Plus de 3.000 habitations évacuées, des milliers de citoyens sans abri et relogés dans des lieux publics, des barrages qui menacent de céder sous le volume des eaux qui déferlent, des contingents militaires déployés dans les rues de la ville, l'état d'urgence décrété… Tout cela se passe dans la capitale canadienne, Ottawa, depuis une semaine. Et pourtant, nulle part, dans la rue canadienne, comme sur les réseaux, il n'y a eu de mouvement de mécontentement, ni d'appel à sanctionner les responsables sur la place publique. Les autorités municipales de la ville avec le gouvernement fédéral canadien gèrent une crise majeure dans la sérénité et avec le soutien et l'implication de tous surtout les citoyens eux-mêmes. Ailleurs, des catastrophes même de moindre ampleur suffisent pour libérer la vox populi et voir se déverser sur la place publique les demandes de têtes de hauts responsables. La différence se résume en un mot : la confiance. Devant l'arrivée d'une catastrophe, un habitant d'Ottawa, très probablement, ne pourra jamais penser que le premier et seul responsable à punir est le politique qu'il a élu ou le haut fonctionnaire de la ville. Non pas parce qu'il est naïf mais parce que tout simplement la gestion transparente de la ville fait qu'à tout moment n'importe quel citoyen peut savoir avec précision et en toute transparence où va l'impôt qu'il a payé. Quand les gestionnaires ne veulent pas rendre de comptes, il faut bien qu'ils acceptent le revers de la médaille : la suspicion.