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Près de 140.465 affaires criminelles au premier trimestre: Violence quand tu nous tiens….
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 26 - 04 - 2016

L'espace public est considéré, plus que jamais, comme un nid de criminalité. Le sentiment d'insécurité se nourrit de plus en plus chez les individus marquant ainsi une rupture entre un passé serein et un présent périlleux.
Samedi dernier, la commune de Zaouiet Saïs relevant de la province d'El Jadida a vécu un drame indescriptible. Un homme, identifié comme malade mental, tue dix membres de sa famille à l'arme blanche. Ce cas est loin d'être isolé. Chaque jour qui passe, nos villes se convertissent en scènes de crime ou dans une moindre mesure d'agressions.
Vol à l'arme blanche, viol, lynchage, agression verbale, hooliganisme... La violence est devenue de nos jours monnaie courante. Ce phénomène n'épargne plus personne. L'espace public est considéré, plus que jamais, comme un nid de criminalité. Le sentiment d'insécurité se nourrit de plus en plus chez les individus marquant ainsi une rupture entre un passé serein et un présent périlleux. Les appréhensions et les craintes des citoyens se manifestent dès qu'on les aborde. L'espoir étant de pouvoir sortir sans être gêné par qui que ce soit, sans se heurter à quelqu'un qui puisse mettre nos vies en péril. L'urgence aujourd'hui est d'identifier ce mal qui nous ronge, voire qui nous déshumanise. Pourquoi sommes-nous devenus si violents ? Qu'est ce qui rend notre société si déstructurée ? Eclairages ....
Des chiffres qui font peur
Bien que la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) ait renforcé ses dispositifs de lutte contre la criminalité, ce fléau reste recrudescent. Les chiffres au premier trimestre dévoilent un constat alarmant. Les services de la DGSN ont enregistré 140.465 affaires criminelles au premier trimestre dont 26.854 affaires de crimes portant atteinte à la famille, 727 affaires portant atteinte à l'ordre public et 22.246 affaires portant atteinte aux personnes physiques. La DGSN fait savoir que les crimes associés à la violence représentent environ 10% du taux général de criminalité. Le premier trimestre a également connu l'arrestation de 124.904 personnes pour leur implication présumée dans des affaires criminelles. 85.056 d'entre elles ont été prises en flagrant délit. Les 39.848 personnes restantes ont été recherchées. Ainsi, le nombre de personnes recherchées ayant été interpellées enregistre ainsi une importante hausse. Il a grimpé de 18,22% par rapport à la même période de l'année précédente, soit 6.140 personnes de plus.
Dans le cadre des opérations de sûreté menées dans l'entourage des établissements publics, la DGSN a procédé à l'arrestation de 1.240 personnes pour leur implication dans différentes affaires criminelles. Il a également été procédé à l'interpellation de 661 personnes impliquées dans des affaires criminelles, ce qui a permis de saisir 4.179 grammes de chira, 3.156 grammes de kif mélangé au tabac, 406 grammes de Maajoune, neuf sachets de héroïne et 87 psychotropes de différents types.
Les saisies de psychotropes ont connu une importante progression, soit 162.246 comprimés contre 59.067 comprimés au même trimestre de l'année précédente.
Une société qui se déshumanise
L'identité sociale entre en jeu à chaque fois que l'on essaye de définir la violence. Ainsi, l'agressivité n'est qu'une expression d'un grand mal-être. Une fragmentation accentuée par une consommation sauvage qui nourrit la frustration particulièrement chez les jeunes. Ces futurs adultes, dans la majorité des cas issus de milieux défavorisés, se voient touchés dans leur amour propre. La précarité, principale tare de leur existence, se veut pour eux le premier facteur de délinquance. La débauche n'est , dans ce sens, qu'une sorte d'affirmation dans ce grand groupe qui est la société. C'est d'ailleurs ce que nous avons relevé lors d'un bref échange avec un jeune Casablancais de 15 ans.
«Vu mes conditions familiales, je ne peux acquérir ce dont mes camardes de classe disposent. A titre d'exemple, mon cartable n'est qu'un don d'un voisin alors que les autres enfants de mon âge en changent à chaque rentrée scolaire. Je ne peux m'aligner à eux qu'en les manipulant ou en les forçant à me céder leurs affaires.
C'est ainsi que je peux gagner leur respect sinon je resterai toujours le petit pauvre qui arrive à l'école portant un blouson troué et incapable même d'acheter un goûter en récréation», nous explique-t-il. Ce témoignage reflète la réalité amère d'une dizaine de milliers d'adolescents marocains. Tel que notre témoin a expliqué, le rapport de force est l'unique moyen de s'afficher. De même, le boom technologique et médiatique a fait en sorte que la violence soit accessible à tous. Les vidéos partagées sur les réseaux sociaux ou encore les émissions télévisées reproduisant les affaires criminelles sont loin d'alarmer nos jeunes. Pour les plus vulnérables d'entre eux, ces images peuvent être considérées comme initiation. Elles leur conceptualisent de fausses idoles. Des héros en papier qui se froissent et se décomposent au fil des jours et des ans.
La famille, un noyau qui peut détruire
Pour mieux comprendre la psychologie des personnes «violentes», nous avons sollicité Bouchra Benyezza. L'art thérapeute et psychothérapeute cognitivo comportementaliste au Centre universitaire psychiatrique Ibn Rochd de Casablanca évoque en premier le manque de repère. Cette déviation peut naître avant tout de la famille. Tout démarre de l'enfance. Si le jeune n'a pas subi la violence à un âge précoce il peut éventuellement être exposé à un autre préjudice, à savoir le désintérêt des parents. «De par mon expérience, les parents sont dans la plupart des cas démissionnaires, surtout les papas dont le rôle est presque effacé.
Comment un enfant peut-il évoluer dans un cadre serein au moment où le modèle dont il dispose est défectueux», explique Mme Benyezza. Et de poursuivre qu'«un jeune peut facilement sombrer dans la délinquance quand il est timide, de condition modeste, frustré et rejeté par sa famille». En parallèle, l'école joue un rôle primordial dans l'orientation des jeunes. «99% des cas que nous recevons sont déscolarisés. Le cadre scolaire qui les contient et leur permet d'avancer n'existe plus», apprend-on de la praticienne. La psychothérapeute souligne également la démission du corps professoral face aux élèves exposés à la délinquance. L'école est en effet carencée au point de ne plus contenir nos jeunes qui quittent ses bancs très tôt. L'absence d'autorité parentale et éducative permet à ces jeunes de prendre l'ascendant et de découvrir l'aspect sombre de l'espace public. «Le manque de repère est malheureusement encouragé par la prise de toxique», s'exclame la psychothérapeute
Psychotrope et fanatisme : Les dangers qui nous menacent
«Pratiquement toutes les personnes qui passent à l'acte ont préalablement pris des toxiques». Ce constat confirmé par Bouchra Benyezza ouvre le débat sur un danger imminent qui menace notre société. La prise de psychotrope est de plus en plus fréquente au Maroc ciblant particulièrement les adolescents. «Un jeune qui consomme les psychotropes se sent triplement plus fort.
Sa personnalité change. Il passe de la timidité à l'agressivité et devient autoritaire», nous dévoile la praticienne.
La prise de psychotropes, généralement vendus devant les écoles, se fait en groupement. C'est le groupe qui leur donne assurance et force, chose qui alimente davantage leur agressivité. Si les drogues engendrent pour les consommateurs une destruction totale de la réalité, l'endoctrinement religieux pèse très lourd pour la société. «C'est un mal de société qui est en train de se greffer. Les recruteurs jouent sur le psychique de jeunes en quête d'identité. Ils sont tellement vulnérables qu'ils passent à un autre degré d'agressivité basé sur un discours religieux non fondé», s'alarme Bouchra Benyezza. Et de conclure qu'«il est temps de prendre les choses en main et construire des équipements socio-éducatifs pour redonner estime à nos jeunes et les rendre plus épanouis».
Le sport, l'art qui nous dompte
L'activité sportive s'avère être la solution miracle. Selon les praticiens, le sport calmerait les frustrations des jeunes.
D'où la nécessité de bâtir des espaces où les jeunes pourront vider tout leur stress et leurs tourments. «Un enfant de 10 ans qui ne fait pas de sport, c'est très grave pour toute une société. A cet âge les enfants débordent d'énergie et doivent trouver le meilleur moyen pour dégager cette énergie», explique à cet effet Mohamed Zariat, fondateur de l'Academy Tibu Basket-Ball. M. Zariat a, par ailleurs, souligné l'absence d'activité sportive à l'école primaire surtout au niveau des établissements publics. «Le sport en général n'est pas uniquement un loisir pour se déchaîner mais un vrai chemin de fer qui engage nos jeunes dans la responsabilité civique», a-t-il affirmé.
Les initiatives dans ce sens devront être doublées dans les quartiers défavorisés où le taux de délinquance et de criminalité est en constante progression. Un travail déjà entamé par l'Academy Tibu Basket-Ball, qui définit le basket comme facteur d'intégration sociale.
L'Academie prévoit la construction de 4 clubs durant cette année, en l'occurrence à Derb Ghallef, El Hank, El Bernoussi et Berrechid.


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