La visite qu'a effectué lundi le chef de la diplomatie allemande en Algérie était en grande partie motivée par l'affaire des 31 touristes portés disparus dans le Sahara. Berlin veut être fixé sur le sort de ses 15 ressortissants. Coupant net avec les récentes rumeurs faisant état de frictions entre les deux pays, le ministre allemand des affaires étrangères Joschka Fischer a tenu à remercier, dès son arrivée dans la capitale algérienne, le gouvernement « pour ses efforts déployés afin de trouver une solution » à l'affaire des 31 Européens portés disparus dans le Sahara. « Nous continuerons à avoir entièrement confiance dans la bonne coopération avec les autorités algériennes et il est important pour nous de pouvoir faire rentrer dans les meilleurs délais sains et saufs nos compatriotes », a ajouté M. Fischer. Le responsable allemand a été reçu lundi matin par son homologue algérien Abdelaziz Belkhadem avant une rencontre prévue avec le président Abdelaziz Bouteflika. Cette visite n'a pas pour unique sujet ces mystérieuses disparitions puisqu'elle s'inscrit dans le cadre d'une tournée maghrébine. Mais Joschka Fischer entendait surtout discuter du sort de ses « compatriotes » et de l'avancée des recherches. La presse allemande a largement spéculé ces derniers jours sur le fait que des négociations étaient en cours avec d'éventuels preneurs d'otages pour obtenir leur libération. Jeudi dernier, l'Hebdo suisse avait par exemple écrit que tous les touristes étaient « vivants » et faisaient « l'objet d'une rançon ». C'est aussi ce qu'Alger avait annoncé un peu plus tôt par la voix de son ministre du Tourisme, avant de se rétracter par le biais de son ministre de l'Intérieur ! L'hebdomadaire Focus paru lundi a encore assuré que les touristes avaient été localisés, mais que l'Algérie refusait toute « ingérence » allemande pour les libérer. Alors que, toujours selon le support allemand, les ravisseurs souhaitent négocier directement avec Berlin, qui a déjà envoyé en avril une unité allemande spécialisée dans la lutte contre le terrorisme, sur le terrain. Cette information vient corroborer celle du magazine Der spiegel qui a récemment fait état d'une lettre adressée par le chancelier allemand Gerhard Schröder au président algérien… et restée sans réponse ! Le Matin a de son côté souligné lundi que Berlin a déjà exprimé officiellement ses réticences à toute action militaire, conduite seulement par l'armée algérienne, pour la libération des touristes. Toujours d'après le quotidien, plusieurs gouvernements européens commencent d'ailleurs « à s'impatienter à propos de cette disparition, qui a trop duré, entourée de plus en plus du silence ». La gestion par Alger de cette affaire a en effet été ternie par un manque de communication flagrant et par des contradictions dans les déclarations officielles. Les touristes - 15 Allemands, 10 Autrichiens, quatre Suisses, un Suédois et un Néerlandais – voyageaient sans guide en sept groupes séparés, à bord de véhicules tout terrain lorsqu'ils ont disparu. Certains depuis le 19 février.