au Centre national de formation «Nahda» à Rabat, sous le thème «Les choix stratégiques pour mettre en œuvre une politique publique intégrée en faveur des personnes âgées». Selon les résultats de cette étude, pas moins de 234.000 personnes âgées souffrent de la maltraitance et de la violence. Fait aggravant: 64.4% d'entre elles sont atteintes au moins d'une maladie chronique et environ 10.6% sont victimes de violence.
Tragédie des personnes âgées
Tout au long de mes années d'activités professionnelles passées au sein des hôpitaux, j'ai pu faire le constat d'une réalité amère concernant certaines personnes âgées hospitalisées. Nombreuses sont celles qui n'ont pas de famille. C'est souvent la protection civile alertée par des citoyens, qui amène en ambulance aux urgences ces vieilles personnes en piteux état.
Parfois se sont les membres familiaux qui se chargent d'amener leur père ou leur mère déshydratée aux urgences, et qui disparaissent sans laisser de traces.
Dans la grande majorité des cas, après un examen clinique, on constate que ces personnes âgées sont relativement en bonne santé, bien conservées , mais qui sont dénutries , sous alimentées, et tout au plus, elles ont besoin d'être entourées, lavées, nettoyées, changées, de se sentir entourées, aimées...
L'hôpital ne peut pas les renvoyer vu que leurs propres enfants les ont abandonnés sans laisser aucune adresse. Ces personnes âgées sont parfois hospitalisées dans des services de médecine générale pendant 2 ou 3 mois et parfois même plus.
Ce n'est pas une vue de l'esprit, mais bel et bien une réalité, que nous devons regarder bien en face. Cette situation est quotidiennement vécue au niveau de certains hôpitaux qui ne savent plus quoi faire.
L'hôpital a pour vocation de soigner les personnes malades. Les lits sont destinés aux patients qui souffrent de pathologies, ou qui sont opérés, aux femmes enceintes qui ont accouché, aux accidentés de la voie publique...
C'est la raison pour laquelle notre pays se doit dés a présent de construire des structures sanitaires spécialisées dans la prise en charge des personnes du 3eme âge. Des centres de gériatrie adaptés à cette tranche de la population, dont le nombre ne cessera de croître. Il conviendra aussi de former des professionnels de santé spécialisés dans ce type de prise en charge (gériatre, infirmière, aidant, psychologue, assistante sociale...).
Personnellement, je ne comprends pas que l'on puisse aujourd'hui construire des mosquées qui restent fermées, au moment où nous avons un réel besoin de centres de gériatrie, qui nous font cruellement défaut.


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