La décision est tombée mercredi 5 octobre. Mohamed Telabi est suspendu de ses fonctions de directeur de la cité universitaire de la route d'El Jadida. Ce limogeage est intervenu suite à des affrontements entre étudiants qu'il aurait lui-même encouragés. Mohamed Telabi vient d'être démis de ses fonctions de directeur de la cité universitaire de la route d'El Jadida à Casablanca. La décision est tombée mercredi 5 octobre, soit deux jours après le déplorable incident survenu dans ladite cité. En effet, la soirée du lundi 3 octobre a été marquée par de violents affrontements entre les étudiants d'origine sahraouie, berbère et autres étudiants membres du conseil des résidents de la cité universitaire. Des personnes étrangères à la Faculté, des hommes originaires des provinces du sud, venus de Rabat selon une source estudiantine, ont effectué, vers 21 heures, une descente à la cité universitaire, armées de sacs remplis de pierres et de bâtons. En un clin d'œil, la cité est devenue le théâtre d'une confrontation d'une rare violence entre les étudiants, tous emplis de haine. «Nous étions dans la cour ce soir-là. Les nervis du directeur ont commencé à jeter les pierres sur les étudiants. A ce moment-là, un groupe d'une cinquantaine d'hommes étrangers à la cité sont entrés en usant de la force. Pierres, bâtons, coups de poing et de tous les moyens possibles de combat. Ils ont saccagé les chambres, les vitres», affirme Abderahman Idouissi, étudiant à la troisième année « Etudes françaises » à la faculté des lettres de la route d'El Jadida. Et d'ajouter : « Les affrontements étaient très violents. Plusieurs personnes ont été blessées». La police est intervenue plus tard pour maintenir l'ordre. Les Renseignements Généraux (RG) de Hay El Hassani ont arrêté 46 étudiants sahraouis et berbères. Ils ont été conduits aux locaux de la police. Ils seront librérés par la police après avoir été interrogés. Par ailleurs, douze autres étudiants et cinq agents de la cité ont été blessés. Nombreux sont ceux qui ont subi des fractures aux bras. “Le directeur de cet établissement universitaire est tenu pour responsable de la détérioration de la situation”, confie un groupe d'étudiants. Les grands problèmes qui sévissent dans la cité sont visiblement le corollaire de la mauvaise gestion. La politique adoptée par la direction, considérée comme révolue, sème la zizanie entre les étudiants. «Les résidents de la cité universitaire de la route d'El Jadida sont exposés à des agissements et à des actes despotiques et arbitraires. Le directeur provoque les étudiants par ses comportements souvent agressifs. Ses sbires nous rendent la vie très difficile. Ils font tout pour monter les uns contre les autres. Ils fouillent nos chambres, volent nos affaires et tentent de créer une ambiance tendue au sein de la cité. Résultat, dégénération de la situation en conflits entre les étudiants. C'est une véritable incitation à l'extrémisme et à la désocialisation», s'indigne l'étudiant I. Abderahman. «Outre les agressions et provocations en continu contre les Sahraouis et les «chleuhs», le directeur de la cité dilapide les deniers publics», accuse-t-il. Dans la cour, les uns accusent les autres de bénéficier de certains privilèges de la part de l'administration. Selon certains étudiants, nombreuses sont les personnes qui occupent des chambres sans être inscrites à l'université. Pire encore, des résidents s'adonnent à la contrebande. Cette suspension intervient donc dans le but d'assainir le climat d'une enceinte universitaire en proie à un malaise très profond et entretenu depuis longtemps.