Quel péché a bien pu commette la région de Drâa Tafilalet pour écoper de supplices d'une présidence paranoïaque ? Ce qui se passe au sein de cette institution constitutionnelle n'a guère d'identique dans ses pairs au royaume, depuis déjà des lustres. C'est du jamais vu, à tel point que ce cas singulier dépasse de loin ce que l'on peut imaginer d'absurde dans les annales des instances représentatives ! Tout au long de ce mandat qui touche à sa fin, fort heureusement, on aura vécu des gaucheries à faire agenouiller un dromadaire, fomentées de toutes pièces par le président en exercice. Lors de la session d'octobre de la région Drâa Tafilalet, pas plus de 8 conseillers sur 46, ont dû rallier l'enceinte quasiment déserte pour assister aux délibérations, alors qu'il n'arrive même pas à convaincre les siens à y prendre part. Les conseillers des quatre groupes qui constituent la totalité du conseil régional ont jugé bon de ne pas en faire partie, fort lassés de cautionner une mascarade qui ne dit pas son nom. Ils ont déjà boycotté les anciennes sessions, fait tomber le projet du budget et formé un bloc d'affront aux fantaisies de leur président. Durant un bon bout de temps, ils ont tenu de manière unitaire une conférence de presse au cours de laquelle ils ont explicité toutes ses extravagances, rendu visite à tous les chefs des partis pour leur faire savoir leurs requêtes et saisi les divers établissements de l'Etat afin qu'ils mettent un terme au gâchis dont pâtit la région Drâa Tafilalet, pendant des années de gouvernance désastreuse. Les contestataires n'ont pas de cesse de fustiger le détournement flagrant des deniers publics, la transgression au grand jour des procédures en vigueur, l'altération frauduleuse de règles relatives aux marchés, l'arrogance agaçante à l'égard aussi bien des conseillers que des agents d'autorité, la défiance sans vergogne menée, à bâtons rompus, contre la moralité, la loi, le sens de mesure, la loyauté, l'éthique. Toutes ses vertus n'ont pas de place dans le Larousse de celui censé, en fait, se conduire en meneur dévoué et rassembleur en vue de rendre compte aux électeurs et d'honorer la mission dont il est en charge. Mais, le comble dans cette situation portant préjudice aux droits légitimes de la population amoindrie et du territoire abandonné, c'est bien l'attitude étrange des pouvoirs publics qui, jusqu'ici, n'ont pas bougé le bout du doigt pour mettre un terme à ce chaos régional, en dépit des rapports cumulés sur leurs tiroirs ! Drôle de comportement des services de l'Intérieur qui ferme les yeux face à une anomalie qui fait, quand même, l'unanimité des composantes politiques et sociales de la région. Dans ce sens, on se souvient de la promptitude avec laquelle il s'est comporté vis-à-vis de l'état moins choquant à Guelmim Oued Noun pour la débloquer. Il fallait avoir une personnalité influente de la trempe d'hydro-milliardaire derrière pour y parvenir aussi à Drâa Tafilalet.
