- enfants de Gaza, qu'avons- nous fait de vos vies ? Nous vous les avons volées, nous vous les avons arrachées, nous les avons mutilées. - enfants de Gaza, qu'avons-nous fait de votre présent, de votre avenir ? Nous en avons fait un enfer ! - enfants de Gaza, qu'avons- nous fait de vos rêves ? Un cauchemar qui vous arrache à l'amour de vos mères, à vos jeux d'enfants, à vos bonbons acidulés. - enfants de Gaza, vos esprits survivants oublieront-ils, vos âmes parties nous pardonneront-elles ? Nous ? Oui «nous» ! Un «nous» collectif car par notre impuissance, pour avoir oublié la part d'humanité censée nous habiter, nous avons failli... Alors à trois, Ayad Lemhouer, Aziz Lamrani et moi-même, œuvrant au sein de nos associations «Marocains Pluriels», «Tous Contre l'Abandon Scolaire» et «Les Enfants de Zellidja» nous avons cherché un moyen pour dépasser le stade de la dénonciation virtuelle, aller au-delà du post, de la photo de sang et de larmes, agir pour transcender le sentiment écrasant d'impuissance. Pour tenter de trouver une bouée au naufrage qui guette notre foi en l'Homme, il fallait agir. Si peu ?! Si peu mais tant ! Nous avons donc choisi d'associer nos forces pour lancer l'opération : «Traverser l'enfer et croire encore au paradis». L'objectif de cette initiative est de venir en aide à 5, 10, 20 enfants de Gaza, à la rentrée prochaine, pour leur assurer une année de scolarité, initiative à échelle humaine car nous voulons connaître ces enfants, les suivre ! Sans aucun pouvoir sur le conflit nous voulions actionner le «possible» en offrant un débouché modeste aux énergies qui bouillonnaient et ne pouvaient plus rester inactives. Cette idée nous a paru être la bonne pour (re)donner vie à notre humanité, alliant l'enfance, l'éducation, la solidarité... Personnellement je ne suis rien, je n'ai aucun pouvoir, je n'ai pas la moindre prétention de détenir un quelconque début de solution, je suis un être humain et en ces 3 semaines j'ai profondément changé, je ne serai plus jamais le même… Il s'agit pour moi - et j'en suis convaincu pour beaucoup d'entre vous - du seul moyen pour ne pas se renier : «agir» -même à petit niveau - car le risque existe bel et bien de perdre notre âme. Aucun d'entre nous d'ailleurs ne sera plus jamais le même: nul ne trouve facilement le sommeil, nul ne peut voir un enfant sans lui substituer un visage, un visage de souffrance venu de Gaza, nul n'a le cœur à la joie, à la fête, aux vacances… Militant du droit à la vie, de l'antiracisme, du «vivre ensemble», je n'ai pas l'immodestie de croire que mon action puisse dépasser un certain cercle, mais je n'ai pas non plus à taire mon humanisme. Lorsque nous avons lancé cette opération nous ne savions pas quel accueil lui serait réservé, ce que nous savions c'est qu'il nous fallait sortir de la spirale qui menaçait notre humanité... Déjà plus de 700 personnes nous ont rejoints et grâce à la contribution d'une partie d'entre eux, nous donnerons à ces enfants la possibilité de «traverser l'enfer et croire encore au paradis» pour – lorsque le fracas des bombes aura cessé – retrouver l'école et… l'espoir !.