Alger a protesté mercredi contre des propos sur le pays prêtés au consul marocain à Oran dépeignant l'Algérie comme «pays ennemi». des déclarations intempestives que le concerné a démenties alors que la machine diplomatique côté algérien, s'est emballée, faisant fi de l'esprit du temps. L'Algérie a protesté, mercredi 13 mai, contre des propos sur le pays attribués à Aherdane Boutaher et diffusés en boucle sur les réseaux sociaux. Une réaction irraisonnée qui accentue le dissentiment qui sépare les deux pays malgré le changement à la tête du régime fin 2019. L'Algérie est un «pays ennemi, on le sait», aurait déclaré à Oran, Aherdane Boutaher, devant une dizaine de ses compatriotes bloqués dans l'Algérie depuis la suspension des liaisons aériennes vers le royaume, et qui se sont amassés devant les locaux de sa représentation diplomatique. Des propos non vérifiés qui ont immédiatement déclenché une volée de réactions dans les milieux algériens. L'Algérie, exemple de la bienveillance universelle comme on le sait, et qui semble ne pas avoir épuisé tout son venin sur la question marocaine, a donné une nouvelle fois une marque décisive de la sincérité douteuse de ses intentions et de ses promesses pour améliorer ses relations avec son voisin. L'esprit turbulent des autorités algériennes s'est donné libre carrière pour dénoncer des bruits perfides non vérifiés. Qu'on se rappelle d'abord, avant d'attaquer un fonctionnaire marocain à propos de paroles démenties, les déclarations antérieures du général major Saïd Chengriha, chef d'état-major par intérim de l'Armée nationale populaire, gardien du «système» honni au pouvoir à Alger. Le général major a affirmé lors d'un exercice militaire en 2016, que le Maroc est ennemi «des peuples algérien et sahraoui (sic!)». Pas un instant, les responsables et hauts gradés algériens ne se sont lassés d'épier l'occasion pour dénigrer le royaume. Dans un chœur bien réglé, ils ouvrent la bouche au signal et chantent à la baguette leur inimitié à l'égard du Maroc. Un mot magique circule d'autant plus fort qu'ils feignent de le retenir : « ennemi ». Autour de lui s'agrègent et se cristallisent toutes les frustrations. Des gens de cour, des politiques, des officiers en uniforme ont pris d'assaut toutes les tribunes pour dénigrer les fondements de l'identité marocaine. En un mot, de hauts responsables attaquent, sans se soucier des impairs diplomatiques, sans démentir, sans s'excuser. Dans d'autres extraits destinés à la consommation intérieure afin de maintenir l'esprit public en léthargie, Abdelaziz Medjahed, général algérien à la retraite, a déclaré dans une émission radiophonique, que l'Algérie post-Bouteflika «n'a d'autre antagoniste que le Maroc», ajoutant que l'Algérie «est tenue de faire de bons choix dans les pays alliés et amis, mais aussi dans les pays partenaires du régime». Selon lui, «le Maroc menace la stabilité de toute la région, et l'armée algérienne doit être à la hauteur de sa vigilance». Une vraie déclaration de guerre dégagée des circonlocutions inutiles qui sont le fond de commerce de la diplomatie algérienne. Elle l'est d'autant plus que la force de ce général est que son emprise est restée manifeste sur l'armée même après sa retraite. Encore une fois, des propos de hauts gradés algériens sans commune mesure avec la « dangerosité » des paroles faussement attribuées à un fonctionnaire marocain et que les Algériens continuent de dénoncer aujourd'hui . L'animadversion envers le Maroc ne s'arrête pas aux militaires. En octobre 2017, l'ancien chef de la diplomatie algérienne, Abdelkader Messahel, a déclaré, lors de l'université d'été du Forum des chefs d'entreprises et devant un parterre d'entrepreneurs réunis à Alger que «la Royal Air Maroc achemine autre chose que des passagers, et cela tout le monde le sait». Une plainte avait été déposée quelques semaines après, auprès du doyen des juges d'instruction du tribunal de grande instance de Paris. Le sommet de l'Etat algérien n'est pas en reste. Invité à un forum médiatique, le vainqueur mal élu de la présidentielle contestée du 12 décembre 2019, pourfendu par le puissant mouvement de contestation populaire, Abdelmadjid Tebboune, a considéré que «des citoyens algériens avaient été ciblés par les autorités marocaines après l'attentat terroriste de 1994 ayant visé un hôtel à Marrakech [Atlas Asni]. Personne assurément n'aurait accordé le moindre crédit à celui qui, il y a quelques mois, aurait annoncé une nouvelle orientation de l'Algérie dans les questions relatives à ses voisins sans tenir parole. Le Maroc, dont la résolution de ne pas s'immiscer dans les affaires intérieures de l'Algérie est une valeur constante, laissant aux composantes du peuple algérien le soin de vider seules leur querelle. Alors que la conciliation de la liberté avec l'ordre est un rêve lointain pour les dirigeants du régime, le peuple algérien refuse d'être traité un mineur. Le plus beau cadeau que le régime algérien puisse offrir à son peuple et à toute la région du Maghreb dans les circonstances difficiles et de plus en plus complexes qu'il traverse, c'est de s'asseoir autour de la table de négociation avec le Maroc pour régler tous les différends artificiels et internes, avec l'intention réelle de réconciliation et d'écrire une nouvelle page dans les relations des deux pays basée sur la confiance et l'honnêteté. Le meilleur exemple d'un tel bénéfice étant celui de la France et l'Allemagne, deux pays devenus les alliés les plus grands et les plus puissants de l'Union européenne, après plusieurs guerres et piques à travers l'histoire.