Les parlementaires se penchent depuis quelques semaines sur le cas Royal Air Maroc qui résume, à lui seul, la situation paradoxale de beaucoup d'entreprises publiques. Aujourd'hui, gouvernance de deniers publics oblige, la RAM, à l'instar d'autres entreprises étatiques, est devant deux défis majeurs et presque inconciliables : d'un côté, être rentable et profitable pour l'actionnaire qu'est l'Etat et, de l'autre côté, assurer sa mission de service public qui peut souvent être synonyme de service à perte. Les gestionnaires de ces entreprises publiques doivent s'ingénier à trouver le juste équilibre entre ces deux missions, ce qui constitue un exercice périlleux mais réalisable. Il y a quelques jours, la RAM a ouvert une nouvelle ligne Casablanca-Boston avec toute la logistique et les investissements que cela suppose. La décision d'ouvrir une ligne repose évidemment sur des paramètres et des données du marché qui laissent supposer un minimum de rentabilité. Pour le cas de Boston, capitale de l'Etat du Massachusetts, il se trouve qu'elle accueille une forte communauté marocaine. Pourtant, aucune autre compagnie aérienne américaine n'aurait pris cette initiative quand bien même le potentiel est avéré. C'est bien pour cela que la RAM a dû assumer son statut de compagnie nationale censée assurer le service public. Dans le cas d'espèce, il y a une heureuse conjonction de facteurs qui fait que le service public est en même temps commercialement payant. Mais quand une telle alchimie n'est pas possible, c'est à l'Etat actionnaire et aux élus qui légifèrent d'assumer leur part du contrat. Or, à ce jour encore, justement, ni l'Etat ni le Parlement ne semblent vraiment pressés de signer le contrat programme censé donner à la RAM les moyens de sa mission.