Adopté en Conseil de gouvernement, jeudi dernier, le Plan biennal de lutte contre la corruption 2010-2012, semble prendre l'allure d'un programme sérieux et crédible. Sauf que les 43 mesures qui le composent, annoncées en grande partie il y a quelques années, ont «l'air du déjà vu», pour reprendre une expression de Rachid Meknassi, responsable de la branche locale de Transparency International. Lutter contre l'opacité, le mystère et le secret, n'est certainement pas pour demain matin. Toutefois, il faut reconnaître qu'en la matière, le Maroc, selon Abdessalam Aboudrar, le président de l'ICPC (Instance centrale pour la prévention de la corruption, «a franchi d'importantes étapes en matière de mise en place d'un système national de transparence, notamment à travers la création de plusieurs institutions chargées du contrôle, de la vérification et du traitement des donnés financières relatives à la lutte contre le blanchissement d'argent». Cette fois-ci, «les mesures du plan d'action gouvernemental de lutte contre la corruption sont précises et applicables à court terme», précise, pour sa part, le ministre délégué chargé de la Modernisation des Secteurs publics, Sâad Alami. Il traduit, selon le ministre, la volonté du gouvernement de «moraliser la vie publique» et de «consacrer les principes de transparence dans la gestion de la chose publique». Le plan de lutte prévoit une déclaration de patrimoine des hauts responsables de l'Etat, des cours de sensibilisation dans les établissements scolaires et un mécanisme de dénonciation par les citoyens des abus constatés. "Avec ce plan pour prévenir et combattre la corruption, nous entrons dans une nouvelle phase de notre détermination à aboutir à des résultats", a déclaré Saâd El Alami, lors d'une rencontre avec la presse, vendredi à Rabat. On ne le dira jamais assez, la corruption sape les ambitions du Maroc. Elle fragilise la justice, affecte le commerce, la croissance économique et le développement humain. Bref, elle prive le pays de 2% de croissance de son PIB. Ce fléau, qui prend de plus en plus d'ampleur, noircit l'image du Maroc, «entrave l'investissement étranger et porte atteinte aux règles du marché et à la concurrence nécessaire pour encourager la croissance et lutter contre la pauvreté et le chômage». Selon «Transparency International», le Maroc arrive à la 89ème place sur une liste qui compte 180 pays. Plus grave, la corruption au niveau de la justice et la pression politique sur les juges. Elle ne peut que saper la confiance dans la gestion des affaires publiques. Il est donc indispensable d'adopter des mécanismes constitutionnels et juridiques qui protègent les juges d'une révocation ou d'une mutation inopinée.