Pour la deuxième fois consécutive, Marrakech relance le débat sur la «Gouvernance mondiale». Au-delà du partage du savoir et des expériences, la présence et la qualité des participants donnent une idée de la haute tenue scientifique et technique du débat sur une problématique de grande actualité. Pour cette 3ème édition de la World Policy Conference (WPC), il s'agit, bien entendu, de replacer et de réorganiser le débat, dans une conjoncture difficile, marquée par la plus grave crise économique et financière, après la récession de 1929, et la montée vertigineuse des économies émergentes. Si, aujourd'hui, on peut dire que la notion de gouvernance, telle qu'elle est construite et diligentée après la deuxième guerre mondiale, a perdu de sa pertinence, il n'en demeure pas moins que le défi pour l'heure est de trouver les «bonnes passerelles» afin d'éclairer le dialogue au-delà des frontières, de faciliter le partenariat entre le nord et le sud, et de comprendre aussi les zones de confusion nées de la mondialisation galopante, qui empêchent «une mondialité juste et équilibrée», comme l'a souligné le Souverain dans son discours inaugural de cette nouvelle édition. Cela dit, les travaux de la conférence de Marrakech ont rencontré un grand succès. Pour le SG de l'ONU, Ban Ki-moon, qui a pris part à la World Policy Conference, cet évènement a été “un grand succès” dans la mesure où il a permis de souligner la nécessité d'améliorer la gouvernance mondiale et la coordination entre les Etats et les groupes dont le G8, G20 et G77 et la Chine, pour relever les défis planétaires. Avis partagé par Kamel Dervis, ancien ministre turc des affaires économiques et des finances, pour qui «le Maroc contribue de façon soutenue à la promotion de l'entente internationale». Il faut dire que la réputation des 150 participants est un signe de leur intérêt pour cette réflexion cruciale pour trouver et élaborer de nouvelles pistes d'un partenariat réel et d'une paix juste et durable pour l'humanité. Les conclusions et les recommandations de cette conférence sauront-on l'espère du moins- trouver une oreille politique attentive et compétente. Ce qui a marqué ce conclave, dirait Thierry de Montbrial, président fondateur de l'Institut Français des Relations Internationales (IFRI), c'est la diversité des thèmes débattus, ayant trait notamment avec la gouvernance en matière de santé, de climat, de population. D'autres thèmes aussi importants ont été débattus en profondeur, comme la «gouvernance monétaire et financière», la «gouvernance économique et financière», «la gouvernance de cyberspace». La conférence de Marrakech a tenté aussi de débattre du rôle des «économies émergentes» dans la gouvernance mondiale. Il s'agit là, de l'avis général des participants, «d'avancées très significatives pour l'avenir de ce processus».