Avec sa djellaba grise et son foulard blanc orné de roses, cette mère de trois enfants se tient au box des accusés, à la chambre correctionnelle près le tribunal de première instance. Le magistrat l'interroge sur l'accusation qui lui est attribuée, à savoir l'escroquerie. Mais, sans trop penser, ni hésiter, elle se disculpe catégoriquement. En effet, cette femme âgée de quarante-trois ans nie avoir même rencontré ses victimes. «Je ne les ai jamais vues», assure-t-elle devant le tribunal. Alors que quatre de ses victimes ont précisé lors de la présentation de leurs témoignages qu'elles l'ont rencontrée dans un café dont elles ont révélé le nom. Au contraire, la mise en cause affirme qu'elles n'ont qu'un seul objectif, à savoir l'envoyer en prison, sans expliquer la raison. «Il s'agit d'un coup monté par ces personnes que je n'ai jamais connues», ajoute-t-elle. Quant aux victimes, qui sont toutes des jeunes femmes, elles sont unanimes à affirmer que la suspecte a promis de leur rendre plusieurs services en contrepartie de sommes allant de vingt à trente mille dirhams. Ainsi ce fils en chômage depuis l'obtention de sa licence décrocherait un emploi dans un établissement public, un autre qui purge une peine d'emprisonnement bénéficierait de la grâce royale. Quant à la troisième et la quatrième, elle leur a ouvert les portes de l'Eldorado. En vérité elles sont tombées dans les filets d'une arnaqueuse qui a déjà purgé une peine de six mois de prison ferme pour le même motif. Les plaintes ont été portées contre elle auprès du procureur du Roi qui a donné ses instructions pour qu'une enquête soit diligentée. Les investigations policières ont duré quelques semaines. La suspecte a finalement été identifiée et arrêtée. Devant les enquêteurs de la PJ, elle a avoué ses méfaits. Après les délibérations, le tribunal l'a jugée coupable d'escroquerie avec récidive et l'a condamnée à dix-huit mois de prison ferme.
