Abdellah El Herrif, secrétaire national d'Annahj Addimoucrati (La Voie démocratique), réagit aux opérations-suicides de Casablanca. ALM : Quelle est votre première réaction par rapport aux attentats du vendredi dernier ? Abdellah El Herrif : Ce genre d'attentats est inadmissible. Nous ne pouvons que condamner ces attentats terroristes qui touchent des citoyens innocents. Cependant, ces actes s'expliquent au vu du cadre global dans lequel ils se déroulent. D'une part, nous considérons que l'émergence de ces courants intégristes et extrémistes n'est que le fruits amer des encouragements et du soutien de l'impérialisme et des régimes du monde arabe et musulman, dans le but de les utiliser dans la lutte contre le communisme et toutes les forces progressistes. L'extrémisme religieux traite d'apostats les régimes arabes et musulmans et tire ses racines du fondamentalisme le plus extrême et trouve son terreau dans l'accumulation de la haine générée par la pauvreté, la marginalisation, le désespoir et l'injustice dont la responsabilité incombe aux systèmes politiques et socio-éconmiques. Cette haine s'est approfondie du fait de l'agression impérialiste et barbare perpétrée à l'encontre des peuples afghan et irakien, et le génocide perpétré par le sionisme contre le peuple palestinien. A cela s'ajoute le fait que la matrice idéologique du fondamentalisme porte les germes de cet extrémisme violent et terroriste. Que faire alors pour combattre le terrorisme ? Ennahj Addimoucrati considère que pour affronter le despotisme, la pauvreté et l'arrogance impérialiste, il ne faut pas recourir à des attentats terroristes qui seront utilisés par la réaction marocaine et les appareils sécuritaires pour resserrer l'étau de la répression et remettre en cause les acquis partiels dans les domaines des droits de l'Homme. Par contre, il faut organiser les masses laborieuses et leur mouvement de lutte dans la perspective de la construction de leurs organisations politiques autonomes exprimant leurs intérêts à court et à long termes. Mais, il s'agit de groupuscules qui n'ont rien à voir avec les mouvements de masse, donc auxquels on ne saurait appliquer la thèse du vide politique. Qu'en dites-vous ? Le vide politique est un fait. Les partis traditionnels se sont trop compromis avec le pouvoir et n'arrivent plus à encadrer les masses populaires, alors que les forces démocratiques radicales sont divisées et peu enracinées au sein des masses. Qu'en est-il des perspectives d'actions à court terme ? Pour les forces démocratiques réelles, il n'y a pas d'autre alternative que de s'unir autour d'un programme qui vise à réaliser trois objectifs, à savoir la mise en place d'une démocratie réelle, la lutte contre les répercussions dévastatrices du libéralisme sauvage et le combat contre l'arrogance et l'hégémonie impérialiste, en particulier, américaine. Mais, certaines forces démocratiques acceptent trop de compromis sinon de compromission concernant ces trois combats.