Président du Conseil national du PJD, Abdelilah Benkirane qualifie la solidarité que témoigne son parti à l'égard de l'action du Collectif Watanouna de geste normal. Pour lui, participer à la marche du 6 mars relève du devoir national qui ne doit souffrir aucune arrière-pensée de quelque nature que se soit. ALM : Le PJD a été le premier, si ce n'est le seul parti politique marocain à avoir manifesté sa solidarité avec le Collectif Watanouna et la marche que cette association compte organiser le 6 mars. Qu'est-ce qui explique une telle initiative ? Abdelilah Benkirane : Nous sommes solidaires de toute action à même de participer à la défense des intérêts de notre pays, de ses acquis comme de ses revendications légitimes. Que ce soit pour marquer notre attachement en tant que Marocains à notre Sahara ou pour appeler à ce que cette véritable injustice qu'est la séquestration, dans les conditions les plus inhumaines qui soient, de nos compatriotes dans les geôles de Tindouf, se termine. Notre mobilisation est aussi forte que générale. Nous estimons, non seulement qu'il est normal d'agir ainsi, mais ce serait la moindre des choses que d'accompagner une action aussi louable. Participer à une telle action ne relève pas de la générosité, ni de la quête de se faire une image. Cela relève du devoir que tous les Marocains, particuliers comme institutions, se doivnet d'accomplir. Mobiliser les Marocains pour prendre part à la marche de dimanche prochain, c'est avant tout notre manière à nous de contribuer à diminuer la souffrance de ces personnes, qui ont défendu leur pays corps et âme et y ont laissé les plus belles années de leur vie. Marcher, c'est leur montrer que nous sommes solidaires avec eux et qu'ils ne sont pas livrés à eux-mêmes. Mais ce n'est pas le point de vue d'autres formations politiques qui se rebiffent, disant, entre autres, ne pas avoir été contactées par le Collectif… Je suis un peu surpris de l'apprendre et je suis persuadé que nous ne sommes pas les seuls à nous mobiliser en faveur de nos frères détenus à Tindouf. Ceci étant, on ne peut pas juger les autres formations politiques sur ce point. Nous ne pouvons, en tant que PJD, que nous interroger sur les moyens à mettre en place pour participer à un effort dans lequel tout Marocain doit s'impliquer de manière spontanée, automatique. J'estime que lorsqu'il s'agit d'une cause nationale, nous ne devons pas attendre d'être contactés, ni quoi que ce soit d'autre, pour se manifester. Une telle attitude relève de considérations de forme qui n'ont pas leur place dans un enjeu national de cette taille et qui sont à éviter. Nous faisons face à une véritable tragédie qui mérite une mobilisation inconditionnelle. Ou on s'attaque à l'essentiel en faisant fi des détails sans importance, ou on ne sortira jamais de l'auberge. Quelles sont, dans ce sens, les considérations à prendre en compte ? La seule considération qui mérite d'être soulignée à notre avis est celle de l'existence de Marocains comme vous et moi qui subissent, pendant plusieurs décennies, les plus affres injustices, loin de leur familles et dans les conditions les plus atroces. Leur témoigner notre solidarité ne serait qu'exprimer notre identité et culture marocaines, mais aussi musulmanes. C'est cela que nous apprend notre religion et le prophète Sidna Mohammed. La solidarité avec les personnes qui souffrent ne doit être conditionnée ni par l'idéologie, ni par le rapprochement ou la différence de point de vue que l'on peut avoir avec des parties qui sont à l'origine d'une telle action. Qu'avez-vous prévu pour apporter votre soutien à l'action de Watanouna ? Pour le moment, nous avons annoncé une mobilisation nationale de tous les organes et membres de ce parti. C'est une condition sine qua non à la réussite de cette marche qui mérite d'être appuyée par le plus grand nombre de participations possibles. Nous sommes également entrés en contact avec les responsables du Collectif pour assurer une coordination entre nos actions et les leurs.