Plus de 600 personnes viennent de se voir notifier de la part du Conseil national des droits de l'Homme les décisions définitives qui leur rendent justice dans le cadre de l'Instance équité et réconciliation (IER). Leurs dossiers étaient en suspens depuis plusieurs années pour manque de documents et de preuves. Les bénéficiaires pourront désormais recevoir leurs indemnités pour un volume de 87 millions DH. Mais au-delà de l'aspect pécuniaire, certes important, c'est surtout l'aspect moral et hautement symbolique du dossier qu'il faut retenir. Car une fois tous les dossiers des années dites de plomb instruits, traités et clôturés, la juridiction inventée pour la circonstance, en l'occurrence l'IER, devra naturellement cesser d'exister car sans objet. Mais au passage, et c'est le plus important, l'épisode IER aura permis d'instaurer et d'institutionnaliser au Maroc la notion de la responsabilité imprescriptible de l'Etat dans le temps et dans l'espace. La preuve, malgré des dossiers incomplets et surtout la grande difficulté à reconstituer des événements et faits remontant à plusieurs décennies, les instances en charge de ces affaires ont continué à travailler pour que la vérité et la justice soient rétablies au profit des 600 bénéficiaires concernés. Maintenant qu'il est définitivement réconcilié avec une période trouble de son histoire et surtout renforcé de cette courageuse épreuve sociétale, le Maroc apaisé peut et doit envisager son avenir avec sérénité et détermination.