L'ex-Premier ministre libanais a trouvé la mort dans une explosion, à Beyrouth, lors du passage de son convoi dans un quartier résidentiel. Évacué à l'hôpital juste après l'attentat, il rendra l'âme dans le service des soins intensifs. Le cratère béant de plusieurs mètres de diamètre, montré par toutes les chaînes de télévision, témoigne de la violence de l'explosion qui a coûté la vie à Rafik Hariri. Les façades éventrées des bâtiments limitrophes donnent, également, un large aperçu sur l'amplitude de la déflagration. Le convoi de l'ex-Premier ministre était dans le secteur au moment de l'explosion. C'est ce que des chaînes libanaises avaient véhiculé comme information, juste après l'attentat. Il allait s'avérer, au bout du compte, que le convoi de Rafik Hariri en était la cible. La puissante déflagration, dont l'origine n'était pas encore connue, quelques heures après l'attentat, n'aura rien épargné à dizaines de mètres à la ronde. Des pans entiers de murs ont été soufflés. La thèse de la voiture piégée était, cependant, la plus plausible. Elle aurait été déclenchée au passage de la limousine de l'ex-Premier ministre. Véhicules en flammes et cadavres calcinés, un spectacle d'horreur régnait dans le secteur où l'affluence atteint son maximum en fin de matinée, moment où Rafik Hariri avait rendez-vous avec sa destinée fatale. Outre Rafik Hariri, qui a été évacué, selon l'Agence France-Presse, à l'Hôpital de l'Université américaine de Beyrouth, où il a été admis dans un service des soins intensifs, l'attentat aurait fait au moins une dizaine de morts, dont des gardes du corps de l'ex-Premier ministre. L'agence officielle d'information (ANI) avait, auparavant, indiqué qu'il avait été très grièvement blessé et évacué à l'hôpital. Plusieurs personnalités politiques, dont le Premier ministre Omar Karamé, se sont rendues sur les lieux de l'attentat. Des députés auraient même avorté une séance du Parlement pour se rendre sur place. Les Libanais ont été abasourdis par cet attentat qui rappelle une triste époque du Liban. Âgé de 60 ans, Rafik Hariri avait présenté, en octobre 2004, la démission de son gouvernement et était passé dans les rangs de l'opposition. Il s'était excusé à l'époque de ne pouvoir former le nouveau gouvernement, imputant sa décision à des divergences politiques avec le président de la république, Émile Lahoud. Rafik Hariri avait occupé les devants de la scène publique libanaise pendant douze ans. Il avait fait fortune en Arabie saoudite, avant de se passionner pour la politique et d'accéder au pouvoir au Liban pour la première fois en 1992, en tant que Premier ministre, poste qu'il occupera jusqu'à l'année 1998. Il renouera avec son portefeuille de Premier ministre, pour la seconde fois, du 23 octobre 2000 au 20 octobre 2004, date de sa démission. Businessman dont le nom est intimement lié à la reconstruction du pays, l'ex-Premier ministre bénéficiait d'une grande notoriété internationale. Ce leader sunnite a redonné un rôle de premier plan à sa communauté. Natif de Saïda en 1944, Rafik Bahaëddine Hariri entame des études universitaires à Beyrouth en 1965, avant de regagner l'Arabie Saoudite et se mettre proposer ses services à une compagnie locale. Il finira par créer sa propre société, Siconest, spécialisé dans le marché des accessoires du bâtiment. En 1970, il fonde sa propre société de construction. En 1978, sa société «Saudi Oger» devient «Oger international». Rafik Hariri acquiert, quelques années plus tard, la nationalité saoudienne. En 1983, il créa la fondation Hariri qui allait permettre à plusieurs milliers de jeunes libanais de faire leurs études en Europe et aux Etats-Unis. Au Liban, le groupe «Oger» se spécialise dans la reconstruction des zones et immeubles endommagés par les combats. En 1989, Rafik Hariri joue un rôle important dans l'organisation de la conférence d'où sortiront les accords de Taëf. En 1991, il finance un plan de reconstruction du centre de Beyrouth. Alors que le Liban traverse une crise économique sans précédent, il ne cachait pas sa frustration face à «l'obstruction» de certains politiciens libanais à l'égard de ses projets. Le succès magistral de sa sœur Bahiya dans la circonscription de Saïda, lors des élections de 1992, sera suivi de sa nomination au poste de Premier ministre, le 22 octobre 1992, par le président Élias Hraoui. Hariri était alors considéré comme un homme d'affaires sans lien avec la classe politique traditionnelle. La mise en œuvre des accords de Taëf lui permettra de disposer de pouvoirs plus importants que ceux de ses prédécesseurs. Rafik Hariri était à la tête d'un important empire médiatique, dont la chaîne de télévision Future-TV (Al-Mostaqbal), deux radios, Izaat As-Sharq et Radio Orient, ainsi qu'un important hebdomadaire, Al-Mostaqbal.