Si fort, si bien qu'elle a affirmé que le défunt Roi, décédé en 1999, a, je cite, «changé sa politique envers les mouvements islamistes après le 11 septembre 2001». La salle en a ri. Voir cheikha Nadia Yassine à Barcelone et revenir. Pas de mauvais procès s'il vous plaît, car cheikha ce n'est guère péjoratif, mais juste le féminin du titre que porte son illustre père, cheikh du même nom. Cheikha Nadia donc s'est emmêlée les pattes, pour ne pas parler des jambes, dans la capitale catalane. Intervenant dans le cadre d'une conférence sur «Les mouvements d'inspiration islamique et participation politique», elle a oublié le sujet pour fantasmer sur l'objet de ses fascinations, feu Hassan II. Si fort, si bien qu'elle a affirmé que le défunt Roi, décédé en 1999, a, je cite, «changé sa politique envers les mouvements islamistes après le 11 septembre 2001». La salle en a ri. Elle, elle n'en a même pas rougi. C'est vrai, tout le monde peut se tromper, mais pour comprendre la méprise, il faut revenir à la grippe espagnole appliquée à la chose politique. C'est mortel. De la même manière que cette grippe a conduit une association sahraouie à faire de Yassine Mansouri, patron de la DGED, un responsable de la sécurité à l'âge de dix ans, elle a amené la fille de son père à attribuer à Hassan II une action posthume. Ce que pourrait en penser le juge Garzon, on en a rien à cirer. Néanmoins, il y a deux façons d'appréhender ce cas, pas plus : Nadia Yassine est une marocaine, elle est fêlée, le Polisario l'étant tout autant, les gens du Polisario sont donc des Marocains. Ou le Polisario est séparatiste et fêlé, Nadia Yassine étant aussi aliénée, Nadia Yassine est donc séparatiste. On lui laisse le choix dans ce genre de logique mathématique étudiée au secondaire. Pour autant ne cherchez pas à comprendre, dans le conflit du Sahara comme avec les islamistes, la clé du secret n'est pas le bon sens. Le sens de la pondération. L'idée de l'affiche de la prévention routière n'est pas mauvaise. Les bandes du passage piéton érigées symboliquement en mur de protection pour les non automobilistes est éloquente. C'est exactement ce qu'elles devraient être pour les passants contre des chauffards presque aussi nombreux que les permis de conduire délivrés au Maroc. C'est fort malheureusement ce qu'elles ne sont pas. Les choses étant ce qu'elles sont, on n'évoquera même pas le civisme pour inciter des conducteurs désespérants à une conduite moins incorrecte. Même si l'on sait qu'un automobiliste cédant le passage à un piéton est un signe extérieur du développement éducationnel d'un pays. Fort heureusement, le PNUD ne retient pas parmi ses indices du niveau de développement humain d'un pays les comportements de ses chauffards. Autrement, où serait-on dans son classement ? Curieuse attitude d'ailleurs que celle de nos automobilistes. Je ne dirai pas que chaque Marocain a une voiture, mais j'affirmerai sans risque qu'exactement de la même manière qu'un militaire est un civil en uniforme, tout conducteur de voiture est un piéton au volant. Elémentaire, mon cher Lapalice. Mais il y a tout de même à réfléchir pour découvrir pourquoi un automobiliste tapi dans le confort de son véhicule oublie sa condition première et dernière. Le conducteur au volant de sa voiture râlera contre l'indiscipline du piéton qui, redevenu automobiliste, jurera contre l'incivisme du piéton qui était automobiliste qui, redevenu piéton, traitera de tous les noms le piéton qui a regagné sa condition d'automobiliste. Là aussi, il n'y rien à comprendre, c'est aussi chaotique que la circulation au Maroc. Le problème est un manque de congruence. Il touche quasiment tous les Marocains et s'illustre particulièrement, selon la croyance populaire, dans nos élites politiques. On appelle cela communément le décalage entre le discours et l'acte.