«Il a passé sa vie au service des arts de la parole au Maroc depuis sa tendre enfance. Il travaillait sans relâche et sans attendre de contrepartie». Il n'y a pas mieux qu'un élève pour parler d'un chantre de son vivant. L'artiste marocain Said Meftahi, lui, fait partie des chanteurs du Malhoun reconnaissants à leur maître feu Ahmed Souhoum. Pour lui, le défunt, décédé récemment, est, «sans conteste, un leader du Malhoun». «Il a passé sa vie au service des arts de la parole au Maroc depuis sa tendre enfance. Il travaillait sans relâche et sans attendre de contrepartie», se remémore l'artiste à propos du regretté. En fait, la démarche de l'artiste disparu était entreprise par amour à la rhétorique, l'histoire du pays et sa marocanité. «Il était également passionné pour des causes humaines qu'il a traitées dans sa poésie», exalte M. Meftahi. Selon l'interlocuteur, Feu Souhoum était également un grand pionnier en mémoire et en poésie dans les émissions culturelles. Il avait aussi le sens de la «créativité» et le don de «Lgueriha» comme l'indique l'artiste qui a énormément appris du défunt. «Il a appuyé plusieurs personnes dans leur parcours et j'en fais partie», assure l'intervenant qui indique que le chantre disparu était ouvert sur plusieurs styles musicaux et projets. Récemment, le regretté en avait un. Hélas, le destin était plus fort. «Il détenait un rôle dans une épopée consacrée au Malhoun et réalisée par Abdelmajid Fennich. J'aurais aimé que sa vie soit longue pour pouvoir y participer», s'exprime l'artiste qui évoque d'autres réalisations. Ainsi, le défunt, dont la parole était assez fluide et sincère, a contribué à l'œuvre «Maâlamat El Fassi». Il a également participé activement à la création du congrès dédié au Malhoun en 1970 à Marrakech et il a connu tous les courants et les écoles de cet art dont celle de Keddour El Alami. «A lui seul, Feu Souhoum est père des écoles», qualifie M. Meftahi. A propos du célébrissime poème «Chemâa» (Chandelle), cet artiste précise que le Cheikh disparu n'en est pas l'auteur. «C'est une œuvre qui appartient au poète Ben Ali Oueld Rzine qui l'a créée. Il est vrai que d'autres chantres l'ont interprétée mais Feu Souhoum en a explicité la teneur». Par l'occasion, le défunt avait abordé dans ses poèmes d'autres sujets à l'instar du racisme, de la femme comme l'indique l'interlocuteur qui ne manque pas d'exprimer son amertume. «J'aurais aimé que les adieux, qui ont coïncidé avec le temps de corona, soient différents», regrette-t-il. La vie est ainsi faite. Mais qu'en est-il du flambeau ? «J'ai grand espoir en son fils, Hassan. C'est Souhoum junior. Il a la même énergie vocale. Il a des poèmes qui ne sont pas encore publiés et des œuvres qui m'ont épaté», conclut-il.